Quand la maladie s’est répandue, les enfants touchés furent mis à l’écart de la société et de la ville. La famine commençait à toucher une population ne trouvant plus de travail. Ils furent alors mis au service des adultes, en cultivant les champs, exploitant des fermes ou alors transformés en chasseurs. Régulièrement, ils livraient leur production au pied de la tour que construisait l’entreprise Babel. Ils étaient entrés dans une forme de routine, jusqu’au jour où ils comprirent que les adultes se servaient d’eux. Ils avaient promis à ceux qui travaillaient le plus de les accueillir dans la tour Babel pour les soigner, mais ils ne les défendaient pas contre les animaux sauvage et les dangers de la nature. Menés par le chef des chasseurs, Sakaki, Ko et les autres se mirent à vivre en autarcie, livrant toujours une partie de leur production. Mais quand la tour Babel fut achevée, un vent de colère éclata chez les adultes et une guerre civile commença au coeur de la tour.
Ce cinquième tome de « Sprite » nous éclaire sur l’avenir de Tokyo. Les enfants subissant le vieillissement prématuré vont enfin expliquer ce que sont devenus les adultes de leur époque et pourquoi l’immeuble Babel - qui porte bien son nom - est-il rempli de cadavres. L’explication est très pessimiste sur l’avenir du genre humain, mais se veut refléter la véritable maladie qui gangrène nos sociétés : l’égoïsme et avarisme. Ce sera la recherche de sécurité par un petit gorupe contre le bien être de la majorité qui engendrera le chaos. Le monde de 2060 est ghettoïsé à l’extrême. Les enfants malades sont écartés de la ville, soit disant pour éviter une contamination, les pauvres - la majorité - sont exploités par les riches industriels jusqu’au point de rupture. Et ce point provoquera une révolte des plus sanglantes qui sera fatale aux adultes. Yugo Ishikawa nous décrit un futur pessimiste, avec une société au bord de l’implosion, mais qui ne nous parait pas si éloignée que cela finalement.
La seconde partie du tome présentera l’affrontement entre les enfants malades et les voyageurs temporels. Le fanatisme des enfants, voulant tuer les adultes pour prendre possession des femmes, n’est pas en leur faveur et ce sera évidemment une légère étincelle qui provoquera le début de l’échauffourée. On aurait pu croire que les discussions censées allaient prendre le dessus sur l’idéologie, mais ce ne sera pas le cas. C’est encore une vision peu flatteuse de notre société. Cette fois, ce sont les enfants qui sont montrés du doigt, incapable de pardonner mais surtout d’analyser les situations sans une vision partisane, qui n’est guère différente d’une forme de racisme ou de xénophobie. Les conséquences seront un bain de sang et il faudra une intervention presque mystique pour tout arrêter. Yugo Ishikawa est à la limite du paganisme et de l’incarnation de la mère nourricière, cette divinité préhistorique. Mais quoi de surprenant pour une civilisation revenue à l’age de pierre.
« Sprite » se retrouve plongé dans un bain de mysticisme et de croyance primitive qui vont impacter le futur des voyageurs, une réflexion très adulte qui ne sera que peu comprise par un trop jeune public. Mais ce n’est pas vraiment le lectorat de ce shonen destiné en réalité aux adultes.
Sprite (T5)
Auteur : Yugo Ishikawa
Traducteur : Lilian Lebrun
Éditeur français : Kaze Manga
Collection : Shonen
Format : 150 x 210, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 208 pages
Date de parution : 16 mai 2012
Numéro ISBN : 978-2-82030-372-1
Prix : 7,69 €
A lire sur la Yozone :
Sprite (T1)
Sprite (T2)
Sprite (T3 et 4)
SPRITE © 2010 Yugo ISHIKAWA / Shogakukan Inc.
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