Chargement...
YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Seigneurs de Guerre (Les), tome 3 : Le Marteau de Dieu
Karen Miller
Fleuve Noir, SF / Fantasy, Rendez-Vous Ailleurs, roman, traduit de l’anglais (Australie), fantasy, 678 pages, avril 2011, 24,50€

Maintenant que Rhian est devenue reine de l’Éthrie, elle doit encore assoir sa position face à deux ducs récalcitrants qui ne la reconnaissent pas comme leur souveraine.
L’enseignement de Zandakar, qui en a fait une redoutable guerrière, la pousse à en appeler au jugement du fer. L’issue victorieuse des duels lui permet enfin de tourner tous ses efforts vers le problème principal : l’arrivée de Mijak.
Mais convaincre les nations commerçantes de l’importance de la menace n’est pas une mince affaire. Pourtant, il est urgent de réagir, car les chamanes du Tzhung-tzhungchai peinent à empêcher les troupes de Mijak de prendre la mer en direction de l’Éthrie.



Si le lecteur prend naturellement le parti de Rhian dans cette lutte l’opposant à Mijak, le cœur de Zandakar est déjà plus partagé. Il a juré fidélité à la reine d’Éthrie, mais depuis qu’il a entrevu le vrai Dieu, il souhaite plus que tout ouvrir les yeux de sa famille et ainsi mettre un terme à la politique d’expansion de Mijak. Il envisage plus une résolution pacifique de cette crise que Rhian qui pense uniquement à la guerre. Cela peut paraître pour le moins étonnant, mais il est le seul à vraiment prendre la mesure de l’adversaire, vu qu’il est l’ancien commandant de son armée, le Marteau de Dieu, le porteur du gantelet à la puissance dévastatrice.

Les manœuvres politiques occupent une grande part de ce livre. La diplomatie est un jeu subtil des plus retors, mettant la patience de Rhian à rude épreuve. Depuis « La Reine et le Guerrier », le lecteur suit son évolution au contact de Zandakar. La pratique de l’art du combat de Mijak et les responsabilités de monarque la transforment petit à petit en reine guerrière. Si l’on excepte la folie meurtrière, elle ressemble de plus en plus à l’adversaire Fulie, n’hésitant pas à l’occasion à se taillader le visage pour prouver sa bonne foi ou encore à se battre pour éliminer ceux se dressant sur sa route.
Nos sentiments à son encontre évoluent, on peut voir sa méfiance envers Zandakar et Dextérité d’un mauvais œil, la trouver trop dure, donc au final moins sympathique. À l’inverse, sans trop en dévoiler, Fulie va retrouver une certaine humanité.
Karen Miller joue avec notre perception des personnages qui ne sont plus uniquement noirs ou blancs.

« Le Marteau de Dieu » ne se résume de loin pas à la diplomatie, l’auteure laisse la part belle à l’action. Régulièrement, elle donne un coup de fouet à l’intrigue, poussant insidieusement le lecteur à tourner les pages, désireux de connaître la suite. La fin musclée s’avère particulièrement haletante.

Au long des 670 pages du roman, quelques facilités n’en existent pas moins. Alors que les négociations achoppent depuis longtemps, les choses se résolvent en deux temps trois mouvements avec l’aide de la magie. Et puis les combats sont bien cléments pour certains…

Cette trilogie pose aussi beaucoup de questions sur la place de Dieu dans ce monde. La foi ne semble pas suffire, les preuves tangibles permettent d’élever n’importe quelle entité, bonne ou mauvaise, au rang de divinité. La politique de Mijak ne fait qu’obéir à son Dieu, une puissance malfaisante prospérant dans le sang et la souffrance. Ceux qui s’éloigneront de Chalava, leur Dieu scorpion, ne le feront qu’en étant convaincus par l’expérience de l’existence d’un Dieu bon et unique, ne voulant pas de ces massacres.
D’ailleurs, Dextérité Jones apparaît bien pratique à Karen Miller pour faire passer le message, mais ce n’est qu’un détail ne nuisant guère au récit.

« Le Marteau de Dieu » achève le cycle Les Seigneurs de Guerre de très belle manière. Karen Miller le mène à terme avec brio et parvient à captiver le lecteur jusqu’à la dernière page.

Les Seigneurs de Guerre est d’une grande force et pose bien des questions. Avec « L’Impératrice de Mijak », Karen Miller n’a pas hésité à taper fort d’entrée, servant ainsi le propos des tomes suivants, mais prenant le risque de rebuter son lectorat.
Nous sommes en présence d’une nouvelle preuve de son talent, ainsi que de la diversité de son champ d’action.
Karen Miller, une plume de la fantasy à mettre en avant, car elle le mérite !


Titre : Le Marteau de Dieu (Hammer of God, 2008)
Série : Les Seigneurs de Guerre (Godspeaker, Book 3)
Auteur : Karen Miller
Traduction de l’anglais (Australie) : Cédric Perdereau
Couverture : Pascal Casolari
Éditeur : Fleuve Noir
Collection : SF / Fantasy Rendez-Vous Ailleurs
Directrice de collection : Bénédicte Lombardo
Site Internet : Roman (site éditeur) ; Blog de la collection SF / Fantasy
Pages : 678
Format (en cm) : 24 x 15,5
Dépôt légal : avril 2011
ISBN : 978-2-265-08981-5
Prix : 24,50 €



Autres chroniques des ouvrages de Karen Miller :

La Prophétie du Royaume de Lur
- tome 1, « Le Mage du Prince »
- tome 2, « Le Retour du Sorcier »

Les Seigneurs de Guerre
- tome 1, « L’Impératrice de Mijak »
- tome 2, « La Reine et le Guerrier »


François Schnebelen
13 juin 2011


JPEG - 14.1 ko



Chargement...
WebAnalytics