En arrivant dans le monde des morts, Garth se découvre une amitié avec le Nightmare, mais il ne connait pas encore les règles du monde de cet univers et c’est un peu par hasard qu’il rencontre le guide idéal, son propre grand-père, un homme que sa mère avait refusé de voir à cause de ses problèmes d’alcool. Que fait-il donc aux portes de Ghostopolis, pas plus âgé que lui ? Pendant ce temps, Frank s’est tourné vers la seule personne capable de l’aider à entrer dans le royaume des morts, son ex-petite amie, Claire. Cette dernière est en réalité un fantôme vivant sur terre et leur rupture n’a pas été des plus simples. Pourtant, elle accepte de l’emmener dans cet univers gouverné par les morts, en particulier par l’ancien fiancé de Claire, à qui Frank l’a arrachée, le maître de Ghostopolis, Vaugner.
Doug Tennapel est un auteur venu des jeux vidéos. Il est connu dans l’univers des gamers pour avoir créé dans les années 90 la créature plutôt loufoque de Eartworm Jim. En s’attaquant à la bande dessinée dans les années 2000, il se lance un nouveau défi qui donnera en 2010 la BD « Ghostopolis ».
Doug Tennapel reste dans un monde enfantin grâce à son petit héros, Garth, son rapport avec le Nightmare étant aussi dans cette logique, assez proche du jeu vidéo. C’est bien sûr avec l’intervention des adultes que les choses se compliquent réellement. On peut voir dans cette visite de Ghostopolis le combat de Garth contre sa maladie incurable. Le mal est représenté par Vaugner, ce tyran qui pousse les morts à revenir sur terre. L’histoire racontée par Tennapel est extrêmement riche, bourrée de métaphores sur la mort, sur l’amour plus fort que la mort.
Frank est quelque part un Orphée ayant réussi à sortir son Eurydice des Enfers mais pour qui l’histoire a tout de même mal tourné, n’ayant pas réussi à préserver son amour. Son retour dans le monde des morts avec Claire est certes une rédemption pour avoir envoyé le pauvre Garth dans l’Outre-Monde, mais aussi une reconquête de son amour perdu. Pour Claire, c’est aussi la conquête d’un royaume qui sera en jeu. En tout cas, nos deux héros vont devoir pour cela affronter le méchant de l’histoire, Vaugner. Ce dernier est la caricature du tyran, sans avoir vraiment d’envergure jusqu’au combat final, qui nous ramenera dans l’univers des jeux vidéos par sa mise en scène.
Les planches composant cet album sortent de l’ordinaire par la taille conséquente des cases, nous sommes assez éloignés de la construction du comics mais plus proche de celle du manga. Son dessin est assez épuré, nous ramenant plus à un style des années 70. Les personnages sont cartoonesques et les créatures d’outre-monde réellement tout public. Tennapel a adapté son destin à son héros, un enfant, il était donc normal que le dessin soit plus enfantin qu’adulte. Les couleurs du duo Katherine Garner et Tom Rhodes ajoutent au plaisir de lire « Ghostopolis ». Nous sommes sur du traitement informatique mais le choix de la palette de couleur met bien en valeur les crayonnés, gardant la logique mise en place par Tennapel.
« Ghostopolis » est une histoire prenante, pouvant se lire à bien des niveaux et bien des ages.
Ghostopolis
Scénario : Doug Tennapel
Dessin : Doug Tennapel
Couleurs : Katherine Garner, Tom Rhodes
Design : Phil Falco
Traduction : Philippe Touboul
Éditeur : Milady
Collection : Graphics
Dépôt légal : 23 mars 2012
Pagination : 272 pages couleurs
Numéro ISBN : 9782811206079
Prix public : 22,90 €
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