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YOZONE
Le cyberespace de l'imaginaire




Yo-Hebdo BD 9
4 avril au 10 avril 2011
La sélection de la semaine 14

Ne dîtes rien, je sais, je suis en retard. Sans doute l’effet du Blast qui m’a sonné quelques jours. Mais je vous le promets, cela peut se reproduire^^^
Cette semaine, certains éditeurs mettent les bouchées doubles. Qu’il est loin le temps du premier Yo-Hebdo BD, bien maigrelet avec ses seuls 7 albums. Cette semaine ce sont bien 13 bandes dessinées que je vous présente et, comme vous l’avez compris, on commence par l’immense « Blast » chez Dargaud.

« Blast », la sortie du second tome de la série de Manu Larcenet est l’événement de la semaine. C’est un incontournable, tant le T1 a marqué de son empreinte la fin d’année 2009.
Dans son souffle créatif , beaucoup de séries à noter, comme « Le Pape terrible » et « La Guerre des Magiciens » chez Delcourt, « Chroniques Outremer » et « S.A.M. » chez Dargaud, « Les Gardiens du Sang » chez Glénat, le dernier « Borderline » chez Grand Angle ou encore le retour tant attendu de « Courtney Crumrin » chez Akileos.
Et un gros coup de coeur vers nos lectures de jeunesse avec « La Dynastie Donald Duck » qui rend hommage à l’immense Carl Barks, chez Glénat.

Prenons la mer, en bon breton que je suis mais, rassurez-vous, nous reviendrons sur terre puisque je suis aussi à moitié ch’ti !



Il n’est pas difficile de choisir l’album de la semaine tant l’attente de la suite de « Blast » de Manu Larcenet était forte. Et même si j’avais une grosse tentation pour « La Guerre des Magiciens » ou encore « Le Pape terrible » de Mister Jodorowsky avec ce dessin puissant de Theo.
Mais non, tout d’abord « Blast »...

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*** « Blast (T2) Apocalypse selon Saint-Jacky » de Manu Larcenet

Avec le premier tome de « Blast », « Grasse carcasse », les superlatifs ont volé, tous ont annoncé la baffe, la claque de l’année. Et rien de trop n’a été dit tant cet album se différenciait du reste de la production et emportait dans son souffle déchirant nos éclats d’humanité qui émergeaient au fil de l’histoire de Polza Mancini.
Déjà, cet étrange personnage, malhabile dans ce corps d’obèse qui l’encombre. il a 38 ans et il a décidé de tout quitter pour rejoindre l’île de Pâques. Cet écrivain de métier a vécu son premier blast en voyant son père mourir, rongé par le crabe. Il dit que l’expérience l’a modifié...
Cela, il le raconte aux deux flics qui l’interrogent, parce qu’il est arrivé quelque chose de grave à Carole Oudinot... Mais pour le savoir, il faut s’armer de patience, l’homme peut se fermer, se cadenasser dans ce monde intérieur si étrange pour ses deux interlocuteurs. Le voyage est terrible, les moyens d’atteindre le blast sont l’alcool en masse, les médicaments auxquelles s’ajoutent des tonnes de barres chocolatées... L’homme, écœuré par sa vie, son physique, sa petite vie familiale et les drames qui l’entourent, semble totalement en voie d’auto-destruction. Mais chaque « voyage » est extraordinaire, Polza Mancini est alors plus léger que l’air, enfin libre d’abandonner cet énorme fardeau qu’est sa « grasse carcasse ». Et il peut alors rejoindre les sommets des statues de l’île de Pâques ! L’île de Pâques, son obsession.

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Dans ce long récit d’un homme qui décide de tout abandonner pour se trouver et s’apprécier, Manu Larcenet se fait plus grave, plus sombre que dans ses précédentes productions. Il travaille en noir et blanc, parfois léger, souvent charbonneux, toujours en nuances, n’utilisant une palette de couleur que pour évoquer le blast, de vigoureux traits de crayons de couleur qui renvoient à l’enfance, ce passage où l’homme a été libre et heureux.
La claque est extrêmement intense, Manu Larcenet a toujours fait part de ses angoisses et de ses obsessions dans son œuvre, on sent qu’il est ici dans ce qu’il a le plus osé, sans doute dans l’histoire la plus forte qu’il ait jamais écrite. Il laisse au lecteur ce sentiment que cette BD est tout simplement un livre majeur, un hymne à l’humanité qui raconte un quotidien d’inhumanité.
Plus qu’une BD, « Blast » est un bouquin « énorme ».
Ce livre a reçu un prix éminemment important en 2010, celui des libraires.

