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Guerriers de l’Hiver (les)
David Gemmell
Milady, Fantasy, traduit de l’anglais (Grande-Bretagne), baroud d’honneur, 443 pages, avril 2012, 8,20€

Drenaï s’étend sous la férule de Skandar. L’empire ventrain est tombé, et a été assimilé, Skandar épousant la princesse Axiana. L’armée ventriane combat désormais sous bannière drenaï, son général Malikada secondant l’empereur.
Ainsi renforcée, l’armée poursuit ses conquête, et Skandar renvoie dans leurs foyers ses vétérans, presque 2000 hommes menés par le légendaire Loup Blanc, remercié lui aussi.
Tandis que les anciens prennent le chemin du retour au pays, Malikada tombe le masque... et le poignard de la trahison frappe Drenaï au cœur. Mais il y a plus que cela : des démons rôdent autour de la capitale ventriane. Deux rois viennent de mourir, une prophétie annonce la libération des démons captifs à la mort du troisième.
Ce troisième roi, pas encore né, encore dans le ventre de la reine Axiana, ne pourra compter que sur quelques vieux soldats pour le protéger : Nogusta, le géant noir au mystérieux talisman ; Kebra, le champion archer à la vue fatiguée ; et Bison, la brute imbécile.



Est-il nécessaire de présenter David Gemmell ? Faisons court : traduit très tard en France (« Légende », datant de 1984, sort en 2000 chez Bragelonne), il s’est néanmoins imposé comme l’auteur de fantasy de cette fin de siècle. Trop vite disparu (2006), il laisse un important cycle, Drenaï, et bon nombre de romans de fantasy historique.

Drenaï conte les gloires et infortunes d’un empire. Étalé sur plusieurs générations, le cycle fait la part belle aux hommes et à l’humanité des personnages, délaissant les arcanes du pouvoir pour côtoyer les soldats qui subissent les décisions des princes. Le mot d’ordre de Gemmell est clair, dès « Légende » : tous les soldats, tous ceux qui ont le courage de faire face sont des héros. Les « héros » au sens classique, comme Druss, grands guerriers légendaires, précédés de leur réputation, sont souvent fatigués, et transmettent les leçons apprises par la vie, au-delà des massacres des champs de bataille.

« Les Guerriers de l’Hiver » se situe en fin du cycle Drenaï. L’empire qu’on a connu menacé dans « Légende » est aujourd’hui conquérant, mené par le roi Skandar. Sûr de sa puissance, il renvoie son fidèle général, Loup Blanc (voir le roman du même nom pour la « jeunesse » du général, aux côtés de Druss), et ses vétérans, pour la plupart âgés de plus de 50 ans. Grosse erreur, il sera trahi et tué par celui dont il avait fait son ami, le général ventrian Malikada.

Mais un complot plus sournois plane sur l’empire. Des démons flottent dans les airs, rendant fous la population. D’étranges meurtres de voyants mettent la puce à l’oreille du second de Loup Blanc, le jeune Dagorian, et à la prêtresse qui sert la reine et future mère. Lorsqu’ils comprennent la menace qui pèsent sur eux, après la mort de Skandar, ils prennent la fuite, pour protéger Axiana et le futur roi de Drenaï et Ventria de la lame de Malikada et des démons. Ils croiseront la route de trois soldats, partis par une autre route que le restant de l’armée : Bison est en effet recherché par les Ventrians pour une bagarre qui a tué un soldat.
Mais surtout, Nogusta, grâce à son médaillon, a eu plusieurs visions, à propos des démons, de la reine, de leur voyage. Et il sait que la tâche sera rude, et que plusieurs d’entre eux y laisseront leur vie.

Mais voilà : soldats depuis trop longtemps, hommes d’honneur pour toujours, les trois vétérans ne laisseront pas mourir une femme, qu’elle soit reine ou servante, et son enfant à naître.

