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City Hall (T1)
Guillaume Lapeyre et Rémi Guérin
Ankama-Kuri

L’histoire du monde n’est pas celle qui est enseignée. La vérité est bien plus sinistre. Il fut un temps où ceux sachant écrire et étant un minimum imaginatif parvenaient à rendre réel leurs écrits. Si cette faculté permit des avancées technologiques phénoménales, elle provoqua aussi une guerre inique qui faillit être fatale à la civilisation. Après avoir rétabli la paix, les gouvernements mondiaux décidèrent d’interdire tout écrit et l’utilisation du papier. C’est dans ce monde où tous les modes de communications sont électroniques et où les hommes ont oublié l’origine de cette loi interdisant l’écriture qu’un meurtre mystérieux est perpétué. Un ministre est assassiné au sein du 101 Downing Street. Mais ce qui va inquiéter les autorités du City Hall au plus haut point est cette feuille de papier manuscrite retrouvée sur le cadavre.



Pour le maire de Londres, Malcolm Little, il n’y a aucun doute, un écrivain sème la terreur dans City hall et cela pourrait annoncer bien d’autre catastrophe. Pour stopper ce terroriste d’un nouveau genre, il doit faire appel à une des rares personnes ayant assez d’imagination et ayant appris à écrire sur du papier : Jules Verne. Accompagné de son fidèle aide, Arthur Conan Doyle, Verne découvre le terrible passé caché aux dernières générations, celui du pouvoir des écrivains. Pour lutter contre le mystérieux assassin, Malcom Little lui confie une véritable arme de destruction massive : un carnet et des stylos. Il était grand temps car une gigantesque créature sème soudain la terreur au centre de Londres. Entre l’étonnant pouvoir de déduction de Conan Doyle et l’imagination de Verne, tous les espoirs sont encore possibles. Mais Verne est-il de taille pour cette mission ?

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Le duo formé par Guillaume Lapeyre et Rémi Guérin ne nous est pas inconnu. Ils nous avaient déjà étonné avec la série « Explorers », éditée aux éditions Soleil. Déjà, les deux auteurs nous entraînaient dans le monde de la littérature, s’attaquant à des oeuvres emblématiques du roman d’aventures et ce n’est certainement pas un hasard si deux des oeuvres visées dans les trois tomes de la série étaient « Sherlock Holmes » de Sir Arthur Conan Doyle et « 20 000 lieues sous les mers » de Jules Verne. Le style graphique de Guillaume Lapeyre était déjà fortement marqué par le style manga. Il ne faut donc pas s’étonner de retrouver ce duo d’auteur pour une série sous le format authentique du manga.

« City Hall » nous plonge dans un monde où les écrits deviennent réalité et où la soif du pouvoir a poussé les hommes à bannir les livres, le papier et les modes d’écritures manuelles. Pour défier un mystérieux super-méchant au costume de corbeau - une influence des légendes asiatiques-, ce ne sont pas moins que Jules Verne et Arthur Conan Doyle qui doivent affronter ce dangereux ennemi. Les deux auteurs sont représentés par leurs principales qualités transparaissant dans leurs ouvrages ou leurs principaux héros : le côté visionnaire de Verne et les déductions hors paires pour Conan Doyle. Cette uchronie un peu déjantée nous fait penser à l’«  Omega Complex Omega Complex (T1) Pulsar » de Shonen et Izu, ce même décalage de l’histoire du monde, en utilisant de véritables personnages historiques à leur avantage. Est-ce une marque d’une forme de « french touch » dans le manga ? En tout cas, comme pour Shonen, le résultat est vraiment bien ficelé et le lecteur ayant quelques connaissances en histoire et en littérature se prend à rechercher les multiples références que cache la série.

Car au-delà d’une idée de base particulièrement originale, Lapeyre et Guérin vont jouer avec un plaisir évident avec des personnages historiques (Malcolm X, Amélia Earheart,...), mais aussi des personnages de fiction (Ripley et le Nostromo...) . Une lecture à plusieurs niveaux apparaît donc et fait toute la richesse de ses mangas à la française qui ont réellement pris une voie très intéressante et qui poussent le lecteur à vérifier quelle peut être l’origine de tel ou tel personnage.

Graphiquement, là aussi, une « french touch » apparait. même si nous ne sommes pas à un niveau de qualité d’un Shonen, le résultat est très intéressant. Les personnages présentent encore quelques petits défauts d’une planche à l’autre, mais la qualité est bel et bien là et les créatures issues des écrits de papier sont très réussies : des monstres organiques du Lord Black Fowl aux monstres mécaniques de Verne, notre duo a trouvé un design original pour leurs créatures et elles marquent la série aussi fortement que les trois héros. Il fallait un personnage féminin digne de ce nom pour tenir la dragée haute aux deux écrivains et Amélia Earheart est très réussie (pas seulement graphiquement). Son potentiel est très important et on sent que l’action sera de la partie dans le tome 2 grâce à elle.

« City Hall » est une excellente surprise et que ce titre soit 100% français est d’autant plus remarquable que les productions de mangas français avaient bien baissé de niveau depuis les arrêts des séries de Shonen et Izu. Heureusenement Guillaume Lapeyre, Rémi Guérin nous offre une génie originale et passionnante.


City Hall (T1)
- Auteur : Guillaume Lapeyre, Rémi Guérin
- Éditeur : Ankama
- Collection : Kuri
- Format : 130x180 mm
- Dépôt légal : 14 juin 2012
- Pagination : 192 pages
- Numéro ISBN : 978-2-35910-312-0
- Prix public : 7,95 €


© Editions Ankama - Tous droits réservés



Frédéric Leray
14 juin 2012




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