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Carré Blanc
Film français belge suisse luxembourgeois de Jean-Baptiste Léonetti (2010)
7 septembre 2011

***



Genre  : Drame anticipation
Durée  : 1h17

Avec Sami Bouajila (Philippe), Julie Gayet (Marie), Jean-Pierre Andréani (Patrice), Carlos Leal (Jean-Luc), Dominique Paturel (François Malvy), Fejria Deliba (La mère de Philippe), Valerie Bodson (Lise), Viviana Aliberti (Sylvie), Majid Hives (Philippe jeune), Adèle Exarchopoulos (Marie jeune), Nathalie Bécue (La psy), ...

Dans un monde déshumanisé, Philippe et Marie, deux orphelins grandissent ensemble. 20 ans plus tard, ils sont mariés. Philippe est devenu un cadre implacable et Marie assiste impuissante à ce qu’ils sont devenus l’un pour l’autre : des étranger.

Avec ce premier long-métrage, Jean-Baptiste Léonetti renoue avec le cinéma d’anticipation dystopique des années 1970 dans la veine de « THX-1138 » ou « Soleil vert ». Le spectaculaire et les effets spéciaux en moins.
Si à l’instar du film de Richard Fleischer, la société déshumanisé décrite par Léonetti recycle ses morts (Soleil Vert / Carré Blanc), son film, comme le premier film de George Lucas, se déroule dans un univers quasi monochromatique oppressant et retrace la lutte par amour d’un couple contre le système.

Certes, ils ne vivent pas sous terre et ne sont pas accusés de crime sexuel. Pas non plus de cité futuriste gardée par des robots policiers, « Carré Blanc » se déroule sur une terre parallèle à la notre, Un monde où le fascisme aurait pris le pas sur la démocratie et où chaque journée, du réveil au coucher, serait rythmée par les annonces de la voix officielle du régime, via une radio unique ou des haut-parleurs disséminés dans la ville.
Philippe et Marie se sont connus enfants dans un orphelinat d’état et ne se sont jamais quittés. On ne sait trop pourquoi Marie (Super et superbe Julie Gayet - j’aime beaucoup cette actrice) s‘y est retrouvée. Quant à Philippe (Sami Bouajila), sa mère qui travaillait à l’usine de Carré Blanc, a un jour choisi de se donner la mort en se jetant par la fenêtre. Elle ne semble pas être la seule à en être arrivée à cette extrémité. De gigantesques filets ont été depuis tendus aux pieds des tours des cités pour contrer les candidats au suicide.

Le drame du couple est de ne plus parvenir à se fondre dans la masse, dans la décérébration collective, comme ils se sont échinés à leur faire depuis leur enfance. En ne réussissant pas à lui donner un enfant, et en finissant pas se refuser à cet homme qui ne lui parle plus, Maris est le grain de sable qui fait gripper la routine implacable de laquelle Philippe est prisonnier.
Employé des ressources humaines, il fait passer à longueur de journée des tests d’aptitude pervers, allant de la simple humiliation aux tortures physiques, aux aspirants cadres de son département. Et chaque coup de téléphone de sa femme le renvoi au désastre de leur propre vie, de leur condition inhumaine.

Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls en errance, à ne parvenir à porter en permanence le masque du bonheur (un employé doit toujours sourire). Et lorsqu’ils tentent de rompre avec leur train-train, en s’accordant une virée nocturne, ils se retrouvent confrontés à la violence gratuite de quelques cols blancs enivrés cherchant à évacuer le stress auquel ils ont été soumis dans la journée. Car la violence n’a pas disparue avec la déshumanisation de la société. Elle est toujours présente, en coulisse, une violence de groupe envers les plus faibles, sorte de lynchage exutoire pour pouvoir reprendre sereinement son boulot le lendemain.

Tout ceci n’est certes pas très gai, mais résonne avec les mutations bien actuelles de notre présent (les suicides de France Télécom, les slogans électoraux du style travailler plus pour gagner plus, les pertes de valeurs de la république comme la liberté, l’égalité, la fraternité et la solidarité, et la précarité de nos conditions).

Réalisé sans grand moyen, ce premier long-métrage volontairement minimaliste tourné en décors réels (principalement une cité et des bureaux aseptisés) et qui n‘aurait certainement pas vu le jour sans Solair Films & Tarentula (ainsi que l‘entêtement de son auteur réalisateur producteur) doit sa force à la qualité de ses cadrages, de sa photographie, de sa bande son et à la performance de ses deux acteurs.

Vous l’aurez compris, très loin des blockbusters hollywoodiens qui ont déferlé tout l’été sur les écrans, ou de la production nombriliste franco-française, « Carré Blanc » est un film d’auteur atypique sur l’aliénation (à la société, au passé, ….) qui se situe aux frontières du drame social, de l’histoire d’amour et du film d’anticipation.

Une expérience à part et notre film de la semaine.

FICHE TECHNIQUE

Titre original : Carré Blanc

Réalisation : Jean-Baptiste Léonetti
Scénario : Jean-Baptiste Léonetti

Producteurs  : Benjamin Mamou, Jean-Baptiste Léonetti
Producteur délégué :Donato Rotunno
Coproducteurs  : Xavier Ruiz, Joseph Rouschop, Alexander Rodnyansky
Producteurs associés  : Antoine Grandger, Jean-Claude Mamou, Alexis Kolnikoff

Musique originale : Evgueni Galperine
Image  : David Nissen
Direction artistique : Marie-Pierre Durand
Décor  : Noëlle Van Parijs
Montage  : Alexandro Rodríguez, Eric Jaquemin
Distribution des rôles : Constance Demontoy
Son  : Edgar Vidal, Kiku Vidal, Alain Sironval, Livier Hespel, François Musy, Gabriel Hafner
1er assistant réalisateur  : Freddy Verhoeven

Production : Solair Films, Tarantula ? Télévision Suisse-Romande
Distribution  : DistriB Films (2011) (France)

Relation presse  : Jean-François Gaye / Lison Müh-Salaûn pour Dark Star

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=> La bande annonce


© Images : DistriB Films - Tous droits réservés



Bruno Paul
7 septembre 2011



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