La série a été lancée en 2005 sous le titre “Le Voyage d’Esteban”. Le troisième tome est paru en 2009. Pour relancer l’intérêt du public, Dupuis a eu la bonne idée de proposer en juin 2012 les trois premiers volumes dans une édition légèrement améliorée. La série s’intitule maintenant “Esteban”. Ce quatrième épisode, “Prisonniers du bout du monde”, débarque juste après la sortie de ces rééditions.
Dans cette série, Esteban, un jeune indien orphelin de douze ans, réalise son rêve : embarquer à bord d’un baleinier et devenir harponneur. Impressionné par sa ténacité et son courage, le commandant du Léviathan l’engage comme mousse et le voilà parti vers le cap Horn. Il va découvrir la vie à bord du baleinier, la rudesse des marins, malgré tout solidaires, et l’austérité de cet univers.

A la lecture de ce quatrième tome, on comprend pourquoi le mot « Voyage » a été supprimé du titre de la série. Il n’est plus question ici de longues traversées, de chasse aux cétacés, de vagues déferlantes ou de navigation hasardeuse. Cette aventure se passe dans un environnement particulièrement clos : le terrible bagne d’Ushuaïa. En 1901, les cellules de cette prison sont notamment occupées par les membres d’équipage du Léviathan, injustement accusés de piraterie. Après un rapide retour chez les siens, en Bolivie, le jeune garçon, poussé par son goût de l’aventure, reprend le chemin de la Patagonie avec la ferme intention de libérer ses amis. Mais la tâche ne s’annonce pas aisée. Le camp est très bien gardé, même le capitaine du baleinier a raté son évasion. Une seule solution s’offre alors au jeune bolivien. S’il ne peut pas libérer ses amis depuis l’extérieur de la prison, il le fera de puis l’intérieur. Il se fait donc enrôler en tant que jeune gardien. Pas facile de secourir ses camarades quand on est sensé les surveiller et les battre… Esteban va alors découvrir les dures lois de cette prison gérée par les militaires argentins, celle des brimades et des sévices gratuits.

Le scénario est assez classique. Néanmoins, il reste crédible et captivant, enrichi par une psychologie des personnages assez fine. Sans caricature, Matthieu Bonhomme nous présente des geôliers à la fois durs et paternalistes pour le jeune garçon, une femme de directeur malade, éthéromane et isolée…
Le dessin, également de Matthieu Bonhomme, est à l’image du scénario : simple et efficace. Certes, les décors ne regorgent pas de détails et les arrières plans sont souvent vides, mais ces graphismes servent parfaitement l’histoire. La mise en scène est percutante, servie par un cadrage classique mais efficace. Les couleurs de Delphine Chedru mettent parfaitement en valeur les planches de ce tome.
Tout public, cet album a parfaitement sa place chez l’éditeur de “Spirou”. Ses aventures épiques et ses personnages attachants sauront ravir petits et grands. Un très bon moment de lecture.
Il aura fallu attendre trois ans pour que ce troisième épisode voit le jour. Espérons que le prochain opus ne se fera pas autant attendre.
(T4) Prisonniers du bout du monde :
Série : Esteban
Scénario : Matthieu Bonhomme
Dessin : Matthieu Bonhomme
Couleurs : Delphine Chedru
Éditeur : Dupuis
Dépôt légal : 1 juin 2012
Format : 220 x 300 mm
Pagination : 56 pages en couleurs
ISBN : 978-2-8001-4737-6
Prix Public TTC : 12,00 €
A lire sur la Yozone :
Esteban reprend la mer en juin
Illustrations © Bonhomme et Dupuis (2012)