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Insidious : Entretien avec James Wan
Table ronde avec le réalisateur d’Insidious
31 mai 2011

A l’occasion de la sortie événement de « Insidious », la société de presse Bossa-Nova nous a convié à une table ronde pour discuter avec James Wan (réalisateur) de son nouvel opus particulièrement terrifiant.



Votre film nous renvoie dans les années 80 avec des films comme « L’emprise » ou « Evil Dead » ?

Oui, peut-être. Vous savez « L’exorciste » date des années 70. Et je crois que le public est toujours friand de ce genre de films. Les films de fantômes et de maisons hantées marchent bien parce que le publique aime beaucoup ce genre d’histoires. Les films de sur les exorcismes également. Je sais pas pourquoi… probablement de craintes religieuses. La peur de l’enfer, du diable, je suppose. C’est amusant, parce qu’en amont de la promotion du film on a fait des études marketing avec des projections démos et on s’est aperçu que les films de fantômes, de démons, possessions fonctionnaient très bien sur une audience de confession catholique (rires).

C’est amusant car votre film traite de projection astrale et est finalement plus proche de la science fiction que de la théologie ?

C’est vrai qu’on ne traite pas le sujet d’un point de vue théologique, même si c’est effectivement un film philosophique qui présente un point de vue spirituel.
Les gens me demande quelle était mon inspiration. Je n’en parle pas souvent, mais cela vient de mes origines : malais chinois. Les chinois croient à l’après-vie. La réincarnation. Ils sont très superstitieux, ca fait partie de la culture. Je me rappelle d’une histoire avec ma grand-mère qui me demandait si je savais pourquoi on ne doit pas dessiner sur des visages de personnes quand ils dorment. Je lui ai répondu non pourquoi. Et bien, lorsqu’on on dort, m’expliqua-t-elle, l’esprit est parti se promener, et quand il revient, il ne reconnaît pas son visage et donc ne retourne pas dans son corps. Ce sont de vieux mythes chinois, mais je me suis dit quelle histoire géniale. La genèse première de « insidious ». La projection astrale m’intéressait et j’en ai parlé autour de moi. Plus tard, lorsqu’on a décidé de faire un film sur une maison hantée, on a repensé à la projection astrale. Et le concept est né, car on savait qu’on tenait là quelque chose de différent sur les maisons hantées. On sait que ces films sont toujours un rapport avec de mauvais esprits. On a eu envie de creuser l’idée, d’imaginer qu’ils viennent de l’extérieur.

L’une des originalités de votre film, justement c’est que les protagonistes ne restent pas dans la maison hantée. Ils déménagent….

Oui, en effet. Si, on a du passer par une scénario assez conventionnel de maison hantée, on a tout de même enfreint quelques règles.
On entend souvent les gens se demander pourquoi les habitants de maisons hantées restent vivre dedans et ne déménagent pas ? La réponse est simple. S’ils déménageaient, on ne pourrait pas faire de film (rires). Mais, en y repensant, je crois aussi que les habitants des maisons hantées ne déménagent parce qu’ils ne veulent pas qu’on croit qu’ils aient fui à cause de fantômes. Ils ne veulent pas qu’on les croit fous.

Dans votre film, on a pas mal de références aux contes de fées telles que la sorcière. Est-ce une volonté de jouer sur les peurs enfantines ?

Oui, j’installe toujours un enfant en détresse dans mes films, sauf pour « Death Sentence » . Dans le premier « Saw » , par exemple, la petite fille se réveille et dit à sa mère qu’il y a quelqu’un dans la chambre. Vous savez, la plupart de mes peurs viennent de mon enfance, c’est personnel. Je n’ai ceci dit pas d’expérience personnelle avec un tueur en série, mais je dois aborder dans le film des thèmes où je me sens proche. Dans un sens, je ne suis jamais sorti de l’enfance. Je ne cherche absolument pas à faire des films hardcore. Ce n’est pas ma définition du film d’horreur. Si les gens pensent que films d’horreur riment avec violence, je crois qu’il ne se trompe.

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J’ai entendu dire que vous vouliez faire « insidious » un nouveau « Poltergeist ».

On compare souvent « insidious » à « Poltergeist ». Ca ne me dérange pas. « Poltergeist ». est un de mes films préférés. Je pense savoir pourquoi les gens l’associent à ce film. C’est le film le plus culte des maisons hantées avec la famille typique américaine moderne, qui est dans une banlieue pavillonnaire. « Poltergeist » était le premier film où ce n’était pas un manoir, château ou autre comme décor. Tout comme dans « insidious », c’est une maison banale, pas isolée au milieu de la forêt. On voit aussi le côté familiale dans le film, la grand-mère, le fils. Le fait qu’une équipe de spécialistes en surnaturel, de chasseurs de fantômes, vient les aider rapproche également les deux films. Mais ce sont des conventions des films de maisons hantées. La grande différence entre les deux, c’est le budget. « Poltergeist » était un blockbuster de l’époque, alors que mon film n’a pas eu les mêmes fonds.

