C’est en tant qu’émissaires du dieu Quetzalcóatl que Cortés et ses hommes furent reçus et leurs armures leur donnaient une apparente immortalité. Mais poussé par ses sorciers, Moctezuma commença à douter de la divinité de ses invités. Toutefois, Cortés eut alors un autre soucis en tête. Le roi d’Espagne doutait lui aussi de lui. Le souverain était convaincu que son émissaire lui volait l’or destiné aux coffres du royaume d’Espagne. Et pour le punir de ce crime de lèse-majesté, Panfilo de Narvaez fut envoyé pour ramener Cortés enferré en Espagne. Mais c’était mal connaitre le conquistador qui était prêt à affronter son bourreau pour prouver au roi sa bonne foi. Avant, il devait donner une leçon à l’empereur aztèque et il manda Hernando Royo et son meilleur homme pour former un groupe de voleurs et dérober une bonne partie de l’impressionnant trésor en or de Moctezuma. Et cet homme est en fait une femme fatale : la belle et mortelle Catalina.

Existe-t-il une période de l’histoire du monde qui échappe à la connaissance encyclopédique de Jean Dufaux ? En tout cas, ce scénariste de génie s’attaque avec « Conquistador » à la conquête de l’Amérique centrale avec la même maestria que pour ses séries précédentes. Jean Dufaux nous entraîne au début du XVIè sièle alors qu’Hernan Cortés s’apprête à conquérir l’Empire Aztèque. Fait peut-être exceptionnel, Dufaux ne nous donne pas vraiment une leçon d’histoire mais utilise les faits historiques pour introduire son aventure où le fantastique aura inévitablement une importance non négligeable. Mais avec ce premier tome, nous n’en sommes pas tout à fait là.
Le récit de Jean Dufaux n’est pas totalement linéaire, zappant entre plusieurs périodes de la vie de son héros, Hernando Royo... Héros est peut-être un peu excessif car ce personnage a tout de l’anti-héros qui est entraîné dans une aventure qui le dépasse. Encore une fois, la gent féminine sera dignement représentée par une femme forte et d’une grande beauté, Catalina. A noter que la confrontation entre Cortés et Narvaez est un fait historique avéré. Le récit de Dufaux tourne tranquille dans un mixte des « Mystérieuses Cités d’Or » et de « Apocalypto ». L’action prend peu à peu le pas sur les références historiques et le chaos va bientôt envahir la forêt mexicaine. La tension augmente crescendo, l’atmosphère devient lourde et claustrophobique jusqu’au cliffhanger final qui annonce l’arrivée du fantastique pour la suite de l’aventure.
Pour « Conquistador », Philippe Xavier s’est vraiment dépassé. L’association de son coup de crayon impeccable et des couleurs de grande qualité de Jean-Jacques Chagnaud nous donne des planches d’anthologie qui nous entraînent sans concession dans cette forêt sans pitié pour les espagnols. Dès les premières pages, le lecteur comprend que la sublime couverture n’est pas juste une astuce pour l’appâter car le contenu sera de la même teneur : sombre, glauque, emprunt par les ténèbres qui s’apprêtent à engloutir Royo et sa bande de voleurs. Les personnages de Xavier sont vraiment réussis, avec des gueules et encore une fois une sublime héroïne. Les femmes fortes et superbes semblent vraiment sied au dessinateur.
En tout cas, ce premie tome de « Conquistador » se dévore littéralement, vous happant sans la moindre chance d’en sortir intact. Et comme souvent pour les albums du duo magique Dufaux-Xavier, il n’y a qu’un reproche à leur faire : de nous obliger à attendre la suite et fin de ce dyptique qui entrera inévitablement dans la liste des séries incontournables.
Conquistador (T1)
Scénario : Jean Dufaux
Dessin : Philippe Xavier
Couleurs : Jean-Jacques Chagnaud
Éditeur : Glénat
Format : 240 x 320 mm
Pagination : 64 pages couleurs
Date de parution : 25 avril 2012
Numéro ISBN : 9782723486590
Prix : 14,95 €
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