« Triskell » est une tétralogie, une série en quatre épisodes. Ce troisième opus prépare donc la fin des aventures de Gwen, de son jeune frère Yannick et du musicien Man Ruz.
L’histoire succède directement aux évènements du précédent tome. Maenne, gravement blessée et aveugle après l’affrontement avec sa sœur Ahès, court rejoindre son père, Le Cornu, divinité dotée de la toute-puissance de l’esprit celte. Grâce à lui, elle espère retrouver ses capacités. De leur côté, Gwen et ses amis atteignent la forêt de Brocéliande. Ils espèrent ainsi rencontrer le Cornu, restaurer la paix et annuler le sortilège qui a transformé Yannick en animal. La quête vers la Cité des Vents est donc annulée. La rencontre entre les deux ennemies est maintenant inévitable. Quel sera la décision du Cornu face à ces deux destins antagonistes ? La réunification des deux mondes est-elle inévitable ? Qui, de Gwen ou de Maenne, règnera sur la Bretagne, fées et humains ?
Le scénario de ce volume est de qualité équivalente à celui des précédents opus. L’ambiance générale demeure dans la continuité des autres livres. On retrouve ce petit côté sombre, propre aux légendes celtes, comme la vieillesse anticipée de Gwen suite à son marché avec l’Ankou, le sacrifice d’une licorne pour sauver Maenne, l’attaque de feux follets au cœur de la forêt…

L’histoire paraît cependant plus classique, plus conventionnelle. L’originalité issue de l’exploitation des légendes et des personnages celtes (inconnus chez moi) est un peu retombée. On se retrouve finalement en territoire connu lorsque les deux héroïnes s’opposent dans une succession d’épreuves imposées par le Cornu. Un petit air d’“Harry Potter et la coupe de feu” selon certains. L’intrigue est captivante. C’est peut-être même, curieusement, celle que j’ai préféré des trois albums, car elle offrait une trame et un univers qui me correspondait mieux. Néanmoins, je ne peux que regretter la perte de cette ambiance inconnue particulière. Qui a dit que j’étais complètement illogique ?
En lisant les deux précédents albums, j’étais un peu déstabilisé, porté par un univers que je ne comprenais pas complètement. Cette étrange sensation me donnait l’envie d’en connaitre d’avantage sur ce monde complexe. Dans ce troisième épisode, au scénario toujours aussi riche, je reconnais certaines ficelles de l’intrigue et me laisse moins surprendre par les rebondissements. De plus, même si l’humour est toujours présent, comme la scène où Man Ruz est supposé coucher avec la sorcière, le coup d’œil féminin semble avoir disparu. Ce point de vue légèrement différent offrait un intérêt supplémentaire à la série. Audrey Alwett, la scénariste de cette série, dirige les collections Strawberry et Blackberry en charge de promouvoir cet autre regard. J’appréciais l’idée de retrouver cette singularité dans une bande dessinée destinée à un public plus masculin. Je ne l’ai malheureusement pas retrouvé dans ce volume, au milieu de la silhouette parfaite des jeunes personnages féminins et des corps dénudés. Ceci dit, là encore, cet aspect narratif n’est qu’un point de détail qui ne gène en rien à la lecture. Je vous rappelle, que ce troisième volume reste pour moi le meilleur numéro de la série…

Les graphismes de Rémi Torregrossa sont toujours aussi réussis. La couverture notamment, de Rémi Torregrossa et Nicolas Demare, est tout simplement superbe. Nicolas Demare a entre autre participé à la série “Les légendes de la Table Ronde”.
Le bestiaire, constitué de licornes, sangliers dressés, sylves, sirènes, fées, korrigans… est très impressionnant. Les décors sont également très travaillés. J’ai particulièrement apprécié la maison de la sorcière, qui semble être née de la végétation de Brocéliande.
Le découpage des cases est très dynamique, jouant sur la superposition des images. Ces effets permettent de mettre en valeur certaines images comme celle représentant Le Cornu assis sur son trône végétal.
Une attention particulière a enfin été apportée à l’expression des personnages. Il est ainsi intéressant d’observer l’évolution du visage de la mère de Gwen essayant d’attirer sa fille.
Aux couleurs, Virginie Blancher a laissé sa place aux Digikore Studios et à Cyril Vincent. Ce dernier avait participé à l’excellente série “Ogres”. Les différences de colorisation avec les précédents numéros de la série restent subtiles.
Le prochain et dernier épisode s’intitulera “Guerre et Fées” et verra sans doute la résistance s’organiser pour combattre le pouvoir du Triskell réuni. Aucune date de sortie n’est prévue pour le moment.
(T3) Le Cornu de Brocéliande
Série : Triskell
Scénario : Audrey Alwett
Dessin : Rémi Torregrossa
Couleurs : Digikore Studios et Cyril Vincent
Couverture : Rémi Torregrossa et Nicolas Demare
Éditeur : Soleil Productions
Collection : Soleil Celtic
Dépôt légal : 23 mai 2012
Format : 234 x 323 mm
Pagination : 48 pages couleurs
ISBN : 978-2-30201-967-6
Prix Public : 13,95 €
A lire sur la Yozone :
Triskell (T1) La Marque de l’Entre-Monde
Triskell (T2) La Cité des vents
Illustrations © Rémi Torregrossa et Soleil Productions (2012)