Résumé pendant le blast :
« Je mens... Je suis en feu, je suis gris, lourd, crasseux, mais je suis en feu. »
Un homme seul dort dans les bois. Masse inouïe de plus de 150 kilos, il est parti un beau matin, laissant sa vie d’avant, à la recherche du blast, ce court instant de perfection, flash improbable, qui survient parfois, lorsque, oubliant sa graisse, il parvient à voler.

(Blast (T2) Apocalypse selon Saint-Jacky - 208 pages N&B - 22,90 € - Dupuis - 8 avril 2011)

Quittons le souffle du « Blast » pour rejoindre un scénariste terrible, Alejandro Jodorowky, et son regard sur l’histoire du Vatican.

*** « Le Pape terrible (T2) Jules II » de Alejandro Jodorowsky, Theo et Florent Bossard

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Jodorowky aime les outrances et parler de religion, si possible, il aime mêler les deux. Cette BD n’est donc pas pour qui prêche la parole sainte car avec Jodo, la religion en prend pour son culte. Il a entamé une trilogie qui raconte différentes périodes de l’histoire du Vatican, entre la fin du XVe et le début duXVIe siècle. Chacune devait être constituée de diptyques, le premier s’intitulait « Borgia », projet mené avec Milo Manara chez Albin Michel, le second est « Le Pape terrible » qu’il a façonné avec un dessinateur italien dont il a repéré le talent sur la série « Le Trône d’argile » (3 albums chez Delcourt). C’est également le dessin époustouflant de Theo Caneschi, dit Theo, qui m’avait poussé à découvrir cette série. Aujourd’hui, on peut sans conteste dire qu’il a trouvé une BD pour développer son énorme potentiel... et que, comme pour « Borgia », la notion de diptyque est oubliée, le succès agissant tel un miracle de la multiplication des albums dans l’édition... On ne le regrettera d’ailleurs pas une seconde.

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Le Pape Jules II et son mignon

Résumé au Vatican, en 1504 :
Poussé par Aldosi qu’il a épousé en secret, Jules II s’apprête à déclarer son amour au grand jour. Avant d’en informer la Chrétienté, il convoque le clan Rovere. Mais ces derniers s’unissent pour fomenter l’assassinat du favori. La découverte du cadavre transforme le pape en un monstre sanguinaire. Il jure alors de détruire tous ceux qui s’opposent à sa Sainte volonté, y compris sa propre famille...
(Le Pape terrible (T2) Jules II - 52 pages couleurs - 13,95 € - Delcourt - 6 avril 2011)

Restons au Vatican (aujourd’hui très visité par la BD^^), pour le développement du troisième arc de la série passionnante de Didier Convard, « Le Triangle secret ».

*** « Les Gardiens du Sang (T3) Le Carnet de Cagliostro » de Didier Convard et Denis Falque

Peut-on parler de BD ésotérique sans évoquer le nom de Didier Convard ? _ Non, et ce depuis le succès de cette remarquable série qu’est « Le Triangle Secret » (7 albums). Dans sa continuité, il a créé deux autres séries, « INRI » (4 albums), puis « Les Gardiens du Sang ».
Avec le fidèle Denis Falque au dessin, il ouvre le troisième volet de cette dernière série, toujours pour offrir un éclairage différent sur la première. Et ici, pour plonger dans les mystères et secrets sanglants du bras armé du Vatican, lancé à la recherche d’un élixir d’immortalité, ce « Sang Noir » pour lequel les hommes sont prêts à tout.

Action, suspense, science et magie, sociétés secrètes... sans aucun doute une série où l’intelligence à pris le pouvoir pour le plaisir du lecteur.