Le voyage, difficile, dans les montagnes semées de neige est l’occasion de mieux cerner ces hommes, leurs faiblesses dues à autre chose que l’âge, et tout ce qui fait leur force et leur détermination. Au contact des trois enfants sauvés des démons avec la reine, ces grands guerriers fatigués s’ouvrent à eux-mêmes, expliquant à la nouvelle génération comment ils en sont arrivés là, ce qu’ils ont vécu, ce qu’ils ont perdu, et ce qu’ils n’ont jamais lâché : leurs rêves. Quant bien même ils savent qu’à la fin de ce voyage, ce sera la mort qui les attendra.

Les personnages de David Gemmell sont entiers et imparfaits. Humains. Les vieux ont la sagesse de l’âge, et l’on comprend aisément qu’ils occupent la première place de son œuvre, reléguant les plus jeunes au rang d’apprentis héros. Ils lâchent, sans colère ni joie, des leçons à la fois universelles et très personnelles, de celles qui font, non pas des grands guerriers, mais les grands hommes.
Nogusta, par exemple, en dépit de ses visions, se garde bien de révéler qui mourra ou non. Il s’en explique de deux manières : tout d’abord, il a déjà tenté de changer l’avenir, et a échoué, ensuite il sait qu’annoncer à quelqu’un qu’il survivra ou pas aux prochains combats ne le fera pas mieux se battre, au contraire. Alors il se tait, supportant doublement chaque mort. Bison, qu’on catalogue rapidement en brute sans cervelle, vivant au jour le jour des plaisirs que sa vie peut lui permettre, se révèle plus fin que cela, conscient de ses propres faiblesses et à demi ignorant de ses qualités. Ou très habile à les cacher sous un épais vernis de vulgarité. Finalement très attachant, on tremblera pour lui comme pour ces vieux camarades lorsqu’ils affronteront leurs démoniaques poursuivants.

En l’absence au premier plan de grand héros gemmellien (seul Loup Blanc est présent en toile de fond), on serait tenté de considérer « Les Guerriers de l’Hiver » comme un élément mineur de Drenaï. Et pourtant, pour en avoir lu quelques-uns, pas la totalité, ce roman est la quintessence de la plume de Gemmell : on y retrouve tout ce qui fait son talent, ses thèmes favoris, la fougue des combats, la sagesse sentencieuse dispensée autour du feu.
Je le répète, je n’ai pas encore tout lu, mais aucun volet de Drenaï, ce tome pas plus que les autres, ne peut être qualifié de « mineur », et c’est ce que j’aime chez David Gemmell : c’est écrit avec les tripes, ça prend en permanence aux tripes, et une fois la dernière page atteinte, on n’a qu’une envie : entamer le tome suivant.
Et maudire cette crise cardiaque qui l’a terrassé à 57 ans...

Enfin, on notera l’excellente qualité des couvertures, grand format et poche, toutes deux exécutées par le non moins excellent Didier Graffet.


Titre : Les Guerriers de l’hiver (Winter Warriors, 1997)
Série : Drenaï
Auteur : David Gemmell
Traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) : Karim Chergui

- Édition originale
Couverture : Didier Graffet
Éditeur : Bragelonne
Site internet : page roman (site éditeur)
Pages : 364
Format (en cm) : 15,2 x 23,7 x 3,2
Dépôt légal : novembre 2006
ISBN : 2352940109
Prix : 20,30 €

- Édition poche (version chroniquée)
Couverture : Didier Graffet
Éditeur : Milady
Collection : Fantasy
Site internet : page roman (site éditeur)
Pages : 443 (avec les 10 premières pages de « Les épées du jour et de la nuit »)
Format (en cm) : 18 x 11 x 2
Dépôt légal : avril 2012
ISBN : 978-2-8112-0734-2
Prix : 8,20 €



CITRIQ


Nicolas Soffray
28 août 2012


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édition poche (Milady)



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édition originale (Bragelonne)



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