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Le cyberespace de l'imaginaire




Galaxies n°17 (Nouvelle Série)
Directeur de publication : Pierre Gévart
Revue, n°17, SF - nouvelles - études - critiques - entretiens, mai 2012, 192 pages, 11€

« Galaxies n°17 »… ou plutôt « Lunatique 84 » est arrivé plus tôt que prévu dans les boîtes aux lettres. En effet, la revue a connu quelques changements d’importance qui ont de quoi surprendre :
-  6 numéros par an au lieu de 4, plus un hors-série. Le trimestriel devient donc bimestriel.
-  « Galaxies » s’associe à « Lunatique », ce qui fait que deux fois par an, « Galaxies » sera en réalité un « Lunatique ». Ce n°17 en est la parfaite illustration.
-  le hors-série ne disparait pas, mais intègre la numérotation normale.
Vous avez suivi ?



Rien qu’à regarder le sommaire, le lecteur se rend tout de suite compte qu’il a affaire à une autre revue, ses rubriques habituelles étant absentes. Une autre chose m’a surpris, c’est le peu de nouvelles inédites ou écrites uniquement pour l’occasion. Pour le dossier Gudule, l’exemple en est frappant. Seule la nouvelle de Bruce Sterling semble réellement inédite.
N’ayant jamais lu aucune des proses présentées, cela ne m’a pas dérangé, mais il n’en reste pas moins un arrière-goût de facilité, de manque de recherche.
Par rapport à « Galaxies » qui nous présente des textes du monde entier, qui fait office de défricheur de l’imaginaire, « Lunatique » fait pour l’occasion vraiment parent pauvre.
La première impression, totalement subjective, n’est donc pas des meilleures, alors place au contenu pour être le plus objectif possible.

… Ton corps ne soit que roses” de Jacques Chambon, décédé en 2003 à l’âge de 61 ans, n’est pas la version raccourcie parue dans « Territoires de l’Inquiétude n°7 » en 1993 sous le titre “Ce que vivent les roses”, mais l’originale écrite par Jacques Chambon.
À son anniversaire, Carole reçoit un bouquet de trente roses. La toute jeune trentenaire ignore leur expéditeur, mais s’attache aux fleurs et tente de les préserver le plus longtemps possible.
L’auteur signe là une nouvelle fantastique magnifique, tout en finesse. Tout comme Carole, on ne sait pas qui a envoyé ces roses, on ne peut que constater l’effet qu’elles produisent sur la jeune femme. Plongée inéluctable qui n’en est que plus belle.

La ronde de nuit” de Laetitia Tanche nous plonge dans l’univers effrayant des enfants battus. Elle a trouvé le ton juste pour rendre cette ronde poignante et nous toucher aux tripes. Bravo, car ce n’est jamais facile d’aborder un tel sujet !

Le garçon de mes rêves” de Laurence Rodriguez ne m’a guère surpris et m’a même semblé assez convenu. Le monde des rêves sert à se trouver un autre support, un corps plus sain en trompant son actuel hôte. Les personnages sont bien naïfs, mais l’ensemble fonctionne tout de même et se lit sans déplaisir.

Bruce Sterling est connu pour être une des figures majeures du cyberpunk, ce qu’il nous prouve avec “Le Miséricordieux, le Numérique” où, pour la première fois, l’Union des Républiques Islamistes a envoyé un être dans les profondeurs internes de l’espace-temps.
Réalité virtuelle, être cybernétique, discours à la gloire de l’Union et des membres du Parti… pas facile de démêler tous les fils du récit, un brin trop touffu, qui mérite une seconde lecture plus attentive et qui nous rappelle que le cyberpunk n’est pas forcément un genre des plus accessibles.

Des anges sont tombés” de Jean-Jouis Trudel a déjà été à de maintes fois publiée, mais si j’ai bien compris, c’est Gudule, l’invitée de ce numéro, qui a émis le souhait de la voir en ses pages. On aurait tort de se plaindre de ces deux pages d’une belle poésie et poussant à la réflexion.

