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Alibis n°43
L’anthologie permanente du polar
Revue, n°43, polar, noir & mystère, nouvelles - articles - critiques, été 2012, 160 pages, 10CAD

Avec “Signes vitaux” , Véronique Bessens a remporté le Prix Alibis 2012. À la clé, une somme de 1000 CAD, un séjour en France lors d’un festival et le fameux A en béton créé par l’illustrateur en chef de la revue, Bernard Duchesne, qui nous en a si bien parlé dans le précédent numéro.
Bien sûr, au rang des gratifications figure aussi la parution dans cette formidable vitrine du polar, noir et mystère, que représente « Alibis ».



Un homme bat régulièrement sa femme. Leurs enfants assistent impuissants au calvaire de leur mère. L’originalité tient dans la façon dont les deux voient leurs géniteurs. Comparer leur père à un chef de meute a un côté dérangeant qui fait mouche, mais appeler leur mère « chienne » possède une connotation malsaine qui m’a fortement déplu. L’empathie que le lecteur doit ressentir pour la victime retombe comme un soufflet, car ce terme est péjoratif.
Voilà la force de “Signes vitaux”, donner une image déformée, fausse, de la situation à des enfants qui perdent pied face à la réalité. Et aux lecteurs d’entrer dans les sables mouvants nés de l’imagination de Véronique Bessens, qui laissent un arrière-goût mauvais dans la bouche.
Une nouvelle qui tape fort et qui laisse des traces !

Mary Jane Maffini met en scène un couple sympathique qui se prend d’amitié pour une vieille dame. Les apparences sont parfois trompeuses et, même si l’on devine assez vite qui est réellement ce duo et que tout le monde n’est pas dupe, l’ensemble est parfaitement maîtrisé, se révèle redoutable et prenant, permettant de passer un très agréable moment. “Tellement de choses en commun” a remporté le Prix Arthur-Ellis 2011.

Autre nouvelle primée : “La maison blonde” de Martine Latulippe, mention spéciale du jury au Prix de la nouvelle Radio-Canada 2012.
À 16 ans, un jeune homme a déjà une belle expérience des cambriolages. Il choisit toujours de visiter des maisons de journée pour minimiser les risques et évite d’avoir des prétentions trop grandes. Cette fois-ci, il découvre une demeure qui ne le laisse pas insensible. C’est exactement le nid douillet dans lequel il aurait aimé grandir. Il s’y sent si bien qu’il s’abandonne…
La maison blonde” se situe à la croisée de deux mondes. Difficile de ne pas se prendre de pitié pour le cambrioleur qui révèle ici toute son humanité en refusant d’aller trop loin. Quatre pages terribles, d’une grande efficacité, qui montrent comment l’environnement conditionne les êtres.

Philippe-Aubert Côté, déjà au sommaire de « Solaris 183 », nous présente une nouvelle fascinante. Pendant ses études, Axel vit en colocation avec la belle Mitsuko. Une ancienne affaire mine toujours Axel, une expérience malheureuse avec son cousin Tommy, un joueur de hockey qui voit enfin s’entrouvrir les portes de l’équipe 1. La gloire ! Lorsque les deux se rencontrent, le passé resurgit et le présent dérape.
C’est de loin le plus long texte, près de 40 pages d’une histoire qui happe le lecteur et ne le lâche plus jusqu’à la fin. Magnifique ! Et dire que “L’Ombre et le Marquis” constitue la première incursion de l’auteur dans le genre ! Philippe-Aubert Côté, un écrivain que je ne connaissais pas auparavant, mais qui est indiscutablement à suivre.

Suivent des extraits du nouveau livre de Jean-Jacques Pelletier : « La Fabrique de l’Extrême », la suite de « Les Taupes frénétiques ». Ils mettent en avant la mafia et les multinationales. Jean-Jacques Pelletier fait le parallèle entre les deux et montrent que les méthodes de la mafia ont changé pour se rapprocher de celles des multinationales avec leurs armées d’avocats, toujours à la recherche de la faille qui leur permettra d’évoluer à la limite des lois pour un maximum de profits. Si cela peut sembler étonnant au début, au final, on ne peut que relever la justesse du propos. Vraiment intéressant.

Norbert Spehner nous convie à un safari en Afrique noire. Son double objectif : « recenser les polars (en français et en anglais) dont l’action se passe en tout ou en partie dans un pays du continent noir et recenser, au passage, les auteurs africains ».
Vaste entreprise qui tourne un peu à l’énumération d’œuvres des différents pays concernés. Si certains choix semblent discutables (par exemple : une originaire du Bénin vivant en France depuis 1983, qui a publié deux polars en 2011 et à compte d’auteur, ne me semble pas avoir sa place ici), il faut noter le bel effort réalisé, car la tâche apparait herculéenne. Et une fois la lecture terminée, on se surprendra à garder à l’esprit une liste de romans à lire.

Et bien sûr, « Alibis », c’est aussi une vitrine des sorties du trimestre et des chroniques d’ouvrages, sans oublier le volet en ligne.

Un numéro 43 à ne pas manquer pour ses quatre excellentes nouvelles.

De plus, il est à noter qu’« Alibis » s’est enrichi de 16 pages, passant de 144 à 160 pages, comme « Solaris », son pendant science-fiction et fantastique.


Titre : Alibis
Numéro : 43
Comité de rédaction et direction littéraire : Martine Latulippe, Jean Pettigrew
Couverture : Bernard Duchesne
Type : revue
Genres : nouvelles, entretiens, articles, critiques
Site Internet : Alibis ; numéro 43 ; volet en ligne du numéro 43
Période : été 2012
Périodicité : trimestriel
ISSN : 1499-2620
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 160
Prix : 10 CAD



François Schnebelen
4 septembre 2012


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