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On peut dire que le film se divise en deux parties, la première qui est plus classique des films d’horreur et la seconde qui est plus…

Un film de monstre ? La deuxième partie est plus fantasmagorique. La première partie s’installe plus dans la réalité, et la deuxième vers le fantastique. J’aime le fantastique, la fantaisie, la peur, ce qui surprend. Si on revient sur « Saw » , Jigg Saw est un personnage ancré dans la réalité, mais il a des comportements qui troublent comme la poupée qui parle à ses victimes. J’ai voulu avec « insidious » faire un film ancré dans la réalité, mais je voulais également un monde où on puisse avoir des démons, fantômes et autres fantaisies.

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Si vous aviez eu un budget plus important, est-ce que le film aurait été différent ?

Je ne pense pas, j‘aime bien l‘aspect projection astrale. J’ai étudié divers moyens de la filmer, même avec des outils plus performants et plus chers. Hélas, le rendu ne me plaisait pas et ne s’accordait par avec l’ambiance voulu. C’était trop différent. Je suis retourné faire des essais, on a eu l’idée de faire du noir absolu pour l’autre monde. C’est tellement mieux de faire ainsi, il laisse plus place à l’imagination du spectateur.

Comment s’est passé le tournage avec les enfants ? Est-ce compliqué de les diriger ?

J’ai beaucoup travaillé avec les enfants, c’est aussi sympa que compliqué. Sur « Saw ». Sur « |Dead Silence->4298] ». C’est un défi à relever. Dans « insidious », Ty Simpkins (Dalton Lambert) est très intelligent et mature mais il était terrifié de jouer avec le monstre. On a du tourner des scènes avec très peu de lumière où il devait aller dans une pièce noire, courir dans le brouillard ou jouer à côté du monstre qu’il le possède en ayant peur. C’est normal, moi à son âge, j’aurai eu extrêmement peur du monstre au visage de feu. Nous faisions attention à ses craintes ou peurs, par exemple quand on maquillait le monstre, on montrait comment l’acteur était maquillé ainsi Ty jouait le jeu et avait moins peur.

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Pouvez nous parler des autres acteurs ?

Bien sur, si le film a aussi bien marché, c’est grâce au jeu des acteurs, Patrick Wilson, Rose Byrne. Il devient très stylisé et théâtrale. Il y a également Lyn Shaye, la medium du film qui est une actrice géniale. Elle est également connue pour ses rôles dans les frères Farelly (« Mary à tout prix », « Dumb and dumber »). C’est elle qui jouait dans « Mary à tout prix », la voisine âgée. Je l’adore, elle a un jeu qui passe beaucoup par les émotions, d’où le rôle du médium.

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Que pensez-vous de la machine américaine qui produit des suites et remakes à gogo ? Par exemple, pour « Saw » , vous avez eu 6 suites.

Oui mais je n’ai pas réalisé les suites. Je n’ai pas pris part au projet. Vous savez quand je me présente, on me dit, ah ouai ! Le mec aux 7 « Saw » mais bon j’explique je n’ai fait que le premier. Mais tout mes autres films n’ont pas de suite, on essaye toujours avec Leigh de faire des nouveaux films qui sortent de l’ordinaire, vu d’un nouvel angle. Comme la 2e partie de « insidious ». Je n’ai rien contre les suites et les remakes. Mais quand on fait une suite, il faut apporter du neuf. Pour ma part, j’aurai l’impression de me répéter. C’est pour cette raison que j’ai dit non pour « Saw 2 ». Je ne savais pas comment le faire. Si j’avais été capable de trouver une nouvelle direction, je l’aurai fait.

Et comment arriver à atteindre une fin digne du premier « Saw » ?

Vous avez raison, la fin de « Saw » est vraiment prenante, un twist unique. C’est très dur d’en faire une suite. Imaginez par exemple faire une suite à « 6e sens », ou « Usual Suspects ». Impossible.
En tout cas, pour « Saw », ils ont fait 6.

Pourquoi avez-vous attribué le rôle de la mère à Barbara Hershey ?