Avec le dossier Gudule, nous attaquons le gros morceau de la revue. Il débute par la courte nouvelle “Jeu virtuel”, figurant dans le recueil « Mémoires d’une Aveugle » (Rivière Blanche, 2012), où jouer n’est pas si virtuel que ça.
Suit un extrait du roman« Les Harems célestes », la suite de « Paradis perdu », les deux formant « Le Lupanar des Anges ».
Troisième texte : “La véritable histoire d’Arnaude, la tissarde, et de Babet, le forgeron”.
Si les deux derniers ne laissent pas un grand souvenir, étant même dispensables et s’éloignant des genres de l’imaginaire, “Jeu virtuel” est bien dans la manière de l’auteure qui va droit à l’essentiel. Bref, efficace et à l’humour grinçant, ce qui me plaît justement chez Gudule, Anne Duguël ou encore Anne Guduël
Pour moi, le point d’orgue de ce dossier n’est autre que la présentation de Gudule par elle-même, avec des interventions de personnes la connaissant et venant apporter des précisions sur certaines époques. Quarante pages réellement passionnantes, différentes du type de dossiers auxquels « Galaxies » nous a habitués et changeant agréablement des traditionnels entretiens et articles sur l’auteur. Là, je dis « bravo, et encore » !
Et d’autres témoignages complètent encore “Une nana nommée Gudule”.
Après la biographie, un article sur “Tintin au pays des Bougnats” clôt cet important dossier Gudule. J’avoue ne pas comprendre pourquoi il y figure et ce qu’il fait tout court dans les pages du numéro. Huit pages que j’ai trouvées bien longues et inutiles. La fausse note de ce « Galaxies n°17 » !

Dans ce numéro orchestré par Jean-Pierre Fontana et Jean-Pierre Andrevon, on peut remarquer que « Galaxies » s’intéresse davantage au passé qu’à l’habitude. Il y a un mini-dossier sur Kurd Laβwitz avec “Psychotomie”, un texte de 1885, et un article sur ce grand nom de la SF outre-Rhin, qui a donné son nom au plus célèbre prix allemand.
Deux autres articles viennent encore conforter ce sentiment, un sur Régis Messac que Jean-Pierre Andrevon présente sans concessions, révélant une facette peu élogieuse de l’écrivain, et un sur “Euryale à Londres de Carlton Dawe ”.

La BD n’est pas oubliée avec « 2001, l’Odyssée de l’Espace » vue par Jack Kirby, un des géants des comics.

Cette première coopération « Galaxies » – « Lunatique » s’avère des plus plaisantes. Le numéro est très dense, sans temps morts.
C’est un « Galaxies » sans en être un, car nous avons affaire à « Lunatique », dont Jean-Pierre Fontana nous offre en préambule un historique, avec des sensibilités et des rubriques différentes. Ce vent de fraîcheur est appelé à se répéter deux fois par année.

Personnellement, j’ai beaucoup apprécié cet intermède, et j’espère que les abonnés partageront cette appréciation. Pour le même prix, ils ont droit à un numéro supplémentaire et ils gagnent en éclectisme. Pourquoi alors faire la fine bouche ?
Peut-être parce que la revue « Galaxies » perd un peu de son âme…


Titre : Galaxies Nouvelle Série
Numéro : 17 (59 dans l’ancienne numérotation)
Sous titre : Lunatique - Gudule
Rédacteur en chef : Pierre Gévart
Rédacteur en chef délégué pour Lunatique : Jean-Pierre Fontana
Rédacteur en chef adjoint : Jean-Pierre Andrevon
Couverture : Philippe Caza
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens, etc.
Site Internet : Galaxies
Dépôt légal : mai 2012
ISSN : 1270-2382
Dimensions (en cm) : 13,8 x 20,9
Pages : 192
Prix : 11€



François Schnebelen
14 juillet 2012


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