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Info Bonus
Ces trois séries sont toutes publiées chez Glénat, dans la collection « La Loge noire ». Si elles sont encore à l’état de projet dans votre bibliothèque idéale de bandes dessinées, sachez que c’est le bon moment pour les découvrir puisque Glénat propose chacun des trois premiers tomes des trois séries au prix de 5,90 €.

Résumé en quête de vie éternelle :
Dans le palais des Rohan de Strasbourg, le carnet de Cagliostro a été volé. Pour beaucoup, ce n’est qu’un événement anodin, mais pour certains, comme Jean Nomane, le professeur Clark ou l’agent du B.I.S (Brigade d’Infiltration des Sectes) Monsieur Grégoire, c’est un événement d’une importance considérable. Cela pourrait signifier que les Gardiens du Sang reforment leurs rangs, et qu’ils poursuivent leur quête de la formule du « Sang Noir », l’élixir d’immortalité. N’est-ce pas plutôt une autre organisation qui entrerait en scène, désireuse de s’emparer du mythique carnet de l’alchimiste, dans ce musée ultra sécurisé ?
Cachés par le B.I.S , tandis que Grégoire mène l’enquête, Nomane et Clark rongent leur frein. Car ils savent que certains sont prêts à mettre en œuvre des forces puissantes pour percer le secret de l’immortalité…

(Les Gardiens du Sang (T3) Le Carnet de Cagliostro - 56 pages couleurs - 13,50 € - Dargaud - 6 avril 2011)

Prenons enfin la mer, pour des aventures qui s’inspirent du grand Jules Verne, toutes deux attendues chez Delcourt.

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Pleins les yeux avec Alexis Nesme

*** « Les Enfants du capitaine Grant (T2) » de Alexis Nesme, d’après l’œuvre de Jules Verne

Un naufrage, une bouteille à la mer et l’aventure s’offre à celui qui la retrouve.
Ce roman, publié en feuilleton de 1865 à 1867, est un des plus beaux voyages extraordinaires écrits par Jules Verne. Une aventure maritime qui mène, de l’Amérique du sud à l’Australie, une expédition partie rechercher les survivants du naufrage du Britannia, un navire dirigé par le capitaine Grant. Une recherche d’un père pour Mary et Robert Grant, et un formidable voyage autour du globe terrestre, le long du 37° parallèle, dans l’hémisphère sud.
Alexis Nesme réalise cette adaptation en BD, choisissant l’axe anthropomorphique pour garder encore plus les couleurs du récit de jeunesse. Le dessin et les couleurs sont saisissantes. Les couvertures ont croqué la qualité graphique des grandes éditions des romans de Verne réalisées par Pierre-Jules Hetzel.
Un coup de cœur pour tous ces enfants qui ont fait le tour du monde avec cet explorateur hors-normes qu’était Jules Verne.

Résumé jeté à la mer :
Après la Patagonie, direction l’Australie. Sur la foi du message trouvé dans une bouteille jetée à la mer, Lord Glenarvan poursuit la recherche du capitaine Grant naufragé. Le voici reparti, aidés de ses amis, pour de nouvelles aventures... Trahisons, tempêtes et autres catastrophes naturelles, rien n’arrêtera le courageux équipage dans son périple qui l’entraînera aux quatre coins du monde.
(Les Enfants du capitaine Grant (T2) - 48 pages couleurs - 10,50 € - Delcourt - 6 avril 2011)

*** « Hauteville House (T7) Expédition Vanikoro » de Fred Duval, Thierry Gioux et Carole Beau

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« Hauteville House » est une série appréciée sur la Yozone. Plusieurs collaborateurs la lisent (voir la critique de Hauteville House (T5) USS Kearsarge), appréciant son côté steampunk, son hommage marqué à l’oeuvre de Jules Verne et l’inventivité du scénario de Fred Duval. Et comme le duo Thierry Gioux et Carole Beau fonctionne à merveille, la série leur est devenue incontournable.
De l’aventure trépidante, des personnages originaux (Gavroche en super agent secret, le Fantôme de Paris...), des trouvailles technologiques épatantes et une fiction qui s’amuse avec l’Histoire.

Le cocktail est savoureux. En voici une nouvelle rasade...

