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Sept (T12) Sept Dragons
N. Mitric & S. Guinebaud
Delcourt

Contrairement à ce qu’évoque le titre de l’album, les personnages principaux sont les chasseurs de dragons et non les bêtes mythiques elles-mêmes. Pour preuve, certains de ces dragons n’apparaîtront que dans quelques planches. Néanmoins, l’animal fabuleux constitue bien le cœur du scénario et les amateurs de ce genre de sujet ne seront pas déçus.
Le scénario est particulièrement dense et complexe, un peu trop même selon certain. Était-il raisonnable de limiter cette histoire à un one shot ? Fallait-il à tout prix intégrer cet album à la série Sept ?



Sept Dragons” succède à “Sept Naufragés”. Il est le douzième tome de la série “Sept”, ou, plus précisément, le cinquième tome de la deuxième saison. En effet, fort du succès des sept premiers volumes et du nombre important d’auteurs voulant intégrer l’aventure, David Chauvel, le créateur de la série, n’a pu s’empêcher de rempiler. Globalement, cette seconde saison ne déçoit pas.
Le thème commun de la série “Sept” est simple : « Sept personnages ont une mission à remplir ». A charge aux scénaristes, différents à chaque album, de décliner ce thème dans une histoire indépendante et originale.

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Dans cet album, un petit groupe d’individus se rassemble pour éliminer les derniers dragons de la terre. Tous ont des origines et des motivations différentes. Sous le commandement d’Ulydas, un roi moyenâgeux, la communauté est constituée de son jeune frère, d’un samouraï, d’une amazone, d’un guerrier masaï, d’une brute nordique et de la reine d’une contrée voisine. Dans les précédents volumes de la série, nous avions l’habitude de suivre une communauté de sept personnages à travers leurs aventures. Dans cet épisode, la communauté n’est jamais constituée de sept personnages en mêmes temps. Quand de nouveaux individus arrivent, d’autres partent. On s’éloigne ainsi un peu du fondement de la série “Sept”. Dommage.

D’un autre côté cet album ne s’intitule pas “Sept chasseurs de dragons”, mais bien “Sept dragons”. Et là en revanche, même si on les voit les un après les autres, le compte est bon ! Les amateurs de ces animaux légendaires ne seront pas déçus. Le bestiaire de ce livre pourrait même constituer une source d’informations utiles pour les amateurs de jeux de rôles, tant la diversité et l’originalité des dragons ont été travaillées. Les sept spécimens rencontrés ont une apparence et des caractéristiques différentes. L’un fait référence à l’Hydre de Lerne et ses têtes régénératrices, un autre prend les traits d’un dragon asiatique, rapide et sans aile, un autre encore vit au fond des océans ou sous la glace… et à chaque fois, l’apparence de l’animal est affectée par son environnement. Sur ce point, le travail de recherche et le talent artistique de Sylvain Guinebaud, le dessinateur, est indéniable. Les références sont d’ailleurs nombreuses, comme celle du combat opposant le dieu Thor et le serpent géant Jörmungand dans la mythologie nordique.
Les autres éléments dessinés sont également très finement travaillés. Les personnages sont variés et possèdent une large palette d’expressions. Les décors sont très immersifs. Quelques cases en grands formats, en nombre trop limité selon moi, permettent d’apprécier la beauté des décors extérieurs ou le gigantisme de certains monstres. Le seul point négatif, s’il fallait en trouver un, serait la séquence de scènes d’actions parfois un peu rapide. Le dynamisme n’est pas toujours évident et peut perdre le lecteur. Il arrive parfois que l’on relise la planche, quelques cases en arrière, pour mieux comprendre l’action générale. Mais finalement, cette lacune n’est que le résultat d’un défaut plus important : la trop grande densité du scénario.

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J’aime les scenarii riches, mettant en jeu des personnages complexes et intégrant de nombreux rebondissements. Mais cette densité narrative n’est parfois pas compatible avec la volonté de faire un one-shot. C’est exactement le cas pour « Sept Dragons ». Dans cet album, les personnages ont des caractères différents et une psychologie complexe. Le scénariste, Nicolas Mitric, également l’auteur de “La Voie du Silence”, a voulu donner à ses protagonistes des motivations disparates et des états d’âmes subtils. L’exercice est louable mais doit être parfaitement maîtrisé pour servir au mieux le récit. Ajouté de la complexité des personnages, la trame scénaristique intègre de nombreux rebondissements et scènes d’actions. Espérer intégrer tous ces éléments en seulement 64 planches était utopique. Il en résulte une espèce de frustration du lecteur lors de certaines scènes, comme les combats contre les dragons. Plus l’histoire avance et plus ces affrontements sont courts. Cette compression narrative génère des incompréhensions. Il arrive par exemple qu’un personnage meure sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. La frustration est d’autant plus grande que l’histoire principale est particulièrement immersive. Ce scénario aurait mérité d’être décomposé en, au moins, deux tomes. Ceci aurait permis de mieux décrire les personnages et d’étoffer les phases de combat. Ce défaut est malheureusement trop fréquent dans les épisodes de la série “Sept”. La prometteuse saga “Mercenaires” par exemple, certes chez un autre éditeur, avait toutes les qualités requises pour intégrer le concept Sept. Mais plutôt que d’en faire un one-shot, les auteurs ont pris le risque de créer une nouvelle saga. Ceci leur permet de prendre le temps de développer leurs personnages au fil des planches, augmentant ainsi l’immersion du lecteur dans ce nouvel environnement.

Beaucoup de bonnes idées donc, dans un contexte d’héroïc-fantasy maintes fois décliné. Mention spéciale à la conclusion de ce récit. Une fin assez bien amenée et surprenante mais dont la brièveté augmente (encore) le sentiment de privation.

Restent deux tomes à paraitre dans cette saison. Le prochain épisode de la série s’intitulera “Sept Détectives”. Herik Hanna et Eric Canete seront aux commandes.


(T12) Sept Dragons
- Série : Sept
- Scénario : Nicolas Mitric
- Dessin : Sylvain Guinebaud
- Couleur : Sébastien Gérard
- Editeur : Delcourt
- Collection : Conquistador
- Dépôt légal : 21 mars 2012
- Format : 230 x 320 mm
- Pagination : 64 pages couleurs
- ISBN : 978-2-7560-2442-4
- Prix Public TTC France : 14,95 €


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Illustrations © Sylvain Guinebaud et Delcourt (2012)



Allison & Julien
20 juillet 2012




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