Genre : Drame (faits réels)
Durée : 1h43

Avec Enrique Piňeyro (T, lui-même), Mercedes Moran (Marcela), Alejandro Awad (Gonzalo), Adolfo Yanelli (L’enquêteur), Carlos Portaluppi (Gordo), Martin Slipak (T enfant), Sergio Boris (Adrian), etc,.

Enfin un film vérité, objet de cinéma pur et ôde à l’intelligence du spectateur qui souhaite apprendre quelque chose.

Enrique Piňeyro, réalisateur, scénariste et acteur principal de ce « Whisky Roméo Zulu » est également un des anciens commandants de bord sur les Boeing 737 de la Lapa (compagnie low-cost argentine). Il en démissiona en juin 1999, prévenant ses dirigeants d’une catastrophe imminente. Personne ne voulut le suivre dans ses conclusions, l’accident survint le 31 août suivant. Il fit 67 morts...

Enrique Piňeyro avoue une passion d’enfance pour l’aviation. À 3 ans, il identifiait déjà un 707 ou un DC8 rien qu’au son de leurs moteurs respectifs ! Pilote pour la Lapa, il entreprit une carrière d’acteur en parallèle.

Le film qu’il nous offre aujourd’hui rassemble le meilleur du cinéma et du docu vérité. Il ne s’agit pas d’un pamphlet ni d’un film inspiré de faits plus ou moins réels. Enrique Piňeyro a souhaité traiter de sa réalité, laisser un témoignage, une vision pour le futur et les familles de l’accident de 1999. Familles auprès desquelles l’état argentin et les différentes commissions d’enquête ont tenté de faire passer l’explication de « l’erreur humaine » avant toute autre... Mais c’était sans compter sur l’obstination d’un enquêteur et sur les révélations d’un pilote démissionnaire de la Lapa quelques semaines avant le drame (Enrique, en l’occurence). Au final, fait sans précédent dans l’histoire de l’aviation civile, l’ensemble des dirigeants de la Lapa et des autorités civiles et militaires concernées par l’affaire se retrouvèrent condamnés par la justice.

Enrique Piňeyro a conçu son film, entre drame intimiste et aventure humaine. Le scénario privilégiant une triple lecture des événements. La vie et les tourments personnels de l’homme passionné d’aviation dès son plus jeune âge, les difficultés du commandant de bord dans l’exercice quotidien de sa profession mais aussi, et c’est le liant de l’intrigue, le déroulement de l’enquête que mène un obstiné des causes perdues au sein de la magistrature argentine (malgré les énormes pressions dont il est la victime). La fin du film présentant les véritables images du crash et les interviews TV des responsables de la catastrophe.

Plus que la représentation d’une situation atroce, c’est le ton du réalisateur, la solidité de la narration et du scénario qui impressionnent. Ouvrant une nouvelle voie, un nouveau langage cinématographique entre la dénonciation sociale à la Ken Loach et le reportage irrévérencieux à la Michael Moore, Enrique Piňeyro touche sa cible et nous convainc totalement.

Impossible de prendre un avion calmement après la vision de ce « Whisky Roméo Zulu » ! Personnellement, j’avais déjà fait une croix sur ce mode de transport depuis plusieurs années. Changer d’avis est encore moins une option après ça.

Un très beau film, totalement effrayant et convaincant. Du cinéma et du vrai.

Stéphane Pons

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Enrique Piňeyro
Scénario : Enrique Piňeyro

Producteur : Veronica Cura

Photo : Ramiro Civita
Son : Marcos De Aguirre
Musique : Eduardo Criscuolo
Direction artistique : Cristina Nigro
Costumes : Ruth Fisherman
Montage : Jacop Quadri

Production : Aquafilms - Enrique Pineyro
Distribution : Mk2 Diffusion

Presse : Monica Donati (Paris)

INTERNET
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