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Alibis n°42
L’anthologie permanente du polar
Revue, n°42, polar, noir & mystère, nouvelles – entretien - article - critiques, printemps 2012, 144 pages, 10CAD

Pour ce numéro 42, attardons-nous sur Bernard Duchesne, designer, dessinateur, collaborant depuis le début avec la revue. En plus de nombreuses illustrations intérieures, il signe aussi la couverture, en parfaite adéquation avec la nouvelle “La mort a son prix” écrite par… Bernard Duchesne.
Il est amusant de faire le parallèle entre l’éditorial de Jean Pettigrew (“Un prix béton”) et “La mort a son prix”, parlant tous les deux du trophée, une création de Bernard Duchesne, accompagnant le Prix Alibis.
Ce A en béton avec la barre verticale empoignée par une main squelettique, que l’on peut voir sur la couverture, est bien dans l’esprit polar, noir et mystère : parfait pour assommer quelqu’un - encore faut-il taper doucement ! - ou pour dissimuler des preuves dans le ciment…



Dans son texte, Bernard Duchesne fait preuve d’un bel humour. Il témoigne de sa frustration à ne pas être publié dans « Alibis », alors qu’il s’échine à en embellir les pages depuis la première heure. Aussi, lorsqu’il se voit confier la mission de matérialiser le Prix Alibis, voit-il là l’occasion de se venger… Drôle, cette tranche de vie détournée montre que l’illustrateur a plus d’une corde à son arc et qu’il ne se prend pas forcément au sérieux.

Pour information, le Prix Alibis s’adresse aux auteurs du Québec et du Canada francophone, il récompense chaque année une nouvelle de polar, de noir ou de mystère. En plus d’avoir son texte publié dans le numéro d’été de la revue, le gagnant reçoit une somme de 1000 CAD et un voyage en France pour un festival de polar lui est offert. Et bien sûr, à partir de maintenant, un A pesant son poids.

Geneviève Blouin, qui a remporté ce prix en 2011, nous parle justement de son périple au festival du polar de Toulouse. Pour elle, et comme beaucoup de Québécois, la France “c’est comme le Québec, sauf que…” Découverte du Fronton, température de 18° estival pour Geneviève Bouin et son compagnon, alors que les Toulousains sortaient couverts, travers agaçant de la culture française… ambiance garantie pour un compte-rendu des plus savoureux.
À lire “Comme une poupée brisée” de cette auteure, le lecteur comprendra parfaitement qu’elle a mérité cet honneur. Deux enquêteurs arrivent dans un appartement où un bébé, visiblement battu, gît mort dans son berceau. Sauront-ils dépasser les apparences, ne pas laisser leurs émotions prendre le pas sur leur esprit de déduction ?
Solution inattendue, déroulement très bien mené pour un bon moment de policier.

Dans « Alibis 41 », Claude Lalumière avait signé, à mon sens, le meilleur texte au sommaire. “Elle le regarde nager” n’a pas la même idée forte que “Ted et sa collection”. Une femme s’interroge sur ce qui la lie encore à son mari. L’argent peut-être, le sexe aussi. Plutôt que de prendre une décision, si le destin choisissait pour elle ?
Froid, à la conclusion immorale en diable, du noir qui manque tout de même un peu de peps.

Paul Scadera nous parle d’un groupe de femmes formant le conseil d’administration d’une coop dans la ville de Québec. Un homme leur pourrit la vie et la police traine les pieds pour s’occuper de son cas, les laissant démunies face à l’impatience des propriétaires, mécontents que ce problème soit leur priorité.
Procès-verbal” s’inscrit dans un quotidien avec des gens normaux qui se retrouvent face à une situation de crise les soumettant à rude épreuve. Le tour de force de Paul Scadera se situe là. On se dit qu’effectivement, ce qu’il décrit pourrait arriver et que c’en serait à peine étonnant. Belle performance !

Un écrivain aimant bien parsemer ses romans de crimes tous plus atroces les uns que les autres réalise un jour que tant qu’il ne sera pas passé à l’acte lui-même, ses descriptions seront vides de sens. Révélation qui l’empêche d’écrire la moindre ligne, alors il se met en chasse.
Ce postulat de départ semble gratuit, comme la bêtise du personnage se croyant dans une fiction… jusqu’à ce que la réalité le rattrape. “La page rouge” de Raphaëlle B. Adam, première publication d’une auteure à suivre.

La victime et son bourreau” de Yves-Daniel Crouzet est le plus long texte au sommaire. Tout est dans le titre ! Un homme a attaché un vieillard sur une chaise et le torture pour qu’il avoue où il a caché son magot. Ce n’est que petit à petit que nous sont révélés les tenants et aboutissants de cette horrible situation. Jusqu’au bout, l’auteur parvient à ménager ses effets. Récit très prenant, au déroulement diabolique.

Dans la partie rédactionnelle, Pascale Raud interviewe Johanne Seymour, l’organisatrice des Printemps Meurtriers de Knowlton. On y découvre les motivations et volontés de l’écrivaine, désireuse de faire de cette première édition du festival international de littératures policières « une vitrine de ce que ça pourrait devenir ».

Suivent les entretiens de six policiers québécois, orchestrés par Sébastien Aubry qui s’est posé la légitime question : “Le polar a-t-il la cote chez les policiers ?” Des professionnels du métier répondent à ses interrogations.

Bien sûr, des chroniques et une vitrine des sorties complètent ce numéro que l’on qualifiera de très bon.
Les nouvelles et articles ne déçoivent pas et nous emmènent très loin dans le polar, le noir et le mystère.
« Alibis », une revue qui mérite vraiment le détour.


Titre : Alibis
Numéro : 42
Comité de rédaction et direction littéraire : Martine Latulippe, Jean Pettigrew
Couverture : Bernard Duchesne
Type : revue
Genres : nouvelles, entretiens, articles, critiques
Site Internet : Alibis ; numéro 42 ; volet en ligne du numéro 41
Période : printemps 2012
Périodicité : trimestriel
ISSN : 1499-2620
Dimensions (en cm) : 13,2 x 20,9
Pages : 144
Prix : 10 CAD



François Schnebelen
28 mai 2012


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