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Robin des Bois
David B. Coe
J’ai Lu, roman (traduit de l’anglais), novélisation, 284 pages, avril 2010, 12€

De retour de croisade, le roi anglais Richard Cœur de Lion tente de piller un château français pour ne pas rentrer à Londres les mains vides. Un carreau d’arbalète met fin à son règne déclinant. Robin Longstride, un archer de son armée, et ses compagnons décident de rejoindre la côte sitôt l’annonce de la mort du roi, avant que tous les soldats en déroute ne fassent de même. En chemin, ils sont témoins d’une embuscade : le chevalier Robert Loxley, fidèle bras droit du roi chargé de rapporter sa couronne à Londres, meurt sous les coups du traître Godefroy.
Pour honorer la promesse faite au mourant, Robin endosse son identité et accomplit sa mission, avant de rejoindre les terres de Loxley et de rapporter son épée à son père, le vieux seigneur Walter. Mais à Nottingham, les choses ne se passent pas comme l’archer s’y serait attendu...



Bon, je ne vais pas vous raconter tout le film. Allez plutôt consulter le dossier du film.
Bon, d’accord, très vite : en échange de ses souvenirs perdus, Robin accepte de se faire passer pour Robert Loxley. Il tombe amoureux de Marianne, la femme du défunt, et la réciproque ne tarde pas. Le traître Godefroy, sous couvert de récolter une nouvelle taxe pour Jean, ravage le pays avec des chevaliers français, préparant le terrain de l’invasion pour le roi Philippe.
Robin se révèle le fils d’un tailleur de pierre aux grandes idées politiques sur une plus grande justice du roi envers son peuple, et 40 ans après son père, est intronisé chef de la révolte à Jean puis, une fois la trahison de Godefroy éventée, commandant de la troupe contre l’envahisseur d’outre-Manche. Grande bataille sur la plage, les Français fuient. Jean revient sur sa parole, menace ses vassaux et déclare Robin hors-la-loi, qui se réfugie à Sherwood. Fin du film et du livre, et début de la légende.

Si le scénario de Brian Helgeland, porté à l’écran par Ridley Scott, avec Russell Crowe dans le rôle-titre, a le mérite de revenir à une plus grande réalité historique (notamment la mort du roi Richard), j’ai eu plus de mal avec le personnage de Thomas Longstride, le père de Robin, présenté limite comme le messie populaire, presque démocrate avant l’heure. Certes, il ne faut pas oublier que quelques années plus tard, les révoltes des barons déboucheront sur la Magna Carta (la Grande Charte en français, ou l’humiliation du roi Jean dit « sans terre »), mais le tailleur de pierre d’une bourgade minable au XIIe siècle, lettré et fin orateur politique, qui cristallise la petite noblesse autour de lui, j’ai du mal. Mais bon, passons, et revenons au livre.

La novélisation est un art difficile. Voire absurde. Bourré de contraintes : retranscrire un film en donnant aux mots autant de force qu’aux images, ne rien rajouter d’incohérent (donc souvent ne rien rajouter tout court)...
David B. Coe, l’auteur du cycle de fantasy « La Couronne des sept royaumes », accomplit ici le service minimum. Sans avoir revu le film avant ma lecture, je ne crois pas avoir découvert de scène cruciale, ou secondaire coupée au montage, au mieux cela a ravivé le souvenir de quelques détails guère importants.
Le style est plat, désespérément. On dirait qu’aucun dialogue n’a été rajouté, et la narration est très souvent factuelle, descriptive au possible des allers et venues de chacun. La traduction de Jean-Pierre Pugi semble bien en peine de relever un texte sans le moindre relief, parfois émaillé de tics de langage ou de quelques expressions un peu anachroniques, et une poignée de coquilles.

Le seul plus est la part accordée à Godefroy, qui nous permet de mieux cerner ses actions et ses projets. Mais l’introspection n’est pas le fort des personnages, et au final le roman n’apporte que peu ou pas d’éclairage sur les pensées, les doutes, les décisions de chacun dans le film.

Bref, une nouvelle occasion de demander à quoi sert une novélisation. À faire lire les gens qui lisent peu, un ou deux livres par an ? Ils seront peut-être bien les seuls à apprécier : un lecteur avec le minimum d’exigence préférera regarder le film, et passer agréablement deux heures et quelques, que peiner à s’intéresser à une prose si peu captivante.


Titre : Robin des Bois (Robin Hood, 2010)
Auteur : David B. Coe, d’après un scénario de Brian Helgeland
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Jean-Pierre Pugi
Couverture : Affiche du film de Ridley Scott, Universal
Éditeur : J’ai Lu
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 284
Format (en cm) : 13 x 19 x 2,5 (semi-poche)
Dépôt légal : avril 2010
ISBN : 978-2-290-02666-3
Prix : 12 €



Nicolas Soffray
16 juin 2011


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