Récent juré au Festival de Cannes 2005, réalisateur du « Huitième Jour » (double prix d’interprétation masculine à ce même festival en 1996), Jaco Van Dormaël aime prendre son temps pour livrer des œuvres étranges et atypiques (1990, 1996 et on attend toujours depuis). Si « Le Huitième Jour » nous avait personnellement moins convaincu, « Toto le Héros » nous hypnotise depuis de longues années.
S’il est des films que l’on peut qualifier sans risque de fantastiques, ils n’en possèdent pourtant aucun des codes -évidents du moins. Ainsi en est-il de ce « Toto le Héros », remarquable première œuvre de Jaco Van Dormaël.
Si tout commence par la rituelle phrase initiatique « Il était une fois... », l’histoire est finalement assez simple et réaliste à la base. Le petit Thomas est persuadé qu’il a été la victime d’un échange dès sa naissance avec Alfred le fils des riches voisins. Ses parents ne sont donc pas les siens, Alfred, amoureux de sa sœur Evelyne, lui vole sa Juliette etc,. Bref, un autre vit sa vie à sa place et il va devoir remettre les choses à l’endroit !
Film doté d’une esthétique imaginaire évidente, « Toto le Héros » surfe sur les chants des rêves d’enfants (et sur les névroses d’adultes aussi), mélangeant le tout pour obtenir un enchanteur voyage vers l’ailleurs ainsi qu’une parabole finalement très ingénieuse sur le cinéma.
La réalisation qui s’appuie sur des acteurs (Michel Bouquet, Jo de Backer, Thomas Godet, Mireille Perrier, etc,.) au diapason du scénario impressionne, l’utilisation des flashbacks s’avère judicieuse et finalement, on est vite convaincu par cette délicieuse farandole douce amère.
La bande originale et son leitmotiv sonore (« Boum » de Charles Trenet) coïncide parfaitement avec l’ambiance du film. L’observateur attentif croisera aussi l’acteur-réalisateur Harry Cleven (cf. « Touble ») dans un double rôle de gangster et supporter de foot et bien d’autres têtes et scènes qui lui rappelleront immanquablement quelque chose.
Références multiples au cinéma, à l’univers de la BD, à la littérature, « Toto le Héros » est et reste un film étrange et prenant, une de ces œuvres qui impressionne fortement tout en vous faisant dire : « Ca, c’est du cinéma et du vrai ! ».
Mk2 livre une édition double DVD parfaite avec de nombreux bonus et permet enfin aux cinéphiles de remettre la main sur un film marquant de l’histoire du cinéma européen (Caméra d’Or au Festival de Cannes 91 et Prix du Meilleur Film Étranger aux Césars 92 quand même).
Aucune hésitation donc.
Stéphane Pons
FICHE TECHNIQUE DVD
Toto Le Héros
Film belge-français-allemand de Jaco Van Dormaël (1990)
Double DVD
Collection : mk2 Panorama
Édition & distribution : mk2
Site internet : mk2, collection Panorama
Mise en vente : 13 avril 2005 (édition double).
Prix indicatif : 19,90 €.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
DVD 1
DVD 5 (simple face, simple couche, 3,94 Go), zone 2, Pal.
Menu d’accueil en français
Menu principal avec extraits du film en fond et accès aux différentes zones du DVD via l’item « Chapitres ».
Format image-video : version cinéma 1,66, équivalent 16/9 compatible 4/3 (pour la diffusion sur écran TV -le périphérique de votre lecteur de DVD comme le dit si bien ce cher Philipe Heurtel).
Format son : français en stéréo.
Sous-titres : néant.
Durée Film : 1h27 minutes approximativement (avec génériques).
Bonus : néant
DVD 2
Les Bonus
DVD 5 (simple face, simple couche, 3,09 Go), zone 2, Pal.
Menu d’accueil en français avec extraits du film en fond et la chanson « Boum » en fond sonore.
Format son : français en stéréo.
Sous-titres : néant.
Durée totale des bonus : 1h28 (approx).
« Mémoires de héros » (52’) : interviews (Jaco Van Dormaël, Michel Bouquet et les autres acteurs) avec de nombreux extraits du films. Évocation sur la genèse, la réalisation, les souvenirs liés au film. Émouvant et intéressant en plus d’être instructif (documentaire au format 16/9).
« Making of - Toto le héros, souvenirs d’un tournage attendu » (27’) : interviews et témoignages d’époque (Michel Bouquet, Jo de Backer, Sandrine Blancke, Thomas Godet, Mireille Perrier), scènes du tournage (reportage au format 4/3).
« François Schuiten : Architecte d’un rêve inachevé » (9’09) : interview de notre graphiste belge préféré sur sa collaboration avec Jaco Van Dormaël lors de « Toto le Héros ». Malheureusement, faute de moyens financiers (à l’époque) et pour cause de premier film, certains des aspects les plus SF du film imaginés par François Schuiten n’ont pu être réalisés -gros snif mais sans rancune- (interview au format 16/9).
APPRECIATION GLOBALE
Une belle édition double DVD -même si l’on aurait pu en faire un seul DVD (7 G0 au finish)- pour un très beau film. Les fans de SF ou de Fantastique auraient tort de rater l’aubaine et de passer à côté de ce film passionnant et émouvant. Après l’avoir visionné, vous ne serez plus le même. Une rêverie atypique, profondément poétique, qui ne vous laisse que des (bonnes) traces.