Je l’ai choisi car c’est une actrice qui me touche. Je l’ai adoré dans « Beaches / Au fil de la vie ». Les personnes reconnaissent l’actrice de « L’Emprise », un film d’horreur où un homme la pourchasse mais personne ne l’a croit. Ce film est vraiment flippant. Il est basé sur une histoire vraie arrivée près de chez moi à L.A., donc ça ma fait peur. Quand on a fini le script, avec Leigh, on l’a envoyé à tout le monde, et tout le monde était excité. Beaucoup de personnes ont voulu participé, il y a eu pleins d’autres acteurs qui m’ont demandé, pour le rôle du médium surtout. J’ai du refusé des acteurs prestigieux, car on a écrit le script pour Lyn Shaye. Je lui avais promis.
Barbara aussi voulait interprété la médium, mais je lui ai quand même demandé de faire partie de l’équipe, elle a accepté volontiers. J’ai appris par la suite qu’elle était une personne très spirituelle. C’est son seulement 2e film traitant de paranormal depuis « Entity / Emprise ».

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« Black Swan » a été tourné avant ?

Il a été tourné parallèlement, mais n’est pas sorti au même moment effectivement.

Quelle coïncidence !

Oui, en effet. Les deux films ont bien marchés et elle les a faits au même moment. Elle est vraiment adorable. J’étais stressé de travailler avec elle, car c’est une actrice excellente, mais tout c’est bien passé.

Vous aimez faire peur au gens, mais qu’est-ce qui vous fait peur à vous dans la vie et dans les films ?

La vie en générale me fait peur. C’est vrai, cette année avec toutes les catastrophes naturelles : tsunamis et tremblements de terres. Mes films sont faits pour créer une peur sympa. La vraie vie fait peur. Les guerres sont flippantes. Quand on me dit tes films me font peur, j’ai l’habitude de dire que c’est juste un film dans le sens où on a juste à allumer sa télé pour voir des choses encore plus terrifiantes. Pour ce qui concerne les choses qui me font peur, et bien ce sont les thèmes de mon film. Je n’aime pas du tout les pantins par exemple.

Ou les mécanismes infernaux ?

Oui !

Comme pour « Saw », vous êtes également au montage. Est-ce pour des raisons budgétaires, artistiques, ou tout simplement parce que vous êtes très exigeant ?

Sur « Saw », si j’ai participé, je n’ai pas signé le montage. il y avaient des monteurs géniaux, mais j’ai eu effectivement besoin d’être là au montage. Il faut comprendre. C’était mon film, j’avais des envies très particulières. C’était un film très dur à faire. Je ne voulais que ça se rapproche d’un film hitchcockien. « Saw » est un thriller. Et Nous avions un budget très limité, j’ai du donc mettre la main à la pâte pour donner ce côté frénétique au film. Ils me manquaient même des images, j’ai du demander au chef opérateur qui avait fait beaucoup de photo du plateau, de me donner ces photos. C’est pour ça qu’on voit dans le film un montage séquence avec des photos pour combler les manques parce que je n’avais pas le temps.. Je me suis battu comme un fou pour mon film.
En revanche, pour « insidious », j’ai effectivement fait moi-même le montage. Parce que j’’adore ça, et non pas à cause du budget.

Ce n’est donc pas parce que vous êtes très exigeant (rires) ?

Pas que. J’ai fait le film très rapidement, et j’ai de très court séquences pour obliger le montage à suivre ma mise en scène. J’avais besoin de le faire moi-même. Une scène d’angoisse est basée sur le rythme, et sur la musique.

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Justement, un mot sur la musique ?

J’adore la musique du film, l’ambiance sonore et la musique accompagnent très bien le film. J’ai voulu quelque chose de très atonale et très expérimentale. Rien de moderne. Du piano, des coups de violon strident. Je me suis inspirée « Night of the Electric Insect », utilisé je crois dans « L’Exorciste » .

Y aura-t-il effectivement un « Insidious 2 » ?

Ou avez-vous entendu cela ?

On en parle déjà dans la presse, sur internet.

Ah bon ! Et bien je ne suis pas encore au courant. Faut que j’aille lire ça. Mais vous savez, tant que les films produisent de l’argent, ce qui est le cas du premier « insidious » , vous inquiétez pas Hollywood sera là.

Merci James...

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Propos recueillis par Bruno Paul - Traduction Bassel Mamoun

Remerciement à Michel Burstein, Yukie Izuka et toute l’équipe de Bossa-Nova pour l’organisation et l’invitation à ce press-junkett dans le délicieux hôtel particulier Montmartre

LIEN(S) YOZONE

=> Insidious, le retour de James Wan
=> Le film annonce (vost)
=> Deux extraits du film (vost)
=> Insidious, la fiche
=> La critique

=> Entretien avec Leigh Whallen (scénariste)

INTERNET

Site officiel : http://www.insidious-lefilm.com


© Photos : Wild Bunch Distribution - Tous droits réservés



Bruno Paul
Bassel Mamoun
9 juin 2011



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