Dominique Rocher est surtout connue pour ses nombreux romans publiés (« Délire », « Le Pacte du Sang », etc,.) dans les antiques et défuntes collections Angoisse et Anticipation (« La Nuit des Morphos », n°685) du Fleuve Noir.
Elle s’est aussi bien amusée en créant le personnage de La Rouquine dans quelques bons polars tout en mettant sa plume au service de nombreuses personnalités en paralèlle, preuve ultime d’une bonne expérience du métier d’écrivain.

Infirmière de formation, Dominique Rocher n’hésite pas à utiliser ses connaissances médicales pour alimenter la véracité de ses récits. Ainsi, aussi bien dans la première longue nouvelle de ce recueil, « Les Terrasses de la Nuit », une exploration réaliste et fantastique à la fois de l’enfer de la drogue, que dans « L’Être aux Yeux d’Améthyste », une version revue par l’auteur d’un court roman purement SF et mettant en scène un bien étrange vénusien parmi les hommes, l’univers médical est bien présent.

On le vérifie soit sous la forme d’un point d’ancrage scientifique permettant de valider le réalisme d’une situation (description des visions et des symptômes de manque qu’éprouvent deux drogués), soit sous la forme de lieux (les hôpitaux), notre vénusien étant accidenté de la route dans le prologue du récit et interne en médecine plus tard (en passant par la case asile psychiatrique entre les deux).
Si « L’Être aux Yeux d’Améthyste » est un texte enjôleur, ressuscitant le charme suranné des textes du Fleuve Noir des seventies et n’est pas sans rappeler les écrits d’un Stefan Wul débutant en SF, c’est bien dans « Les Terrasses de la Nuit » que l’écrivain donne sa pleine mesure.
Dans ce texte, l’ultra réalisme de la situation paraît parfaitement crédible et le fantastique ne surgit donc qu’au final, d’une manière tout à fait surprenante et mystique. Qui plus est, la psychologie des personnages, leurs problèmes personnels et moraux, sont autant de points forts validant l’hypothèse de la romancière. Oui, « Les Terrasses de la Nuit » est une excellente nouvelle que l’on espère presque être le prélude d’une saga fantastique et policière bien contemporaine. Une espèce de “naturalisme fantastique” dont on attend vainement la naissance en France.

Bilan ? Rivière Blanche poursuit donc son petit bonhomme de chemin en continuant de dénicher des textes de qualité, certes distrayants, mais où percent souvent la joie et le bonheur de romanciers n’écrivant pas simplement pour produire (ce qui était souvent le défaut majeur du Fleuve Noir ancienne version, reconnaissons-le).
La couverture de cette édition offre aux yeux des lecteurs un graphisme étrange et parfois naïf, et en tout cas inédit dans le petit milieu de la SF. Omar Fassar Diouf pourra étonner de prime abord mais avec un peu d’attention, on découvrira là aussi un artiste profondément original.
Si les eaux profondes de la grande édition ont tendance à vous noyer sous un trop plein de romans secondaires et assez fats, allez piquer une tête chez Rivière Blanche, la source délivre toujours une eau claire, limpide et de bon goût.

PS : n’hésitez-pas à jeter votre connexion internet sur l’interview de la romancière réalisée par Richard D. Nolane, vous ne perdrez pas votre temps : Interview Dominique Rocher par Richard D. Nolane

Titre : Les Terrasses de la Nuit
Auteur : Dominique Rocher
Couverture : Omar Fassar Diouf
Nombre de Pages : 256
Éditeur : Rivière Blanche
Collection : Science Fiction
Site Internet Auteur : Dominique Rocher
Site Internet Illustrateur : Omar Fassar Diouf
Site Internet Éditeur : Rivière Blanche
Site Internet Livre : Les Terrasses de la Nuit
Directeur de Collection : Philippe Ward
Dépôt légal : Mars 2005
Format : 12,6 x 20,5 cm
ISBN : 1-932983-39-2
EAN : 9 781932 983395

Prix : 17 €

Site Internet d’achat conseillé : Rivière Blanche - Les Terrasses de la Nuit (+ 3 € de frais de port)

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