Il y a Yuki-Ona, la belle et cruelle femme des neiges, les étranges samebito, hommes-requins vivant dans les profondeurs, mais aussi de nombreux fantômes et des démons mangeurs de cadavres. Huit belles légendes sont ici rassemblées, permettant de découvrir une mythologie aussi riche que différente de celles auxquelles nous sommes habitués.
Cette bande-dessinée offre un beau voyage dans des contes qui ne nous sont pas familiers. On découvre avec grand plaisir les créatures et le folklore d’une culture différente qui a, elle aussi, sa part de démons et de fantômes. Le titre donne le ton : ce ne sont pas de gentilles petites fées ou des dieux facétieux que l’on croise ici, mais plutôt des déesses implacables et des condamnés revanchards. Il n’y a cependant pas de quoi faire des cauchemars car hormis l’horrible jikininki, le mangeur de cadavres, les contes sont plus poétiques que gores. Ainsi, l’ouvrage s’adresse à une large tranche d’âge.
Chaque récit est introduit par un paragraphe explicatif qui le met en contexte. Petit plus agréable, il permet de s’initier en douceur. Si les histoires sont bien racontées et se lisent facilement, on regrettera cependant qu’elles ne soient pas un peu plus mis en scène. En effet, c’est parfois un peu rapide et il aurait pu être intéressant de s’attarder un peu plus sur des détails, quitte à présenter un ou deux contes de moins. Racontés laconiquement, ils doivent être fidèles aux originaux, mais un peu de temps aurait été nécessaire pour s’attacher aux personnages. Là, on reste assez extérieur et détaché.
S’ajoute à cette impression mitigée la qualité du dessin. Prendre un mangaka pour illustrer des contes japonnais semble être un choix pertinent, pourtant la magie n’opère pas vraiment.
Le principal reproche porte sur les finitions des cases, pas très soignées. Les fonds sont rarement détaillés, les personnages de second plan et de plans éloignés un peu faits à la va-vite. Le tout est plutôt inégal. Alors que certaines cases ou personnages donnent l’impression d’avoir fait l’objet d’attentions particulières, que ce soit dans leurs traits comme dans leurs couleurs, d’autres semblent avoir été un peu trop expédiées. De manière générale, les protagonistes manquent un peu de charisme, ce qui donne moins envie de s’investir dans le récit.
C’est donc avec un avis assez partagé que l’on sort de cette lecture. Si les récits permettent de découvrir de nouvelles manières de conter et une nouvelle culture, la réalisation est plutôt décevante...
Contes cruels du Japon
Scénario : Jean David Morvan
Dessin et couleurs : Saito Naoki
Éditeur : Delcourt
Collection : Ex-Libris
Dépôt légal : 24 août 2011
Pagination :64 pages couleurs
Format : 240 x 320 mm
ISBN : 978-2-7560-1660-3
Prix public : 14,95 €
© Guy Delcourt Production (2011)
