Une chute de neige noire. Il y a de quoi intriguer la jeune Su. Mais en passant amener ses courses à son oncle, un anti-social de base, accompagnée de deux amies, elle n’imagine pas quel cauchemar elle s’apprête à vivre. Pourtant, la journée était des plus banales, hormis ses étranges flocons noirs qu’elle semble être la seule à voir. Et avant de partir au karaoke, elle amène ses amies chez son oncle, un reclus passant ses journées à jouer aux jeux vidéo. Comment trouve-t-il l’argent pour se payer un appartement de luxe ? Cela reste un mystère pour Miki. Et à peine les trois jeunes filles sont-elles arrivées que la baie vitrée de l’appartement leur montre un raz de marée d’eau noire engloutir la ville en même temps qu’un gigantesque tremblement de terre semble annoncer la fin du monde...
Su reprend conscience dans un immeuble dévasté. Toutefois, la structure de ce dernier a résisté à l’onde de choc et les dégats corporels sont minimes. Les trois jeunes fille sont choquées mais indemnes, seul l’oncle s’est assommé lors d’une crise de panique. Mais en regardant par la fenêtre, Su découvre un monde plongé dans les ténèbres et une ville submergée par une mer noire d’encre. Dans le couloir un voisin tente de sortir de l’immeuble pour chercher des secours, sa femme enceinte étant commotionnée. La seule issue, l’escalier, est sous l’eau, mais quand l’homme tente de plonger pour ressortir à la nage, il découvre que cette substance n’est pas de l’eau et qu’elle lui sera fatale. L’horreur commence à prendre possession des survivants...
Derrière son obscur titre, « Sprite » est un manga commençant comme un film catastrophe et prenant rapidement la direction d’une série fantastique. Yugo Ishikawa a structuré ce premier tome comme un huis clos oppressant et inquiétant. Un tremblement de terre, une étrange substance liquide qui recouvre la ville et quelques survivants emprisonnés dans un immeuble. Si le mangaka nous montre ses contemporains comme étant capable de faire face à un tremblement de terre, il nous prouve bien qu’il ne suffit de pas grand chose pour que la panique prenne le pas. Et ce sera l’élément aussi créateur de fantastique, l’eau noire, qui va déclencher une sorte de vent de panique.
On sent bien qu’Yugo Ishikawa est loin d’être un débutant, ayant commencé sa carrière de mangaka en 1982 et plutôt connu pour sa série de baston « Fighting Beauty Wulong » et des comédies comme « Kappa no Kaikata » . Il s’attaque cette fois à du fantastique pur et dur. Je garderai pour le moment le secret sur l’origine de cette substance noire, mais le thème que compte développer le mangaka n’est pas sans nous rappeler « Les Langoliers » de Stephen King. Le mangaka parvient à maintenir un très bon suspense et une tension palpable sans jamais devenir caricatural et les révélations par l’oncle de Su plongent définitivement nos héroïnes dans le pire des cauchemars.
Les dessins de Yugo Ishikawa accentuent la force de son récit magistralement. Avec des graphismes très réalistes et des planches très détaillées sans être trop alourdies, il parvient à retranscrire l’ambiance étouffante de ce huis clos. Il faut avouer que la couverture de ce premier tome est particulièrement réussie et illustre parfaitement l’ambiance d’apocalypse dans laquelle va se dérouler l’histoire. Ses personnages sont très expressifs et accrochent bien le lecteur par leur diversité de trames pour les visages.
« Sprite » s’annonce comme une série majeure qu’il va falloir suivre avec énormément d’attention.
Sprite (T1)
Auteur : Yugo Ishikawa
Traducteur : Lilian Lebrun
Éditeur français : Kaze Manga
Collection : Shonen
Format : 150 x 210, noir et blanc - sens de lecture original
Pagination : 224 pages
Date de parution : 12 mai 2011
Numéro ISBN : 978-2-82030-119-2
Prix : 7,50 €
SPRITE © 2010 Yugo ISHIKAWA / Shogakukan Inc.
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