Le marché du cinéma français est suffisamment complexe pour les dernières sorties hexagonales que l’on n’ose même pas imaginer ce qui peut arriver à une sortie DVD concernant un film réalisé au Bhoutan et tourné dans le dialecte local. Erreur grave !
Khyentse Norbu n’est pourtant pas un inconnu. Réalisateur de l’intrigant « La Coupe », comédie mettant aux prises des moines Tibétains et leurs jeunes apprentis passionnés par La Coupe du Monde de Football France 98 au sein d’un monastère transformé en centre d’entraînement du ballon rond, il avait déjà démontré de nombreuses qualités (savoir raconter une histoire, camper des personnages crédibles, savoir les filmer -entre autre). Son dernier film, plébiscité par le public du Festival du Film Asiatique de Deauville en 2004 (Prix du Public) nous propose un étrange road movie teinté d’une magie discrète et d’un fantastique qui renvoie plus au cinéma français des années quarante qu’au “goreries” contemporaines... Ca repose !
C’est donc au Bhoutan -nom officiel Druk Yul (Pays des Dragons)- aux confins du Népal, état dont la loi impose que 60% du territoire reste à l’état de forêts (intelligents en plus) que se situe l’action du film. Dondup, petit fonctionnaire dans un village bien paumé est bien décidé à partir vivre aux USA. Mais voilà qu’il rate le seul et unique Bus et se retrouve, valise à la main, sur les routes désertes de sa petite province. Enfin pas si désertes que ça puisqu’il croise le chemin d’un vendeur de pommes et d’un moine, compagnons de voyage imprévus. D’abord contrarié, il finit par écouter l’histoire que va lui raconter le moine. Il était une fois Tashi, un jeune fermier rêvant de voyages lointains, qui rencontra une mystérieuse jeune femme dont il tomba amoureux. Mais au cœur de la forêt où il s’était perdu, Tashi rencontre aussi un vieillard acariâtre, époux mal léché de la belle. Et plus Tashi tente de s’éloigner de l’étrange couple moins il retrouve la civilisation... Comme si une étrange magie le retenait prisonnier dans cette forêt.
Road movie, on l’a dit mais aussi film sur les voyages intérieurs, « Voyageurs et Magiciens » est un petit bijou de sensibilité et d’humour. Tout en finesse, en sous-entendu, une oeuvre d’où le fantastique apparaît ou disparaît comme dans un rêve.
Une édition DVD très correcte propose ce film dans un format respecté et dans sa version originale, sous-titrée en français. Une bonne surprise qui doit autant au cinéma d’auteur qu’au cinéma fantastique, sans les lourdeurs d’un intellectualisme forcé mais avec la légèreté d’un proverbe Népalais. Dépaysant, frais et touchant comme du vrai cinéma.
Stéphane Pons
FICHE TECHNIQUE DVD
Voyageurs et Magiciens
Prix du Public Festival du Film Asiatique de Deauville 2004
Film Bhoutanais de Khyentse Norbu (2004)
Édition simple DVD
Production : Prayer Flag Pictures (Film)
Collection : TF1 Video
Édition & distribution : TF1 Video
Presse : Miam Communication (Nathalie Iund)
Site internet : http://www.tf1video.fr
Mise en vente : février 2005.
Prix indicatif : 22 €.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
DVD 1
DVD 9 (simple face, double couche, 5,71 Go), zone 2, Pal.
Menu d’accueil en français
Menu principal simple, images animées ou fixes, accès aux différentes zones du DVD via les items « Film », « Chapitres », « Versions », « Bande Annonce du Film » et « Internet »
Format image-video : format original 1.85 délivré en 16/9 compatible 4/3
Format son : Dzongkha en Stéréo 2.0 ou en DD 5.1
Sous-titres : français.
Durée Film : 1h50 minutes approximativement.
Chapitres : 12
BONUS
« Bande annonce du film » : en version originale sous-titrée en français et voix off française.
« @ » : Lien internet vers le site http://www.tf1video.fr
APPRECIATION GLOBALE
Déjà réalisateur de « La Coupe », Khyentse Norbu nous amène sur les routes du Bhoutan où l’on comprendra que le voyage est souvent plus intéressant que le but à atteindre. Intelligent, frais, dépaysant, magique et touchant. Une excellente et délicate surprise dans une édition DVD simple qui remplit son office. On regrette l’absence d’un petit Making Of ou d’une interview du réalisateur mais le film se suffit à lui-même. Pour les découvreurs de vrai cinéma et les âmes réellement sensibles. Si, si ! Il en reste !