Saraj n’a pu empêcher l’attentat de la place du marché. Dans son lit d’hôpital, il ne cesse de repenser à la terrible vérité qu’il a découverte durant son enquête : sa femme était une Shahida et elle devait faire exploser le bus dans lequel elle se trouvait. Mais cette vidéo lui a aussi redonné espoir : et si elle n’était pas morte dans l’explosion ? Mis à pied durant l’enquête sur l’attentat, il n’en poursuit pas moins sa propre investigation, n’hésitant pas à utiliser des méthodes parfois très peu orthodoxes pour obtenir des aveux. Et encore une fois, la piste des extrémistes le ramène à son beau-père. Toutefois, la vérité sur sa femme est ailleurs, en Cisjordanie, à Ramallah. Et son guide sera ce frère à qui il n’a plus parlé depuis bien des années.
Rassurée sur la santé de son père, Yasmina s’apprête à rejoindre une colonie de vacances où elle va pouvoir se préparer pour son concert de violon. Mais son grand-père ne l’envoie pas vraiment étudier la musique. En fait, il l’emmène dans une famille très particulière, qui prône la mort des mécréants, des infidèles. Ilham est un maître en conversion. Il a déjà fait de la mère une shahida, il n’aura pas de difficulté à faire de la fille une martyre. Entre des films anti-israéliens et la fréquentation de ses petits fils déjà dévoués à la cause, il ne reste plus qu’à planter la graine du fanatisme par l’image de la mère et la faire doucement germer afin que la jeune fille puisse accomplir sa mission : se tuer au nom d’Allah.
Après s’être attaqué à la conversion de jeunes femmes fragilisées par la vie, Laurent Galandon s’intéresse à une autre forme d’endoctrinement utilisée par les fanatiques religieux sur les êtres les plus innocents qui soient : les enfants. Toutes les guerres, de religions ou autres, ont utilisé des enfants comme chair à canon. Mais la méthode que va décrire Galandon est des plus détestables car le gourou Ilham va dévoyer l’amour que la fillette éprouve pour sa mère tout en l’assommant de propagandes antisémites et anti-occidentaux.
Laurent Galandon nous rappelle ici les bases du fanatisme musulman : la haine des Israeliens, du grand Satan que sont les Etats-Unis et de tous ceux qui ne sont que mécréants. Car il ne faut pas perdre des yeux le fait que la fillette va être sacrifiée par son grand-père non pour en faire une noble martyre mais parce qu’elle est impure. Ne cherchons jamais d’excuses à ceux qui envoient des enfants à la mort et Galandon va d’ailleurs jouer la main de dieu et punir ceux qui sont réellement infidèles à ce qui devrait être la base de toute religion : le respect de l’autre et celui de la vie des innocents.
La vérité sur la femme de Saraj en devient presque secondaire, même si elle témoigne d’un extrémisme ordinaire, et le questionnement important est : comment une femme et mère aimante finit par porter une ceinture de dynamite. Triste destinée avec une terrible révélation pour le pauvre Saraj. _ Frédéric Volante va changer de style graphique pour les flashs-backs, appuyé par les couleurs de Scarlett Smulkowski qui donnent à ses cases une teinte de vieilles photos passées par le temps et jouent sur la lumière, rougeâtre comme prête à s’enflammer afin de disparaître dans les affres du temps. Les autres planches gardent une vraie constance avec le premier album, que ce soit par leurs qualités ou par leurs défauts.
Laurent Galandon clôt ce premier cycle de « Shahidas » sur une note d’espoir mais reste toutefois bien conscient des limites de ce dernier.
(T2) La 25e Note
Série : Shahidas
Scénario : Laurent Galandon
Dessin : Frédéric Volante
Couleurs : Scarlett Smulkowski
Éditeur : Grand Angle
Dépôt légal : 29 juin 2011
Format : 215x290 mm
Pagination : 48 pages couleurs
Numéro ISBN : 978-2-35078-786-2
Prix public : 13,50 €
A lire sur la Yozone :
Shahidas (T1) Le Fruit du Mensonge
Illustrations © Edition Grand Angle - Tous droits réservés
