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Mad World (T2) Holiday
Otsuichi et Hiro Kiyohara
Soleil Manga

Nao est une jeune fille qui perdit très jeune ses deux parents. Après la mort de son père, sa mère se remaria avec un homme fortuné et elle devint l’héritière des Sugawara. Malheureusement, sa mère mourut quelques années plus tard, laissant la jeune fille à son beau-père. Et malgré toute l’affection que lui montrait cet homme, Nao ne se sentait pas chez elle et testa la résistance de Sugawara, s’attendant à être renvoyée à tout moment. Mais ce jour n’arriva pas. Six ans après la mort de sa mère, Nao vit toujours dans la demeure Sugawara mais une nouvelle personne vient de nouveau rompre son harmonie : Kyoko. Son père adoptif semble vouloir refaire sa vie avec cette femme, mais Nao et Kyoko ne se supportent pas et leur relation s’envenime au point que Nao décide de fuguer.



Tout commence comme un jeu, un nouveau test pour son père. En disparaissant, Nao voulait voir s’il tenait à elle plus qu’à cette maudite Kyoko. Après quelques jours chez une amie, Nao se lasse et retourne chez son père mais elle découvre qu’il est parti faire des folies en ville avec cette femme. Tout ce qu’il fallait pour mettre Nao hors d’elle. La petite leçon ne faisait donc que commencer, mais cette fois, elle allait espionner le couple en direct, en logeant chez la plus jeune des domestiques, une jeune fille plutôt timide et maladroite, qu’elle n’eut aucune mal à convaincre de l’héberger... par un petit chantage à l’emploi bien sûr. Grace à des téléphones portables, Nao entend alors tout ce qui se dit au sein de la maison et cela ne lui convient toujours pas. Alors elle choisit de passer un nouveau cap dans son petit jeu : elle prépare une lettre annonçant à son père qu’elle vient d’être kidnappée. Mais soudain, la jeune fille perd le contrôle du jeu.

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« Mad World » est une série de trois one shots, reprenant les oeuvres originales de Otsuichi, romancier à succès et grand prix en 2003 du concours Honkaku Mystery Novel. Il est associé sur cette série au mangaka Hiro Kiyohara qui débuta sa carrière en 2005 dans le magasine Shonen Ace et travailla en 2006 sur « Mad World ».

« Holiday » nous raconte les souffrances d’une jeune fille, Nao, ayant perdu ses parents trop jeune et n’arrivant pas à admettre qu’un homme n’ayant aucun lien de sang avec elle puisse la considérer comme sa propre fille. Nous allons suivre cette recherche d’amour qu’elle a pourtant à portée de main, mais aussi cette jalousie qui va naître quand elle pense qu’elle va perdre ce même amour. Nao, vous l’aurez compris, est un personnage torturé, qui ne pense pouvoir s’exprime que dans l’opposition, le conflit, une adolescente dans toute sa splendeur. C’est un personnage paradoxal, refusant l’amour de son père adoptif mais craignant de le perdre par l’arrivée d’une possible belle-mère. Otsuichi parvient avec vraiment beaucoup de talent à capter tous ces sentiments ambivalents qui naissent chez cette petite fille qui a perdu tous ses repères avec le décès de sa mère.

L’histoire commence comme une blague potache, un test à la limite de l’Oedipe, Nao cherchant à faire virer Kyoko par son père. Mais vite, cela tourne au drame, Nao espionnant son père, découvrant quels sont ses vrais sentiments, mais à chaque fois, comme une malédiction ou un jeu de la destinée, le coeur de Nao est durci par un quiproquo, une incompréhension. Et l’histoire tourne alors au policier avec l’invention de son enlèvement, et jusqu’à la dernière planche, le lecteur ne sait trop vers quelle conclusion se dirige le mangaka : drame ou happy end ? Un suspense parfaitement maîtrisé à travers ce quasi huis clos puisque Nao ne vit les événements de la maison que par procuration, perdant par là même nombre d’informations nécessaires à la bonne gestion de son jeu de rôle. Peu à peu les masques tombent, la vérité éclate, les langues se délient et surtout les incompréhensions se lèvent mais à quel prix ?

Les dessins de Hiro Kiyohara sont de petits bijoux. Certes, les formes chibi ne sont pas toujours du meilleur gout, mais les gros plans, les décors, parfois minimalistes, parfois bien détaillés, font toute la force de cette série. Le style réaliste du mangaka est du meilleur effet et accroît l’empathie du lecteur pour la petite Nao qui est loin d’une sainte et que Hiro Kiyohara ne croque pas toujours sous son meilleur jour. Un manga loin d’être manichéen et qui reflète parfaitement le malaise de la jeune ado.

Avec « Holiday », « Mad World » nous offre un petit chef-d’oeuvre, une histoire parfaitement racontée et dessinée, sur le spleen de nos ados.


(T2) Holiday
- Série : Mad World
- Oeuvre originale : Otsuichi
- Dessin : Hiro Kiyohara
- Traducteur  : Florent Gorges
- Éditeur : Soleil Manga
- Collection : Gothique
- Format : 128x182 mm
- Pagination : 196 pages
- Dépôt légal : 24 octobre 2012
- Numéro ISBN : 978-2-30202-396-3
- Prix public : 7,99 €


© 2007 OTSUICHI © 2007 Hiro Kiyohara / Kadokawa Shoten
© Edition Soleil- Tous droits réservés



Frédéric Leray
30 octobre 2012




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