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Bifrost n°62
Rédacteur en Chef : Olivier Girard
Revue, n°62, SF, nouvelles - étude – critiques - entretien, avril 2011, 184 pages, 11€

Ce numéro 62 n’est pas un Bifrost comme les autres, car il coïncide avec le quinzième anniversaire de la revue. Et quelle évolution depuis sa première apparition !
Le pire c’est que le 1, même pas 100 pages à l’époque, n’est pas un collector, il en reste encore quelques cartons.
Cette fois-ci, nous n’avons pas droit aux feux d’artifices des dix ans, avec un opus 42 double. Par contre, nous retrouvons au sommaire Thomas Day, l’auteur le plus publié dans les pages de Bifrost et justement présent au début de cette aventure éditoriale pas gagnée d’avance.



Les mauvaises langues diront qu’il fait partie de l’équipe, mais ne pourront lui retirer d’avoir signé certains des grands textes de Bifrost (“L’homme qui voulait tuer l’Empereur”, “Le dernier voyage de l’automate joueur d’échecs”…). Avec “Nous sommes les violeurs”, il nous livre une nouvelle choc au niveau des idées, une suite de témoignages avec les questions et les réponses. D’un côté, les bourreaux : les combattants pour détruire la filière de la drogue en Afghanistan, et de l’autre, les victimes : les femmes violées dans cette guerre. Thomas Day donne ici une extrapolation au conflit afghan, un futur où le viol des femmes devient un moyen détourné pour parvenir à ses fins.
Les personnages sont de drôle de lascars à la psychologie ambigüe. Leurs motivations ne sont pas toujours claires, sûrement dans le but de faire réfléchir les lecteurs. C’est réussi et plutôt d’actualité. Une nouvelle dont on oubliera les détails pour ne retenir que les grandes lignes directrices.
Dire que sa précédente apparition datait du numéro des dix ans…

À ses côtés, deux mastodontes : “Kilimandjaro” de Mike Resnick et l’entretien fleuve avec Jacques Goimard.

Qui ne connaît pas « Kirinyaga », le recueil le plus primé de l’histoire de la science-fiction ? Mike Resnick signe avec “Kilimandjaro” un court roman, faisant justement écho un siècle plus tard à « Kirinyaga ». Les Masaïs s’inspirent justement de l’expérience de l’ethnie kikuyue sur Kirinyaga pour ne pas échouer dans l’élaboration de leur utopie sur un nouvel astéroïde terraformé. À travers les yeux de l’historien David ole Saitoti, nous découvrons les imprévus auxquels la société de Kilimandjaro doit faire face.
L’Afrique représente une grande source d’inspiration pour Mike Resnick. Il nous le prouve une nouvelle fois avec cette novella, un véritable cadeau offert par l’équipe à l’occasion des quinze années de la revue. Un grand merci car, pour ma part, je ne l’imaginais pas traduite un jour.
En tout cas, on ne peut que se féliciter de revoir l’auteur au sommaire des revues hexagonales (“Voyage avec mes chats” et “Profession de foi” dans Galaxies NS).

Autre morceau de choix, si l’on excepte la partie critiques couvrant plus du quart de cette livraison, justement une marque de fabrique de Bifrost : l’entretien avec Jacques Goimard.
Sous la houlette de Richard Comballot, presque quarante pages pour retracer son parcours.
Personnellement, ce n’est de loin pas une de mes interviews préférées. Peut-être la faute à la façon dont il est mené : nous parler soudain de l’Atome sans que ce soit vraiment explicité, puis la suite de questions sur ce que pense Jacques Goimard d’acteurs du milieu de l’époque, ou encore la faute au personnage : il semble avoir une haute opinion de lui-même, il est difficile de le trouver sympathique. Et puis, comment passer à côté de l’avalanche de fantasy dont il nous a abreuvés chez Pocket…
Il n’en reste pas moins qu’il est un des instigateurs de la grande anthologie de la science-fiction en 36 volumes chez le Livre de Poche, on lui doit aussi la série des Livre d’Or, des ouvrages incontournables sur les auteurs sélectionnés. Jacques Goimard appartient à ceux qui ont façonné le paysage éditorial de l’imaginaire en France et donc il était tout à fait normal que Bifrost lui ouvre ses pages.

Pour finir, un petit mot sur la très bonne rubrique “Scientifiction” de Roland Lehoucq qui a l’art de nous plonger dans la science sans nous ennuyer. Cette fois-ci, il nous explique pourquoi le ciel est noir et non illuminé par la multitude d’étoiles nous entourant.

Un excellent numéro anniversaire de Bifrost qui a bien grandi en quinze années et qui est devenue incontournable pour les amateurs du genre, même si on peut lui reprocher son esprit volontiers acide.


Titre : Bifrost
Numéro : 62
Rédacteur en chef : Olivier Girard
Couverture : Caza
Type : revue
Genres : SF, études, critiques, entretiens, etc.
Sites Internet : numéro 62, Revue (Bifrost) et éditeur (Le Bélial’)
Dépôt légal : avril 2011
ISBN : 978-2-913039-59-9
Dimensions (en cm) : 14,9 x 21
Pages : 184
Prix : 11 €



François Schnebelen
24 juillet 2011


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