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Bingo le Posstit ou Par ici la monnaie
Adam R.R.R. Roberts
Milady, Humour, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), parodie, 319 pages, novembre 2012, 7,10€

Bingo est un Posstit, et vit dans son trou de compost, peinard, jusqu’à ce qu’une grande andouille de magicien sourd comme un pot débarque avec une douzaine de nains et l’embarque, après force abus de boissons, soit-disant voler de l’or à un dragon à l’autre bout de la Terre du Milieu du Haut...
Vous aussi, ça vous rappelle quelque chose ?



Milady joue à fond la carte de la dérision déjà affichée par l’auteur, à savoir profiter au maximum de la notoriété de l’œuvre de Tolkien et de ses nouveaux avatars, comme l’adaptation de « Bilbo le Hobbit » en 3 films par Peter Jackson, premier épisode début décembre 2012.
L’auteur ne s’en cache pas, ce livre a été écrit pour faire du pognon, le plus ignominieusement du monde. C’est une récidive sans circonstances atténuantes après Lord of the Ringards, publié également par Bragelonne / Milady.
On notera que de « Bingo » gagne en épaisseur par rapport à la parodie précédente : un comble ! Mais heureusement, il y gagne également en qualité, aussi incroyable que cela paraisse.
Les fans de Tolkien seront aux anges, car Adam Roberts suit quasi scène par scène les aventures de Bilbo : la rencontre avec les nains, le départ, les trolls, les loups, l’homme des bois polymorphe, les énigmes dans le noir, la forêt aux araignées, l’évasion en tonneaux... et l’arrivée au pied de la montagne du dragon.
Bien évidemment, vous vous en doutez, les choses ne se passent pas exactement comme chez Tolkien. Mais presque ! Parfois, cela ne tient qu’à un cheveu : les tares des héros de cette quête ne font rien pour aider. La surdité de Glandalf, et ses quintes de toux de fumeur invétéré, les douleurs plantaires de Bingo... Les « méchants »ne sont pas en reste, et on sent l’esprit british affleurer régulièrement. Entre les trolls de pierre qui s’habillent en femmes et dont le sexe est en fait indéterminé et les araignées gauchistes organisées en mouvement ouvrier démocratique (ça ne vous rappelle pas un certain château de Sacré Graal ?), la bande de zéros, dont une grande partie a le handicap d’une barbe touffue multi-usages un peu encombrante, se fourre dans d’inénarrables pétrins, et il faudra toute la dangereuse magie de l’Ann.. du Truc (marque déposée) pour les en sortir.
Bon, disons-le, la finesse n’est pas toujours de mise, néanmoins l’humour ne tombe jamais en-dessous de la ceinture (la faute à une absence de femmes ?) ni dans une quelconque vulgarité. L’intelligence est presque l’atout majeur de Bingo (face à des ennemis retors, dont l’affreux philosophe Phyllum et ses énigmes dont Michel Onfray resterait bouche bée) et un sens de la répartie qui peut faire merveille. Enfin, parfois...

La dernière partie, arrivé au pied de la montagne, est sans doute la meilleure : Roberts se détache habilement de Tolkien pour proposer une autre raison à cette quête, sans cependant nous priver d’une bataille finale titanesque : dix, vingt mille Gloublins contre l’alliance des Quatre Célèbres Armées : 500 elfes, 500 hommes, 5.. nains (oui, il y a eu des pertes en route, avec toutes ces bêtises) et 1 mil..., euh, non, 1 posttit.

On passera sans sourciller sur les quelques coquilles de l’ouvrage, notamment sur la carte, pour saluer le travail du traducteur Karim Chergui, car même si les jeux de mots sont plus rares que dans « H2G2 », il a su adapter certaines références (dont une ode à la bière sur le “Foule sentimentale” d’Alain Souchon dont on regrette de n’avoir qu’un extrait).

Sans être un chef-d’œuvre, typiquement british jusque dans ses lourdeurs et ses faiblesses (à nos yeux de Français), ce « Bingo le Posstit » se laisse agréablement lire, car la parodie ne devient pas pure moquerie, et on sent un plus grand travail que sur « Lord of the Ringards ». La fin alternative suscitera l’intérêt pour la bibliographie « sérieuse » de l’auteur (comme « Gradisil », chez Bragelonne).

Si vous n’avez pas peur de vous faire lyncher dans les files d’attente de votre cinéma, un petit bouquin pour patienter jusqu’à votre siège rembourré, qui ne promet pas monts et merveilles mais qui finalement, surprend agréablement.


Titre : Bingo le Posstit ou Par ici la monnaie (The Soddith or let’s cash in again, 2003)
Auteur : Adam « R.R.R. » Roberts (un « R » de plus aurait été de trop)
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Karim Chergui (bravo à lui !)
Couverture : Paul Mafayon (il donne le ton du début !)
Éditeur : Milady (édition originale : Bragelonne, 2007)
Collection : Imaginaire / Humour (nan, celle-ci existe pas. Pourquoi pas Eau de Rose aussi ?)
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 319 (avec les annexes)
Format (en cm) : 11 x 18 x 1,8
Dépôt légal : novembre 2012 (que ce serait pour sortir avant le film que ça m’étonnerait pas...)
ISBN : 9782811108639
Prix : 7,10 € (pas plus cher qu’une place de ciné !)



CITRIQ


Nicolas Soffray
28 novembre 2012


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