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Un étonnant sous-marin que n’aurait pas renié Jules Verne.

Résumé à bord d’un sous-marin :
D’un côté, Gavroche et Zelda, à bord du sous-marin nordiste le Kearsarge ; de l’autre, le Diable de Tasmanie, rallié par le Fantôme de Paris, à bord de l’Alabama, navire de guerre sudiste. Les deux équipages se disputent les Îles Salomon afin de récupérer la croix de la Pérouse. L’expédition les mènera au-delà de la faille de Vanikoro, là où sommeille une cité sous-marine inconnue de l’espèce humaine...
(Hauteville House (T7) Expédition Vanikoro - 48 pages couleurs - 13,95 € - Delcourt - 6 avril 2011)

La mer, encore, avec ce dessinateur breton, Bruno Le Floch’, adepte d’une jolie ligne claire qui s’est beaucoup distillée dans des récits intimistes.

*** « Chroniques Outremers (T1) Méditerranéenne » de Bruno Le Floch’

C’est en tenue maritime qu’on le retrouve, voguant sur des eaux méditerranéennes. A la façon d’un Hugo Pratt, il se lance dans une histoire aux senteurs pirates, récit moderne qui prend la mer alors que le monde connaît sa première grande Guerre ?

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Bruno Le Floch’ passe à l’abordage...

Il nous précipite en pleine mer alors qu’un cargo aborde un trafiquant d’armes. Elles ne seront pas pour les Allemands mais sans doute pas non plus pour ces révolutionnaires venus d’Amérique du Sud. Les double jeux s’entremêlent, on y perd parfois un peu sa route, finissant par reprendre la boussole sur une fin très ouverte mais un peu frustrante.

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... et ne fait pas de quartier !

On espère vite reprendre le bord car c’est somptueusement dessiné, avec un vrai talent de mise en scène.

Résumé en pleine mer :
La Méditerranée, en pleine Première Guerre mondiale. Les trafics que cette mer abrite depuis toujours sont plus nombreux et dangereux que jamais. Liro Tana est le capitaine d’un cargo qui prend sa part de livraisons secrètes et de cargaisons sensibles. Cette fois, Tana et son équipage jouent double jeu : censés réceptionner une cargaison d’armes et l’acheminer vers la Turquie en guerre pour les Allemands, ils sont en fait aux ordres de l’armée anglaise. Après un bref combat, la cargaison est chargée, et le bateau met cap sur Gibraltar, où il doit livrer les armes aux Britanniques. Mais c’est sans compter sur la présence à bord de mystérieux Sud-Américains…
(Chroniques Outremers (T1) Méditerranéenne - 54 pages couleurs - 13,95 € - Dargaud - 8 avril 2011)

Quittons la mer, mais pour rejoindre Berlin, une capitale allemande qui se prépare encore à la Guerre. Mondiale, encore, mais la Seconde cette fois.

*** « La Guerre des magiciens (T1) Berlin » de Carlos Trillo, Roberto Dal Pra’ et Domingo Mandrafina

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Voilà un projet que j’avais repéré de longue date. Réunir le grand Carlos Trillo et Roberto Dal Pra’ (scénarite pour « Le Manuscrit interdit ») pour créer une histoire dessinée par Domingo Mandrafina... Yo man, je trépigne. Une histoire de Guerre des magiciens qui prend sa source à l’aube de la seconde guerre mondiale, dans les alcôves du renseignement. Pas de doute, voilà un album à pré-sélectionner.
Pour vous faire une idée (même si on sait que du Mandrafina, de plus en couleurs, ce sera top !), les premières planches de l’album sont ici.

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Berlin, la douce...

Résumé à Berlin, 1936. :
Bob et Charly, anciens inspecteurs de Scotland Yard, spécialisés dans la traque aux charlatans et faux spirits, débarquent en Allemagne. Tous deux, amis autrefois, se retrouvent au même lieu de rendez-vous. Qui est donc cette jeune Allemande qui les a contactés ? Troublés, ils sont loin d’imaginer qu’ils viennent de prendre part à la plus effroyable guerre des magiciens jamais connue...
(La Guerre des magiciens (T1) Berlin - 48 pages couleurs - 13,50 € - Delcourt - 6 avril 2011)

Restons dans cette période de guerre, plus exactement dans la période tragique de l’Occupation allemande.

