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Démons de Paris (Les)
Jean-Philippe Depotte
Gallimard, Folio SF, roman (France), fantastique, 582 pages, avril 2011, 8,40€

À Paris au début du XIXe siècle, il y a une présidente du conseil qui s’appelle Victoire Desnoyelles, un chef de la mafia qui se nomme le Grand Khan de la Horde d’Or, le jeune Joseph Sterbing ou « Saint-Joseph-des-Morts » qui a le pouvoir de parler avec les défunts, un occultiste qui peut transporter des démons dans notre monde, un étrange et mystérieux ministère des Affaires Implexes, un révolutionnaire russe connu sous le nom de Lénine qui rêve de faire assassiner le tsar Nicolas II, et une bonne dizaine de personnages, tous plus étonnants les uns que les autres.

Pour son premier roman, Jean-Philippe Depotte étonne souvent, séduit et intrigue avec un récit d’une belle densité.

Prometteur, sans nul doute.



Voilà un roman bien étrange, finalement lu (et même dévoré par instants) avec grand plaisir dans cette édition de poche Folio SF, alors que lors de sa réception en grand format Denoël, il m’avait été impossible de franchir les trente premières pages malgré un nombre de tentatives que les doigts de mes deux mains ne suffiraient pas à compter.

Soyons francs, l’avalanche (méritée) de louanges parues sur « Les Démons de Paris » lors de sa parution en février 2010 et mon impossibilité à « rentrer » dans le texte commençaient à sérieusement me désespérer.
Il aura donc fallu cette édition de poche Folio SF et un été globalement idyllique pour ceux qui aiment -comme moi- se munir d’une canne à pêche au bord de l’eau plutôt que de synthétiser leur prochain cancer de la peau en se carbonisant au soleil, pour que le miracle opère.
Pourquoi ? Comment ? Peu importe, seul le résultat compte !

« Les Démons de Paris » est une histoire étonnante, parfois un peu touffue, mais digne des grands feuilletonistes du début du XXe. En effet, on pense tout particulièrement au grand Gustave Le Rouge, à son imagination foisonnante et à ce délicat mélange entre rationalisme et occultisme.
Pas vraiment une uchronie donc, ni un roman steampunk (quoique) et faute de mieux, on tranchera pour un récit fantastique (« fantaisie historique » avoue l’auteur) car après tout il y est question de démons, d’un humain qui parle avec les esprits des morts et de bien d’autres sujets inexplicables.

En résumé, le jeune Joseph Sterbing, star locale du clergé parisien, bientôt prêtre, surnommé « Saint-Joseph-des-Morts », se retrouve plongé dans un vaste complot visant à assassiner le tsar Nicolas II. Petit problème, il y est aussi question des démons Bélial et Baphomet présents à Paris, d’un au-delà qui se superpose à la ville de lumières de cette époque et de bien d’autres sujets dont le fameux ministère des Affaires Implexes !
Autant vous le dire tout de go, la grande réussite de ce roman et d’additionner une multitude de personnages, de situations et d’univers sans jamais faire dévisser le lecteur, bien au contraire. À partir du troisième chapitre (page 60), on est au cœur de l’intrigue et on n’en sortira pas avant la fin.

Si l’auteur souhaitait à l’origine intituler son bébé « Affaires Implexes », Gilles Dumay (directeur de la collection Lunes d’Encre chez Denoël) proposa fort heureusement un titre beaucoup plus accessible (grand-public et vendeur) avec « Les Démons de Paris » qui n’en reste pas moins relativement inclassable par l’ampleur de la vision proposée.
En outre, on apprécie ce joli renversement des valeurs qui nous rend les démons autrement plus sympathiques que les anges avec leur barnum euphorisant digne d’une secte de la pire des engeances.
Eh oui, tout cela n’empêche pas non plus d’avoir de l’humour, de contourner les codes habituels le sourire aux lèvres et d’enchaîner les pieds de nez amicaux à la barbe de ses lecteurs.

De l’imagination, de l’action, un sens évident des dialogues, certes quelques longueurs et deux ou trois moments à survoler (quelques pages par-ci par-là), mais un amour évident de l’écrivain pour tous ses personnages.
Dans une littérature française (de genre ou pas) où ce haut fait d’armes littéraire n’est pas vraiment habituel, il convient de saluer ici l’apparition d’un romancier qui ne néglige pas ses acteurs (principaux et seconds rôles compris).

Et donc, toutes nos excuses aux éditions Denoël, mais il est des mystères que l’on n’expliquera jamais, tout comme ce fameux « ministère des Affaires Implexes ».

Un roman à découvrir séance tenante, à l’image, sans doute, du petit dernier de Jean-Philippe Depotte intitulé « Les Jours Étranges de Nostradamus » (avril 2011, Denoël).


Titre : Les Démons de Paris (roman, France, 2010)
Auteur : Jean-Philippe Depotte
Genre : Fantastique / Fantaisie historique

- Grand format :
Couverture : Daylon (illustration)
Éditeur : Denoël (janvier 2010)
Directeur de collection : Gilles Dumay
Site internet : fiche roman (site éditeur)
Pages : 514
Format (en cm) : 15 x 23 (grand format)
Parution : 4 février 2010
Code Sodis : B26189
ISBN : 978-2-20-726189-7
Prix : 20 €

- Poche :
Couverture : Bastien L. (illustration)
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF, n°396
Catégorie : F10
Directeur de collection : Pascal Godbillon
Sites Internet : blog de l’écrivain, page roman (blog écrivain)
Pages : 582
Format (en cm) : 10,8 x 2,5 x 17,8 (poche)
Parution : 29 avril 2011
Code Sodis : A44129
ISBN : 978-2-07-044129-7
Prix : 8,40 €



Stéphane Pons
8 octobre 2011


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Édition de poche Folio SF n°396 (Gallimard), avril 2011, 8,40€



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Première édition grand format, février 2010, Denoël, 20€.



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