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Féerie pour les Ténèbres, l’Intégrale : Volume 2
Jérôme Noirez
Le Bélial’, Kvasar, 1 roman (France, 2006) et 5 nouvelles, fantasy hors normes, 498 pages, février 2012, 23€

Alors que l’officieur de justice Obicion aspire à un repos bien mérité, la troisième Inquisition saintereloise débute. Près de la moitié des treize reliques de l’empereur chirurgien Chincheface sont de sortie pour châtier les incroyants.
Obicion fuit dans l’En-Dessous chercher de l’aide, afin de demander des comptes au roi Orbarin Oraprim dont une simple peluche ramenée par Malgasta a fait perdre la raison. D’ailleurs, elle s’en veut encore, mais d’autres soucis l’absorbent, elle a peur pour Estrec, transformé en une gigantesque antenne au milieu du dépotoir issu de la Technôle.
Dans le même temps, une sombre trinité officie pour décapiter le royaume de ses hommes les plus puissants, tout en poussant Chincheface, qui se fait appeler Charnaille, à revendiquer son légitime trône.
De quoi donner le tournis…



« Le Carnaval des Abîmes » est en droite lignée du premier volume de cette intégrale de « Féerie pour les Ténèbres ». Jérôme Noirez fait montre de la même inventivité, du même délire pour tourner les têtes.
Maintenant que les heureux lecteurs du tome précédent sont en territoire connu, ils ne profitent que davantage de cette imagination si fertile, si débordante que la réalité s’affranchit de son cadre cartésien.
Et pourtant, après l’avalanche d’évènements déjà survenus, on pouvait craindre un essoufflement, une perte de vitesse, mais il n’en est rien. Jérôme Noirez en a gardé sous le pied et a choisi de finir son cycle en grande pompe avec une extraordinaire parade à Caquehan. De plus, la trame spatiotemporelle est déchirée pour nous éclairer sur l’éruption de Technôle, ce qui amène plus d’interrogations que de réelles lumières. Il fait dans la démesure complète en conclusion, renforçant encore notre sentiment d’écrasement face à un cycle monumental.

La question qui m’est tout de suite venue à l’esprit, c’est comment, après avoir mis la barre aussi haute, Jérôme Noirez allait rebondir ? N’ayant pas lu « Leçons du Monde Fluctuant », je suis bien en peine de pouvoir y répondre, mais pour moi, « Féerie pour les Ténèbres » constitue une œuvre charnière dans la carrière de l’auteur, ainsi que dans le paysage éditorial français.
À coup sûr, son nom sera durablement associé à « Féerie pour les Ténèbres ».
C’est si bon qu’il l’a bien cherché !

Au sommaire de ce second volume, cinq nouvelles, dont deux inédites, complètent l’ensemble et permettent d’en prolonger la magie.
Pour qui grincent les gonds” met en scène une des treize reliques de Chincheface. La papauté de Sainterel règne par la terreur qu’elle inspire et l’administration de la justice marque les esprits. Un violeur subit le châtiment de la porte. En assistant à la mise à mort, sa jeune victime est punie une seconde fois. Très belle nouvelle !

La dernière chasse de Joliot de Lourche” nous projette quelques décennies dans l’avenir. Les gisements de Technôle se sont taris, mais ils ont été remplacés par une profusion de fées. Dans sa recherche de gobes, déjections des fées des toitures, les viescusines, Joliot nous permet de découvrir toute cette faune entraperçue dans la mystérieuse ville de Gourios, lieu emblématique du cycle.

Dans “Le mesnagier de Barugal”, c’est-à-dire le message que laisse Barugal à sa femme, on en apprend plus sur cet étonnant personnage jouant un rôle de composition. En effet, il est surnommé le fou, car toujours barbouillé de sang, beuglant en public, alors qu’en privé, il s’agit d’un érudit, amoureux de la lecture. Il laisse à sa mie des conseils pleins de bon sens !

Dans “Le Grand Mâchouilleur”, Jectin de Lourche raconte une histoire horrifique à Grenotte et Gourgou dans le dortoir des orphelins de la collégiale Sainte-Cadacace. Nous retrouvons donc les deux petites terreurs en début de « Féerie pour les Ténèbres ».

Sous le pont” illustre la lutte entre créatures étranges pour libérer un pont.

Pour être complet, Le Bélial’ a choisi de clore le livre par la bibliographie de l’auteur, concoctée par le maître en la matière, Alain Sprauel.

Pour cette intégrale de « Féerie pour les Ténèbres », l’éditeur n’a pas transigé. Aussi bien par la présentation impeccable des livres que par le contenu complet et se voulant définitif, il a vu grand pour ce deuxième ouvrage de la collection Kvasar, synonyme de qualité et d’exigence.
On lui en saura gré. Il fallait bien ça pour rendre justice à cette monumentale œuvre de fantasy hors des sentiers battus et au souffle si puissant qu’elle marque les imaginations.

Lire cette intégrale de « Féerie pour les Ténèbres » est particulièrement jouissif. C’est délirant, grandiose, démesuré… noirezien, quoi !

Ne passez pas à côté, ce serait vraiment dommage !


Titre : Féerie pour les Ténèbres, l’Intégrale
Second volume composé de : Le Carnaval des Abîmes, Sous le pont, Pour qui grincent les gonds, Le Grand Mâchouilleur, La dernière chasse de Joliot de Lourche et Le mesnagier de Barugal
Auteur : Jérôme Noirez
Couverture : Aurélien Police
Premières éditions françaises : Le Carnaval des Abîmes (Nestiveqnen, 2006), Sous le pont (Faeries 14, 2004), Pour qui grincent les gonds (Emblèmes 14, 2005) et Le Grand Mâchouilleur (Faeries 16, 2004)
Éditeur : Le Bélial’
Collection : Kvasar
Directeur de la collection : Olivier Girard
Site Internet : Roman (site éditeur), la bande originale, l’illustration d’Aurélien Police
Pages : 498
Format (en cm) : 15,1 x 22
Dépôt légal : février 2012
ISBN : 978-2-84344-109-7
Prix : 23 €



Lire également la chronique du volume 1 de cette intégrale de « Féerie pour les Ténèbres »


François Schnebelen
22 mars 2012


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Illustration d’Aurélien Police pour le volume deux de l’intégrale de Féerie pour les Ténèbres (Le Bélial’, 2012)



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Aurélien Police avait déjà illustré en 2006 le roman Le Carnaval des Abîmes (Nestiveqnen)



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