*** « Un sac de billes » de Kris, Vincent Bailly, d’après le roman de Joseph Joffo

Après le très beau « Coupures irlandaises », qu’ils ont déjà réalisé ensemble pour Futuropolis, Kris et Vincent Bailly s’attaquent cette fois à un classique de la littérature, le célèbre roman de Joseph Joffo, « Un sac de billes ».

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Paris, une partie de billes...

L’auteur y raconte ses souvenirs de jeune Juif durant l’Occupation allemande. L’aventure d’un enfant, obligé de quitter ses parents pour échapper à la Gestapo, et qui devra traverser la zone libre, en compagnie de son frère Maurice, pour rallier Menton et retrouver d’autres frères. Avec un leitmotiv en tête, ne jamais, au grand jamais, dire qu’ils sont juifs.
Ce périple incroyable a marqué plusieurs générations et est devenu un best-seller vendu à quelques 25 millions d’exemplaires dans le monde.

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Deux gamins qui vont devoir quitter l’insouciance de l’enfance...

Pour décrocher cette adaptation en deux volumes de 64 pages, Vincent Bailly s’est engagé près de Joseph Joffo à réaliser ensuite les deux autres romans de l’auteur, « Baby-Foot » qui se situe juste cinq ans après la Libération et « Agathes et Calots » qui, lui, précède dans le temps les années de fuite racontées dans « Un sac de billes ».
Beaucoup de lecteurs vont se replonger dans les souvenirs indélébiles procurés par ces lectures.

Résumé par un gamin de 10 ans :
Septembre 1941, Jo a 10 ans. C’est un gamin parisien, un joyeux poulbot farceur et dégourdi du 18e arrondissement. Il est le dernier d’une fratrie de six enfants, et est très proche de Maurice, son aîné de deux ans à peine. Mais les Allemands occupent Paris ; le port de l’Étoile Jaune devient obligatoire pour tous les Juifs ; la menace fait plus que gronder… Les parents de Joseph décident donc que leurs deux cadets doivent fuir pour gagner la zone libre et rejoindre leurs frères aînés à Menton. Avec alors pour tout bagage, une consigne de survie martelée violemment à leurs oreilles : « Ne dis jamais que tu es juif ! », quelque 5 000 francs de l’époque, leur intrépidité, bon sens et innocence, Maurice et Joseph prennent la route de la liberté, celle de tous les dangers. Passer inaperçus, travailler un peu, déjouer les interrogatoires, rechercher une famille éparpillée… Un long chemin semé d’embûches immondes et heureusement de bonnes âmes, un parcours initiatique, qui forge et marque un homme pour toute son existence.
(Un sac de billes - 64 pages couleurs - 16 € - Delcourt - 7 avril 2011)

De temps en temps, dans cette petite chronique de la bande dessinée, je me dis que je suis impardonnable d’avoir loupé un ou deux ouvrages au moment de leur parution. Il faut dire que chaque semaine, bon nombre d’excellents titres paraissent et qu’il est bien difficile de tout repérer tant la vague est haute. Et oui, pas loin de 5 000 références par an tout de même !
Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, je tenais à vous mettre en tête la sortie du second et dernier tome de « Chambre obscure » de Cyril Bonin et vous présenter quelques délicieux dessins extraits de son blog..

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*** « Chambre obscure (T2) » de Cyril Bonin

Ceux qui sont tombés sous le charme de « Fog », cette série déclinée avec Roger Seiter chez Casterman (8 tomes) savent l’élégance et le raffinement du dessin de Cyril Bonin. Voilà une série, peut-être pas assez connue, qui est vraiment passionnante.

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Cette fois, il travaille seul pour une histoire mystérieuse qui rend hommage aux romans de Maurice Leblanc. Il nous invite chez les Dambroise, une famille bourgeoise du début du XXe siècle où on fête le retour d’Alma, cette soeur prodigue devenue une femme libre et indépendante. Un mystérieux vol de trois tableaux de famille, sans valeur autre que les souvenirs, vient gâcher la fête. L’inspecteur Alcide Leblanc entre alors en scène pour démêler l’artifice de la réalité, la fiction de la vie !
Si vous avez embarqué dans cette aventure aux couleurs d’un autre temps, vous ne serez pas déçus tant l’album est splendide.

