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Berceau des Esprits (Le) (T2)
Kei Sanbe
Ki-oon

Un paquebot retourné au milieu de l’océan. Un psychopathe qui n’a plus rien d’humain. Des passagers pris de folie devant des créatures dévoreuses de chairs humaines. De quoi faire perdre la raison à beaucoup... ou d’utiliser le contexte pour assoir une dictature du plus fort comme l’a bien compris Serizawa. Il va forcer les siens à se marquer de sa croix, preuve qu’ils ne sont pas contaminés. Malheureusement, certaines se sentent alors pourvues d’une forme d’impunité leur permettant de se venger de celles qu’elles détestent. Mais cela ne s’arrête pas là car même entre porteurs de la croix, la folie se propage, une folie bien connue de tous qui porte le nom de concupiscence.

Que la vie peut tenir à peu de choses. Une amie coincée, pas très saine d’esprit et qui soudain se met à vous dévorer le bras. Pour Kana Miyamura, c’est le choc, surtout que ses acolytes vont soudain devenir extrêmement méfiants. A-t-elle été contaminée ? Le doute est dans tous les esprits, mais pour certains, c’est plus proche de la certitude et Shimada n’hésite pas à exprimer ses craintes. Mais Kana ne peut accepter que ce misérable handicapé se permette de l’accuser. Toutefois, quand elle découvre que sa blessure a disparu, elle panique à son tour. Il faut impérativement qu’elle cache sa guérison aux yeux de tous et surtout de Takigawa, lui qui n’hésitera pas une seconde à lui fracasser le crane comme il l’a déjà fait avec d’autres infectés. Elle doit tout faire pour leur redonner confiance... ou les éliminer...

Kei Sanbe continue d’analyser le comportement humain dans les pires situations. Le mangaka a placé ses personnages dans une ambiance des plus stressantes, coincés dans un navire en train de sombrer et poursuivis par des zombies et un psychopathe. Mais peu à peu, Kei Sanbe revient à ce qu’il aime le plus : montrer que le pire des monstres est en fait l’humain lui-même. Et il va incarner le pire de l’humanité dans Serizawa et sa milice d’une nouvelle forme. Le jeune homme est la caricature du petit dictateur qui utilise le soutien du groupe pour se donner une force, qui n’a pas de réelle raison d’être. Kei Sanbe analyse la montée d’une forme de sectarisme qui va en peu de temps montrer les pires des dérives, avec le lynchage de ceux qui refusent d’être comme les autres ou de ceux qui ne plaisent pas. Comme toujours, le mangaka sonne juste et appuie sur les points qui font mal avec la précision d’un chirurgien.

Kei Sanbe ne s’arrête évidemment pas là, foisonnant d’idées pour alimenter son récit. Celui de la contamination d’un membre du groupe de héros est certes un grand classique, mais plutôt que d’avoir l’approche de l’apitoiement contre ceux adeptes de l’éradication des dangers potentiels, il va jouer sur la paranoïa des membres de ce groupe, alimentée par celle de la contaminée. Kei Sanbe va d’abord jouer sur le déni totalement de Kana sur son état pour ensuite passer au mensonge pur et dur quand elle découvre qu’elle a réellement été contaminée. Les conséquences vont être catastrophiques pour le groupe, car Kei Sanbe n’est pas du genre à offrir des happy end de facilité, il pousse sa démonstration jusqu’au bout, quitte à sacrifier ses personnages. Et jusqu’où ira-t-il avec « Le Berceau des Esprits » ?

Ce tome 2 confirme la qualité du récit que l’on pressentait après la lecture du premier tome. Kei Sanbe entre désormais dans la catégorie des grands du manga à suspense, plus que d’horreur.

Le Berceau des Esprits (T2)
Auteur : Kei Sanbe
Traducteur : David Le Quéré
Éditeur français : Ki-oon
Format : 130 x 180, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 194 pages
Date de parution : 8 décembre 2011
Numéro ISBN : 978-2-35592-336-4
Prix : 7,50 €

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Frédéric Leray
23 décembre 2011