Cette histoire s’intéresse à un pan de la première guerre mondiale plutôt méconnu : l’engagement de l’Australie aux côtés de la Grande-Bretagne. A l’instar des autres pays du Commonwealth, son armée a, en effet, été mobilisée pour défendre la Triple-Entente et a notamment combattu en Nouvelle-Guinée, en Turquie (batailles dont il est question ici) et en Palestine. Le scénario de la BD se sert du fait que cette armée n’était pas composée uniquement de descendants d’occidentaux. Des aborigènes, dont la culture a été opprimée par une colonisation extrême et violente, se sont vus enrôlés. C’est le cas de Freeman, un jeune homme arraché adolescent de la mission dans laquelle il habitait pour être éduqué dans une école industrielle.
Mais sa culture reste ancrée en lui et, tout en vivant les horreurs de la guerre, il découvre le monde dont tout est issu et vers où il pense retourner : le « temps du rêve ». Il s’agit là d’un des mythes fondateurs de la culture aborigène, d’un temps qui précède la création de le Terre et de la matière, d’un temps où les ancêtres ont surgi pour donner la vie. Freeman, qui attend leur retour, a des visions de ce monde parallèle qui l’aide à faire face au présent.

Basé sur de riches références historiques et mythologiques, le récit est intéressant et accrocheur. Cependant, le contexte passe souvent avant les personnages, tant et si bien que l’on suit l’histoire avec une certaine distance, sans vraiment s’attacher aux personnages. Évidemment, Freeman nous est sympathique et le lieutenant-colonel Stlicker force le respect, mais on ne s’investit pas plus que cela émotionnellement.
Même le dessin, réaliste et très bien exécuté, donne un côté presque documentaire. Malgré une colorisation assez minimaliste, il est très agréable. Net et précis, il ne manque pas de dynamisme et les personnages sont bien différenciés les uns des autres.
Il reste deux tomes à l’histoire pour se conclure. On attend particulièrement de savoir quelle va être l’importance du fameux « temps du rêve » car, pour l’instant, il est exclusivement visible par Freeman et ne tient pas beaucoup de place dans le déroulement. On ignore s’il s’agit juste d’un fantasme ou si le récit va tomber dans le fantastique.
Intéressant malgré ses défauts et bien réalisé, « Le Temps du Rêve » accroche assez pour avoir envie de connaître la suite.
(T1) Gallipoli
Série : Le temps du rêve
Scénario : Stéphane Antoni
Dessin : Olivier Ormière
Couleurs : Virginie Blancher
Éditeur : Delcourt
Collection : Histoire & histoires
Dépôt légal : 24 août 2011
Pagination :48 pages couleurs
Format : 230 x 320 mm
ISBN : 978-2-7560-1791-4
Prix public : 13,50 €
© Guy Delcourt Production (2011)