À l’image des volumes de sa trilogie Les Îles Glorieuses (« Clairvoyante », « Guérisseur » et « Corrompue »), le résumé de ce tome ne rend pas justice au contenu. La lecture du quatrième de couverture ne donne pas plus envie que cela de se plonger dans le livre. Réaction bizarre, mais qu’une saine curiosité pousse à outrepasser…
En effet, Glenda Larke se révèle une excellente raconteuse d’histoire. Elle possède l’art de mettre en scène des personnages complexes, différents de tout un chacun, dans des situations et des lieux hors du commun, souvent exotiques à l’extrême.
Ligéa discerne le mensonge, capacité qui lui a permis de franchir les échelons de la Confrérie et de devenir une de ses agentes les plus en vue. Cette mission en Kardastie lui semble une terrible punition, un exil pour freiner son ascension jusqu’au sommet de la hiérarchie. La perspective de revenir sur sa terre natale, dont elle n’a pas gardé souvenir, ne l’enchante guère.
Ligéa se reconnaît comme une vraie Tyréenne et non comme une barbare kardie.
Une fois sur place, la réalité va la changer doucement mais sûrement. Ses œillères commencent à rapetisser, sa fidélité à vaciller. Pourtant, comme l’escomptait l’Exaltarque, son habileté va vite la mettre en contact avec la résistance.
Dans un cadre clairement inspiré par l’Empire Romain, Glenda Larke a imaginé une héroïne, froide au début, certaine de la juste cause défendue, qui, petit à petit, retrouve un fond d’humanité, une timide flamme entretenue puis fortifiée par les évènements. L’auteure lui a adjoint un esclave, autre personnage fort du roman, qui va lui ouvrir les yeux et lui prouver que les apparences sont souvent trompeuses.
La résistance en Kardastie se révèle une noblesse aux impressionnants pouvoirs et retranchée au cœur du mirage, un lieu des plus étranges à la géométrie variable, animé par la volonté des faiseurs de mirages, entités incompréhensibles pour les simples mortels.
En la circonstance, l’imagination de Glenda Larke fonctionne à plein, la chambre de Ligéa change chaque jour d’aspect, des poissons volant dans des bulles d’eau…
Même si l’on peut s’étonner de la facilité avec laquelle Ligéa se mêle à la résistance, du comment sa véritable identité ne leur apparaît pas plus tôt, l’histoire n’en emporte pas moins l’adhésion des lecteurs. Glenda Larke la mène parfaitement et confirme tout le bien que l’on pensait d’elle après ses précédents romans.
Les qualités décelées au travers des Îles Glorieuses se retrouvent intactes dans « Au Cœur du Mirage ». Une fois que l’on connaît l’auteure, on se prend à attendre ses futures productions dans une soif de découvertes et de voyages.
Vivement la suite (« L’Ombre de Tyr »), surtout que la fin la laisse vraiment ouverte et que Glenda Larke nous a habitués au meilleur.
À noter : sur le site de l’auteure, on peut trouver une carte du monde imaginé pour l’occasion, le présent livre en étant dépourvu.
Titre : Au Cœur du Mirage (Heart of the Mirage, 2006)
Série : Les Faiseurs de Mirage (The Mirage Makers), tome 1
Auteur : Glenda Larke
Traduction de l’anglais (Autralie) : Célia Chazel
Couverture : Larry Rostant
Éditeur : Pygmalion
Collection : Fantasy
Directeur de collection : Thibaud Eliroff
Site Internet : Roman (Site éditeur)
Pages : 398
Format (en cm) : 24 x 15,2
Dépôt légal : octobre 2010
ISBN : 978-2-7564-0293-2
Prix : 21,90 €