Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Chant d’Apollon (Le)
Osamu Tezuka
Kana-Sensei

Shogo Chikaishi est un cas social un peu particulier : il déteste tout ce qui symbolise l’amour. Pour le moment, le jeune homme ne s’est attaqué qu’à des animaux mais de peur qu’il ne s’en prenne à des êtres humains, Shogo se retrouve enfermé dans un hôpital psychiatrique. Le garçon n’a d’ailleurs jamais connu l’amour. Rejeté par sa mère qui ne le désirait pas, ignorant la véritable identité de son père, il découvre rapidement que sa mère se donne à de nombreux hommes dont l’un est peut-être son géniteur. Malheureusement, quand il surprend sa mère, celle-ci le bat comme plâtre. Mais aujourd’hui, c’est derrière des murs capitonnés qu’il se retrouve et subit un bien étrange traitement...



La déesse

Comment est-il arrivé dans ce temple, au pied d’une gigantesque statue d’Athéna ? Shogo n’en sait rien mais la statue se met à lui parler, lui lançant une véritable malédiction : tant qu’il ne connaîtra pas l’amour vrai, il devra vivre des histoires d’amour impossible car dès lors qu’il ressentira ce sentiment, la femme qu’il aimera ou lui-même mourra, et il devra alors renaître pour vivre une nouvelle histoire d’amour. C’est ainsi que Shogo se réveille durant la Seconde Guerre mondiale, en tant que soldat nazi surveillant un train de juifs se dirigeant vers un camp de concentration...

Hiromi Watari

Malgré ces expériences traumatisantes, Shogo ne semble pas avoir évolué. Pire, alors qu’il se promenait dans les jardins de l’hôpital, il est agressé par une nymphomane qui sera retrouvée morte peu de temps après. Convaincu d’être devenu un meurtrier, Shogo s’enfuit vers Tokyo, pour se cacher chez sa mère. Mais l’accueil n’est pas celui qu’il attendait et il n’est pas non plus très convivial. La police ayant son portrait, il se doit de fuire les autorités. Etait-ce vraiment le hasard qui amena Hiromi Watari sur son chemin ? En tout cas, la jeune femme l’emmène dans la montagne, loin de tout et lui propose un drôle de pacte pour tenter de soigner ses troubles...Mais est-ce bien la réalité ou ne vivrait-il pas plutôt dans un futur où la race humaine est devenue esclave de bioroïdes...

JPEG - 66.7 ko

Quand Tezuka parle de sexualité

« Le Chant d’Apollon » est à la fois surprenant et très représentatif de l’oeuvre d’Ozamu Tezuka. Le surprenant est cette approche très crue de la sexualité. Tezuka, à travers de Shogo, nous parle de l’éducation sexuelle des adolescents de son époque. Rappelons-nous que nous sommes dans les années 1970, en pleine révolution sexuelle, et le Japon se voit une nouvelle fois passé à la loupe du maître du manga.

Le début de cette histoire nous fait évidemment penser à « Orange Mécanique » de Stanley Kubrick, même si Shogo ne s’attaque alors qu’aux animaux. L’expérimentation va alors tourner au fantastique et plutôt au fantasmagorique car Shogo va vivre de multiples histoires d’amour, devant en fait s’ouvrir à l’amour vrai. Tezuka n’est pas tendre avec son héros, le rendant particulièrement antipatique dans ce qui va nous sembler être la réalité. Dans ces rêves ou ces fantasmes dirigés, il devient bien plus tolérant et ouvert aux sentiments. Mais comme le veut la malédiction, toutes ses histoires d’amour finiront mal. Est-ce une vision très pessimiste du mangaka sur la jeunesse des années 70 ? En tout cas, ses conclusions semblent prouver que l’amour vrai n’a aucun espoir d’exister... et quelques soient les époques.

Car Tezuka va faire voyager son héros dans le temps et, au passage, nous expliquer sa conception du bien et les craintes qu’il a dans notre futur. Il débute par la Seconde Guerre Mondiale et l’amour impossible entre une jeune juive et un soldat allemand. Il faut avouer que l’analyse de Tezuka est vraiment pertinente et sans complaisance. Mais là où il va surprendre et surtout prouver encore une fois son côté visionnaire, ce sera avec sa description du futur. L’humanité se sera détruite elle-même en ne faisant pas attention à la pollution atmosphérique qu’elle générait et en créant une espèce synthétique qui va peu à peu le supplanter. Entre « La Planète des singes » et « Soleil Vert », Tezuka y développe une relation entre son héros humain et une bioroïde souhaitant comprendre ce qu’est l’amour. Il va utiliser les théories du clonage. Rappelons ici que le premier clonage animal date de 1963 et Tezuka n’hésite pas à imaginer une conception très étendue de cette technique.

On peut être plus septique de son choix de la thérapie par le sport. Hiromi propose de soigner Shogo en l’entraînant pour le marathon. Ce choix scénaristique a de quoi laisser dubitatif, mais le talent de conteur de Tezuka finit par convaincre, ou nous laisser penser que ce n’est qu’une technique pour qu’on ne se focalise pas sur le traitement en lui-même mais plutôt sur la relation des deux jeunes gens. Il faut aussi noter que le mangaka va s’attaquer aux suicides amoureux, aux syndrome « Roméo et Juliette ». Si le suicide chez les jeunes nippons est toujours un sujet de préoccupation, on peut obsever que Tezuka se montre très critique sur le phénomène, allant jusqu’à faire en sorte que son héros se débarrasse du corps du jeune homme suicidaire comme d’un vulgaire bout de viande.

On pourrait passer des heures à décrypter cette oeuvre d’une incroyable richesse, mais pour vraiment vous faire une idée du talent incomparable d’Osamu Tezuka, il n’y a qu’un seul moyen : lire « Le Chant d’Apollon ».


Le Chant d’Apollon
- Auteur  : Osamu Tezuka
- Traducteur  : Samson Sylvain
- Éditeur : Kana
- Collection  : Sensei
- Dépôt légal : 20 janvier 2012
- Format : 127x180 mm
- Pagination : 576 pages
- Numéro ISBN : 9782505011613
- Prix public : 15 €


© Edition Kana- Tous droits réservés



Frédéric Leray
2 février 2012




JPEG - 27.4 ko



JPEG - 42.3 ko



JPEG - 28.5 ko



JPEG - 28.9 ko



JPEG - 33.4 ko



JPEG - 34.2 ko



Chargement...
WebAnalytics