Jamais Luck n’aurait pu imaginer que sa chance allait véritablement tourner grâce au collège. Car le jeune homme est loin d’être un élève acidu aux cours de dessin. En fait, c’est cette femme, invitée par la prof, que Luck a pris un peu de haut, qui l’a renvoyé dans ses 22. Il la prenait pour une snobinarde venue leur balancer de grandes phrases sur les artistes d’aujourd’hui et il s’avère que c’est une pro du grafiti. Et non seulement elle a assez d’expérience pour lui en montrer, mais elle s’intéresse en plus à son travail, jusqu’à lui proposer de participer à un grand concours de grafitis. Bon, tout le monde la prend pour une couguar mais pour Luck, c’est une nouvelle voie qui s’offre à lui.

Michel Falardeau s’est d’abord frotté au dessin animé traditionnel avant de se lancer dans la BD, après la fermeture des studios où il travaillait. Il parvient à percer en 2005 avec la série « Mertownville ». Avec « Luck », Michel Falardeau nous raconte les délires d’un jeune garçon, qui n’arrive pas vraiment à trouver sa voie et qui aura comme une illumination grâce à deux rencontres, deux femmes. S’il s’agit d’une histoire de mec écrite par un mec, les personnages féminins ont toutefois une place prépondérante, pour ne pas dire qu’elle dirige la vie de Luck. Entre sa colocataire, sa cousine, la fille dont il est amoureux, l’artiste qui veut le prendre sous son aile et la mystérieuse basketteuse, Luck sera en permanence entouré et influencé par la gent féminine.
Le récit se déroule avec la non chalance de Luck, un faux rythme qui va malheureusement faire que l’histoire démarre comme un diesel, un peu poussivement. Les rêves et l’imagination débordante de Luck n’aident pas à stabiliser le rythme de cette BD. L’avantage est une grande clareté dans l’exposé de Michel Falardeau qui prend son temps pour aller dans le détail sur la vie de Luck et sur ses personnages. Le point négatif, c’est que la lecture parait parfois un peu longue car sans vraiment d’intérêt.
Le style graphique qui se veut manguesque n’est qu’un entre deux, allant jamais ni franchement sur le manga, ni sur la franco-belge. La colorisation par ordinateur n’arrange pas l’impression d’avoir une BD qui se cherche dans son graphisme, les dégradés de couleur en bandes donnant un effet pas toujours très réussi. En fait, sans les couleurs, on se dit que certaines planches sont vraiment vide de détails, et les personnages sont assez réduits en expression.
Ce one shot s’achève sans vraiment finir l’histoire, nous laissant à ce virage dans la vie de Luck, sans avoir la moindre de piste sur son avenir, nous laissant sur notre faim. En fait, Michel Faladreau termine son récit là où il aurait très bien pu commencer. Un peu frustrant, et qui n’arrange rien à notre impression d’une oeuvre qui se sera cherchée pendant 126 pages.
Luck
Scénario : Michel Falardeau
Dessin et couleurs : Michel Falardeau
Couleurs : Renaud Dillies
Éditeur : Dargaud
Dépôt légal : 25 juin 2010
Format : 21 x 27,8 cm
Pagination : 128 pages couleurs
ISBN : 9782505008071
Prix public : 12,95 €
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