Comme toujours, c’est une véritable armée d’auteurs qui s’est attaquée à ce sixième opus du “Sang du Dragon”. Scénario, dessin, encrage, couleur, couverture… chaque membre, spécialiste dans son domaine, prend en charge une partie de l’ouvrage. Un gros travail d’équipe ! Cependant, cette collaboration reste un travail de passionnés, d’habitués. A chaque épisode, seul un ou deux nouveaux membres viennent compléter l’équipe, qui conserve ainsi son noyau dur. Depuis 2005, date de parution du premier tome, le scénariste et la coloriste sont restés maîtres de la saga. Mais qui est cette équipe justement ?
Tout d’abord, la série a été créée par Jean-Luc Istin, au scénario, et Guy Michel au dessin. Le premier album est sorti au bon moment, à l’époque où les aventures de pirates et les contes celtiques intéressaient les foules. Le succès de cet album réussi fut immédiat. Le breton Jean-Luc Istin est aujourd’hui le directeur de la collection Soleil Celtic et reste le scénariste d’une multitude d’albums édités chez Soleil. Guy Michel met maintenant son talent au service d’autres éditeurs que Soleil, mais le thème de ses projets graphiques demeure la voile et la Bretagne. A la colorisation, Sandrine Cordurié participe à la série depuis ses débuts.
Au fil des tomes et des années, l’équipe s’étoffa, évolua. Depuis le précédent opus, Guy Michel a laissé sa place à Stéphane Créty, qui assure la continuité avec brio. Il faut dire que Stéphane Créty travaillait déjà sur la série “Hannibal Meriadec”, le spin-off de la saga “Le Sang du dragon”. Le lettrage, puis l’encrage furent peu à peu laissés entre les mains de spécialistes. Depuis le tome 5, Julien Hugonnard-Bert officie à cette tâche.
Mais est-ce que ce travail d’équipe, de professionnels reconnus, est suffisant pour nous proposer un album de qualité ?
Et bien oui. Incontestablement.

La série tire parfois sur les longueurs, étoffant les quêtes secondaires, les flash-backs et les aventures annexes. Pourtant, elle reste captivante. Chaque volume offre son lot de rebondissements crédibles, de descriptions qui enrichissent intelligemment la trame principale. Malgré ces nombreuses convolutions, les ouvrages successifs nous emmènent, petit à petit, vers une conclusion pensée depuis longtemps. Les pièces du puzzle s’assemblent au fil des planches. Ce sixième numéro constitue d’ailleurs une étape importante dans le récit. Le capitaine Hannibal Mériadec s’apprête enfin à s’immerger dans le « sang du dragon », cette substance magique qui rend invulnérable celui qui s’en enduit. Toutes ces années passées à préparer sa vengeance, contre ceux qu’il estime responsable de la mort de sa mère, reçoivent enfin leur récompense. Le capitaine a rendez-vous avec son destin, et ce n’est certainement pas le comte de Cagliostro qui va l’en empêcher.
Les événements s’enchaînent à un rythme effréné. La lecture est haletante, à l’image du découpage de ces planches, particulièrement dynamique. Les plus critiques pourraient d’ailleurs regretter la brièveté de certains moments clés, comme le duel Meriadec/Cagliostro tant attendu.
La mise en page est un exemple du genre. Presque un cas d’école, laissant la part belle à la contemplation des décors. Les scènes d’actions et de piraterie, un poil sanguinolentes, ne souffrent aucunement de la comparaison avec les meilleurs films du genre. Mention spéciale à la localisation des bulles. Bien qu’elles soient nombreuses, et a priori posées de façon anarchique, la lecture est étonnement intuitive. Les échanges entre les protagonistes se suivent de façon parfaitement claire et limpide. Un régal de lecture !

Une fois encore, Istin base son scénario sur quelques faits historiques ou des légendes populaires. Par exemple, le comte de Cagliostro a réellement existé à la fin du XVIIIème siècle. Cet individu mystérieux se vantait de posséder l’eau de Jouvence. Dans ce sixième épisode, le personnage cagoulé pourrait bien s’inspirer d’un célèbre mystère historique… Ce travail de recherche crédibilise ce récit fantastique.
Selon les auteurs, ce sixième opus conclu un premier cycle des aventures de Meriadec.
Cet album pourrait d’ailleurs constituer la fin de la série, mais la soif de vengeance du capitaine-sorcier n’est pas si aisément assouvie. Meriadec veut frapper plus haut et plus fort. De retour dans le monde des hommes, les pensées du capitaine du Mac Lir se tournent vers une seule direction : Versailles. L’affrontement avec Louis le quatorzième est maintenant inévitable. Mais cet ultime combat ne constituera sans-doute pas la fin de l’histoire. Comme le dirait Benjamin Parker : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités »…
(T6) Vengeance
Série : Le Sang du Dragon
Scenario : Jean-Luc Istin
Dessin : Stéphane Créty
Encrage : Julien Hugonnard-Bert
Couleurs : Sandrine Cordurié
Couverture : Stéphane Créty et Nicolas Demare
Création de l’univers et des personnages : Jean-Luc Istin et Guy Michel
Éditeur : Soleil Prod
Collection : Soleil Celtic
Dépôt légal : 17 octobre 2012
Format : 234 x 323 mm
Pagination : 48 pages couleurs
ISBN : 978-2-3020-2262-1
Prix Public : 13,95 €
A lire sur la Yozone :
Le Sang du Dragon (T3) Au Nom du père
Le Sang du Dragon (T4) L’Enchanteur Iweret
Hannibal Mériadec et les larmes d’Odin (T1)
Hannibal Mériadec et les larmes d’Odin (T2)
Illustrations © Créty et Soleil Productions (2012)