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Belle Image (La)
Cyril Bonin (d’après Marcel Aymé)
Futuropolis

A côté d’une production tout à fait réaliste, Marcel Aymé aura à maintes reprises tâté du fantastique, sans cependant sacrifier au décorum de genre ni laisser tomber la logique que cette veine littéraire perturbe en général. En fait, Marcel Aymé pratique un fantastique qu’on pourrait, ainsi qu’un clavier, qualifier de bien tempéré : une soudaine altération du réel le plus communément admis lui sert non pas à faire voler en éclats les repères du lecteur, ni à l’angoisser démesurément, mais bien à se livrer à une observation amusée - parfois cruelle - de la manière dont les humains fonctionnent en société.



Ainsi, dans « Le Passe-muraille », la soudaine faculté de traverser les murs sans aucun problème permettait au dénommé Dutilleul de se promener incognito dans l’intimité d’autrui et de découvrir les rouages secrets ainsi que les mesquineries du milieu de petits fonctionnaires dont il était issu. Dans « La Belle image », c’est un changement de visage, soudain et inexpliqué, qui est le déclencheur : Raoul Cérusier, de quelconque qu’il était, se découvre fort séduisant, au point que plus personne ne reconnaît en lui le bourgeois fâlot et industrieux d’avant.

Désormais promu tombeur de ces dames, certes, mais aussi quelqu’un sans identité officielle, notre homme s’invente celle de Roland Colbert et, ne pouvant faire admettre sa métamorphose, se résigne à vivre en marge de celui qu’il avait été. De sorte que l’entreprenant Roland se fait embaucher dans la firme d’un Raoul supposé être en voyage d’affaires... De sorte que ce fringant Roland se met en devoir de séduire celle qui, jusqu’à plus amples informations, est encore et toujours l’épouse de Raoul !

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Une épouse infidèle qui va prêter tant de qualités à son amant et tant de pesanteur à un mari plus subi qu’aimé, plongeant du même coup le bel homme dans des abîmes de perplexité... Révélation de la vanité de toute certitude et de la plasticité des comportements en fonction des circonstances, « La Belle Image » a finalement beaucoup d’un conte sans morale, sous-tendu par une réflexion douce-amère sur le statut social et le rôle du physique dans les relations humaines. Un conte doté d’une chute proche du couperet, typique de Marcel Aymé.

Et Cyril Bonin dans toute cette histoire ? Puisque nous chroniquons bien ici l’adaptation BD, et non pas le roman initial ! Eh bien, ne pas parler immédiatement de lui démontre que, tel un personnage d’Aymé qui se réveillerait protéiforme, il a parfaitement réussi sa transposition, restituant de façon fort convaincante la société de l’entre-deux guerres qui servait de modèle au romancier. C’est ainsi qu’il privilégie sépias et demi-teintes, en parfait accord avec ce tissu d’hypocrisie sociale où rien n’est jamais clairement affirmé. Tandis que son trait, tout en étant personnel et maîtrisé, entretient à bon escient certains airs de famille avec les dessins de presse de l’époque évoquée.
Bref, voici une BD qui se lit comme un roman : un bel hommage où le metteur en images a le bon goût de ne jamais tirer la couverture à lui.

(Alain Dartevelle)


En avril dernier paraissait le final du diptyque « Chambre obscure » chez Dargaud, dans lequel Cyril Bonin s’entichait avec beaucoup de gourmandise de personnages à la Maurice Leblanc (l’hommage n’est pas du tout voilé). Une galerie de personnages tout à fait épatante gravitant autour de la famille Dambreuse et d’un secret caché dans trois tableaux sans valeur dérobés au tout début de l’histoire. Dans des ambiances début XXe siècle, Bonin signait un premier album délicieux et un second carrément irrésistible.
Non content de la belle réussite de son aventure en auteur complet, il revient deux mois plus tard avec « La Belle Image » et une très belle adaptation d’un roman de Marcel Aymé, écrit en 1941.
Le dessinateur réalise un sans faute, jouant de cette palette douce qui donne cette impression qu’un réverbère d’époque nous renvoie le reflet de moments de vies troublées par un vol incompréhensible ou par le vernis hypocrite qui colle à l’apparence, oui uniquement l’apparence d’un homme.

Je vous laisse avec la bande-annonce de « La Belle Image ».


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(Fabrice Leduc)


La Belle Image
- Scénario et dessins : Cyril Bonin
- D’après le roman de : Marcel Aymé
- Editeur : Futuropolis
- Parution : 6 juin 2011
- Pagination : 80 planches couleurs
- Format : 21,4 x 29 cm
- Numéro ISBN : 978-2-7548-0229-1
- Prix public : 16 €


Illustrations © Cyril Bonin et Futuropolis (2011)



Fabrice Leduc
Alain Dartevelle
12 juillet 2011




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