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Gringos locos
Schwartz et Yann
Dupuis

C’était vraiment une bonne idée de départ : sur base de témoignages par lui-même recueillis, Yann allait scénariser le périple américain que les désormais célèbres Joseph Gillain (Jijé), Maurice de Bevere (Morris) et André Franquin firent dans l’immédiate après-guerre : tous trois pour vendre leurs talents aux Studios Disney. Plus, en ce qui concerne Joseph, protéger sa petite famille de la guerre froide qui, en Europe, lui paraissait annoncer un nouveau conflit majeur...



Oui, Yann allait scénariser tout cela, et Schwartz le dessiner ! Mais pas n’importe comment : à la manière, précisément, de cette école belge qui deviendrait la marque de fabrique des protagonistes ! Pour bien montrer que l’esprit de leurs créations ultérieures les habitait déjà.

Une bonne, de bonnes idées que Yann et Schwartz ont mis à exécution avec soin et passion. Une sorte de désopilant hommage à la jeunesse des vieux de la vieille, teinté d’un humour volontiers vachard. Et d’auto-dérision, bien dans le ton de l’Age d’Or.

De bonnes, d’excellentes idées qui débouchèrent sur cet album par qui les scandales sont soudain arrivés. Les rejetons et ayant-droits ne les reconnaissant pas, ces illustres modèles ! Au point de s’en émouvoir, voire de s’en fâcher, et même de menacer de faire entrave à la publication.

D’où ces mises au point qui accompagnent, et entendent bien apaiser les esprits, tout en rétablissant la vérité vraie. Notamment cette très instructive interview de Benoît Gillain, accompagnée de photographies qui font de ce complément obligé un plus passionnant.

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Et de la confrontation des différentes pièces du puzzle, résulte la conviction que chacun à un peu tort et un peu raison. Que Yann est parti d’un matériel approximatif et incomplet, de sorte qu’il a, à sa manière, comblé les manques par de la fiction. Que Yann et Schwartz, recourant à une narration et à un dessin typés, en ont forcément hérité d’une simplification des personnages, et de mécanismes répétitifs qui peuvent se montrer lassants. Ainsi de ces jurons à la chaîne, par lesquels une certain Jijé aurait ponctué chacune de ses entrées en scène. Ainsi des allusions systématiques à la fabrique des pipes des parents de Morris. Ainsi de la volonté appuyée de faire de Franquin - celui d’avant la dépression nerveuse - une façon de légume...

Mais bon, puisque le lecteur a désormais tous les éléments en mains pour faire la part du vrai et celle du faux, ne gâchons pas le plaisir de découvrir une aventure que Yann recommande désormais de lire comme une fiction, et dont la suite nous réserve sans doute d’autres électrochocs. La bande annonce finale n’évoque-t-elle pas l’irruption prochaine d’un mystérieux sosie de René Goscinny ?...


Gringos locos (T1)
- Scénario : Yann
- Dessin : Schwartz
- Editeur : Dupuis
- Collection : Grand public
- Dépôt légal : 4 mai 2012
- Pagination : 52 pages couleurs
- Format : 24 x 32 cm
- Numéro ISBN : 978-2-8001-5300-1
- Prix public : 15,50 €


Illustrations © Dupuis et les auteurs (2012)



Alain Dartevelle
31 août 2012




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