Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Bifrost n°63
Rédacteur en Chef : Olivier Girard
Revue, n°63, SF, nouvelles - étude – critiques, juillet 2011, 184 pages, 11€

La très belle couverture de Pascal Casolari nous met tout de suite dans l’ambiance. Ce Bifrost consacre un dossier à Frank Herbert et il y sera beaucoup question de « Dune », son magistral cycle de science-fiction.
Si la rubrique “Au travers du prisme : Frank Herbert” ne vous donne pas envie de lire et relire cet écrivain, c’est à n’y rien comprendre !



Cette grosse partie rédactionnelle est complétée de deux de ses nouvelles : “Semence” et “Mort d’une ville”, un inédit qui aurait mérité de le rester ! Dans la préface il est d’ailleurs précisé que “Mort d’une ville” est un texte mineur de l’auteur et que c’est plus la notion d’inédit qui a prévalu pour ce choix. En tout cas, sans intérêt, on se demande quel est vraiment son propos.
Heureusement que “Semence” est d’une autre tenue. Sur une planète hostile sur laquelle des hommes éprouvent le plus grand mal à s’implanter, un pécheur et sa femme montrent que c’est à leur communauté de s’adapter et non à leur environnement de se plier à sa volonté.
Rien de neuf, un peu moraliste, car l’homme proche de la nature, à l’écoute de son bon sens, dame le pion des scientifiques, mais le ton et le traitement nous font passer un bon moment.

Le gros morceau réside dans la rubrique consacrée à l’écrivain (60 pages, dont 10 pour sa seule bibliographie). Pour commencer, la vie de Frank Herbert (1920-1986) est passée en revue, ce qui est très instructif, puis Philippe Hupp nous parle de sa relation avec l’auteur qu’il a très bien connu, très beau papier intimiste qui donne un autre regard sur le maître.

Suit la partie centrée sur le cycle « Dune ». Frank Herbert nous expose diverses inspirations l’ayant conduit à l’écrire. Comprenne qui pourra ! Mais comme l’explique Claude Ecken, il existe de multiples lectures possibles de « Dune », ce qui est dû au foisonnement d’idées qu’il recèle. Il nous faut d’ailleurs saluer la maestria de l’article “Livres de sable : mosaïques de Dune”. Le projet était un peu fou de par son ampleur, malgré tout, Claude Ecken s’en tire très bien et aux lecteurs de profiter de cet éclairage.
Bien sûr, il est aussi question de l’adaptation cinéma signée David Lynch. Ugo Bellagamba revient dessus avec une conclusion ambigüe : « Bref, pour réussir, il fallait rater ». Quatre pages originales et plutôt bien vues !

Pour finir, les principales œuvres de Frank Herbert sont analysées, avant une imposante bibliographie de l’auteur ayant finalement écrit peu de nouvelles.

Si après cela, vous ne vous mettez pas à fouiller votre bibliothèque pour voir les bouquins de l’auteur à votre disposition, ou n’allez pas chez votre libraire ou sur les sites de vente en ligne, c’est à désespérer !

En complément, Roland Lehoucq, secondé dans ce Bifrost par un autre scientifique, Stéphane Sarrade, revient sur les distilles, les tenues portées par les Fremens et recyclant l’eau de leurs corps. Il faut remarquer cette fois-ci que ce n’est pas un seul concept qui est traité mais plusieurs pour concilier chimie et SF.

En plus des habituelles “Ballades sur l’arc” (chroniques des parutions récentes en livres et en revues et le mot de Pierre Stolze sur Jean-Claude Mourlevat), deux nouvelles complètent ce Bifrost.
Et là, nous sommes gâtés !

Le clin d’œil du héron” de Jean-Claude Dunyach, nous transporte à Amsterdam en compagnie d’un homme, magicien sur les bords et profitant de l’existence en se promenant de par le monde. Cet homme n’est pas sans rappeler l’auteur par certains côtés, Jean Claude Dunyach est un esthète dans la forme courte, il nous invite ici à une rencontre et, comme son personnage, prend le temps de nous amener à la conclusion, nous poussant à nous interroger sur qui est réellement ce type. Très beau sur le fond autant que par la forme.

Après une longue éclipse, inexplicable pourrait-on rajouter, le public français peut lire un nouveau texte d’Eric Brown. “Exorciser ses fantômes” appartient à une série de dix récits. Et ce n’est pas impossible que Bifrost nous en propose d’autres. Joie ! Surtout après lecture d’“Exorciser ses fantômes”.
Katerina, une femme revêtue d’une armure de combat, désire retourner sur sa planète natale Sérimion. Elle est une des rares survivantes de l’attaque menée par les Kha du temps de sa jeunesse. Ed, capitaine au grand cœur et intéressé par l’épave du vaisseau spatial promise en paiement, accepte de l’y conduire. Mais quelles sont donc les motivations de Katerina ? Que veut-elle faire sur Sérimion toujours occupée par les aliens ? Sur place, la réalité se révèlera bien troublante…
Tout simplement superbe ! Sur fond de space opera, Eric Brown pose la question sur ce qu’est la vie. Pour tous ceux qui ont cet auteur en haute estime et qui désespéraient de le voir à nouveau traduit par chez nous, c’est la confirmation de son talent et espérons-le le début d’autres lectures.
Pour le découvrir, son recueil « Odyssées aveugles » paru chez DLM éditions est tout indiqué. Encore faut-il le dénicher ! Sinon, comme moi et sûrement bien d’autres, lisez-le en anglais. Son dernier roman, « The Kings of Eternity », une romance scientifique, est tout à fait abordable même si notre compréhension de l’anglais est très moyenne.

En conclusion : un Bifrost à ne pas manquer de par son imposant dossier Frank Herbert et les nouvelles de Jean-Claude Dunyach et Eric Brown.


Titre : Bifrost
Numéro : 63
Rédacteur en chef : Olivier Girard
Couverture : Pascal Casolari
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens, etc.
Sites Internet : le numéro 63, la revue (Bifrost) et l’éditeur (Le Bélial’)
Dépôt légal : juillet 2011
ISBN : 978-2-913039-60-5
Dimensions (en cm) : 14,9 x 21
Pages : 184
Prix : 11€



François Schnebelen
27 juillet 2011


JPEG - 15 ko



Chargement...
WebAnalytics