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Porte des secrets (La)
Film américain de Iain Softley (2005)
3 août 2005


Genre : Fantastique
Durée : 1h40

Kate Hudson (Caroline Ellis), Gena Rowlands (Violet Devereaux), John Hurt (Ben Devereaux), Peter Sarsgaard (Luke), Joy Bryant (Jill), Maxine Barnett (Mama Cynthia), Fahnlohnee R. Harris (Hallie), Marion Zinser (la femme du Bayou), Ronald McCall (Papa Justify), Jeryl Prescott (Mama Cecile), Isaach De Bankolé (le propriétaire de la station service)

Delta de la Louisiane, à quelques encablures de La Nouvelle-Orléans, une bâtisse de style colonial décrépie héberge un couple de retraités bien mystérieux. Dans cet environnement humide et étouffant où même les arbres semblent s’incliner sous le poids des ans, Caroline (Kate Hudson) est engagée comme infirmière à domicile par Violet (Gena Rowlands) afin de s’occuper de son mari, Ben (John Hurt). Un vieil homme muet, quasi invalide et assommé par les médicaments. Caroline s’attache pourtant à ce malade qui semble bien vouloir lui dire à tout prix quelque chose d’important. Comme sa curiosité naturelle la porte aussi à explorer discrètement une maison qui paraît cacher bien des secrets et son lot de drames, c’est au grenier qu’elle finira par découvrir une pièce réservée à la magie Vaudou. Le mystère s’épaissit pour la jeune infirmière qui devine pourtant qu’un pacte mystérieux unit ce couple étrange.

« La Porte des Secrets » ou un film vaudou « malin ». En s’intéressant au scénario de Ehren Kruger (un professionnel du genre aux multiples références « The Ring-Le cercle », « The Ring-Le Cercle 2 », « Scream 3 »), le réalisateur anglais Iain Softley (directeur de « Backbeat », un touchant drame rock sur le cinquième Beatles et de « K-Pax, L’homme qui Venait de Loin », une excellente surprise du cinéma SF parfaitement menée par un Kevin Spacey au top) savait qu’il s’attaquait à des thématiques explorées avec plus ou moins de réussites par le cinéma fantastique.

En effet, si dans la catégorie univers glauques, humides, ensorceleurs et bayous de Louisiane en fond géographique, on se souvient de l’excellent « Angel Heart » d’Alan Parker (inspiré du thriller fantastique de William Hjorsberg « Angel Heart » ou « Le Sabbat dans Central Park » et influence avouée de Iain Softley), le genre a le plus souvent accouché de séries B honnêtes (« Candyman ») et de séries Z indignes (les suites de « Candyman » !) que nous avons oubliées depuis bien longtemps.

Cependant, s’il est un réalisateur dont tout le monde s’inspire et que personne ne cite franchement, il faut bien parler ici de Jacques Tourneur. Comment oublier celui qui dirigea « Vaudou » en 1942 (un réel chef-d’œuvre situé aux Antilles) et parcourut souvent les rives du Vaudou en distillant un fantastique atypique et suggéré. S’appropriant souvent les ressorts de la sorcellerie incantatoire et des formules magiques efficientes, Jacques Tourneur créa bel et bien le style de film qui nous intéresse aujourd’hui. De « La Féline » à « L’homme-Léopard », le cinéaste prouva qu’un fantastique logique et inéluctable est aussi efficace que les effets d’un imaginaire débridé et non fondé (vampires, loups-garous et fantômes venus de nulle part et cie).

Réalisateur malin, Iain Softley livre avec « La Porte des Secrets » un film Vaudou « malin » en s’appuyant sur les fondations bâties par Jacques Tourneur. Construire une intrigue logique, utiliser un fantastique finalement très « scientifique », suggérer plus que montrer et surtout s’attacher à ce que les acteurs croient à tout cela. Et oui, il faut y croire pour que ça marche (et le futur spectateur constatera à quel point tout cela est important) !

Bien que l’intrigue ne révolutionne rien sur le fond, quelques seconds rôles comme celui de Isaach De Bankole en pompiste à la famille très « strange » densifient le charme réaliste et horrifique du récit. La réalisation jouant sur les gros plans et des visions floues ou cachées des arrières plans, montre peu et exploite parfaitement le sentiment d’angoisse infusé par une Gena Rowlands physique, un John Hurt convaincant et une Kate Hudson parfaite en infirmière très américaine cherchant une explication matérialiste (et matérielle) au drame naissant.

Ambiance bien plantée, décors agréablement photographiés, acteurs correctement dirigés, « La Porte des Secrets » s’avère être un divertissement fantastique efficace que l’on conseille sans retenue particulière.

Par contre, les espoirs placés sur Iain Softley promettaient plus qu’un bon film fantastique et de ce point de vue, « La Porte des Secrets » déçoit un peu. L’évolution de la carrière de Iain Softley reste donc une question cinéphilique d’actualité. Le gouffre qui sépare les honnêtes réalisateurs que l’on oublie avec le temps des artistes surprenants dont on se rappelle toujours (cf. Jacques Tourneur) est finalement un secret encore bien gardé.

Bref, « La Porte des Secrets » est un bon film fantastique signé par un réalisateur dont on attendait un grand film. Constat décevant pour les uns mais largement suffisant pour ceux qui achèteront leur billet et ne regretteront pas le voyage. Parole d’un fan de Jacques Tourneur !

FICHE TECHNIQUE

Titre original : The Skeleton Key

Réalisation : Iain Softley
Scénario : Ehren Kruger

Producteurs : Daniel Bobker, Michael Shamberg, Stacey Sher, Iain Softley
Producteurs exécutifs : Holly Bario, Scott Stuber, Clayton Townsend

Musique originale : Ed Shearmur
Image : Daniel Mindel
Montage : Joe Hutshing
Distribution des rôles : Lisa Mae Fincannon, Ronna Kress
Création des décors : John Beard
Direction artistique : Drew Boughton, Suttirat Anne Larlarb
Décorateur de plateau : Fontaine Beauchamp Hebb
Création des costumes : Louise Frogley
Maquillage : Ronnie Specter
Effets spéciaux : Matt Sweeney

Production : Brick Dust Productions LLC, Daniel Bobker Productions, Double Feature Films, Universal Pictures
Distribution : United International Pictures (UIP)

Relation presse : Sylvie Forestier et Anne Crozat assistée de Florence Debarbat pour l’agence Lumière

INTERNET

http://www.uipfrance.com/sites/portedessecrets/


Stéphane Pons
2 août 2005



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