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Une splendide galerie de personnages.

Résumé dans la Chambre obscure :
Nous replongeons de plus belle dans le mystère entourant le vol des tableaux de la famille Dambroise. Après trois semaines passées dans la demeure familiale, il est plus que temps pour une femme libre et indépendante comme Alma de reprendre la route. Tandis que la police recherche activement Maurice, le majordome en fuite, une mystérieuse silhouette continue de rôder autour de la maison. Mais le départ d’Alma va relancer l’enquête dans une direction inattendue, obligeant chacun des protagonistes à se révéler et entraînant l’inspecteur Leblanc, de péripéties en rebondissements, jusqu’à la fameuse « Chambre obscure »...
(Chambre obscure (T2) - 48 pages couleurs - 13,95 € - Dargaud - 1er avril 2011)

Je sens venir notre petit moment de SF, histoire d’un robot qui refuse de tuer, sans doute parce qu’une certaine vieille loi de la robotique lui interdisait d’atteindre à l’intégrité physique de l’homme !

*** « S.A.M. (T1) Après l’homme... » de Richard Marazano et Shang Xiao

Pour qui aime les mondes post-apocalyptiques, voici une histoire enfantée entre les univers d’Akira et de Terminator. Un récit d’anticipation qui s’appuie sur les lois de la robotique d’Asimov, imaginé par Richard Marazano pour un dessinateur chinois, Shang Xiao.
Une mégalopole en ruines, des enfants qui se terrent pour survivre, des robots chargés d’annihiler toute vie... jusqu’au miracle, du nom de S.A.M.

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Pas bien nouveau, non ! Mais la rencontre entre un mordu de SF et un dessinateur chinois de dessins animés peut faire une histoire bien roulée qui amuse notre rétine. Ma petite antenne à la librairie Critic de Rennes clignote... nous sommes du même avis.
La série est prévue en quatre albums... Moi, je suis très fan. Miam !
(Si je me trompe, je bouffe l’antenne^^)

Résumé, après l’effondrement :
Après le Grand Effondrement, seuls quelques enfants et ados tentent de survivre dans la mégalopole. Traqués par des robots tueurs chargés d’éradiquer toute trace de vie, même végétale, ils se sont réfugiés dans les sous-sols et égouts, et ne remontent à la surface que pour chercher de quoi subsister. Un beau jour, Yann, l’un de ces enfants, à l’écart de son groupe, tombe nez à nez avec un robot de type inconnu. Se produit alors un événement qui pourrait changer la face de ce monde en perdition : le robot ne tue pas Yann, pourtant à sa merci ; sur la structure de ce robot, les initiales S.A.M...
(S.A.M. (T1) Après l’homme... - 46 pages couleurs - 13,95 € - Dargaud - 8 avril 2011)

Seconde immersion dans le post-apo que « La Cité de l’Arche » de Boiscommun.

*** « La Cité de l’Arche (T2) Ville Tombe » de Olivier Boiscommun

Amateur de Fantastique et de SF, l’auteur du « Livre de Jack » nous entraine dans un Paris dévasté, une ville sous dôme qui écrase ses habitants d’une poigne de fer. Dans un désespoir sans faille, une petite lueur subsiste, portée par une légende qui annonce un Passeur. Celui qui pourrait mener à la lumière ignore bien entendu tout de sa destinée, aveuglé qu’il est par un amour qu’on lui interdit.

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Anathaël... longeant le site d’Olivier Boiscommun

Du Boiscommun dans le texte comme dans le graphisme pour une histoire qui navigue entre anticipation, fable et romantisme.
Si j’aime toujours autant le dessin de l’auteur, je reste sur une petite déception car je trouve cette histoire bien convenue. Il me manque un peu de souffle et se surprises.

Résumé sous le dôme :
Jour après jour, la légende s’amplifie et la tension monte au sein de la Ville Lumière.

Anathaël se retrouve emporté, malgré lui, par cette vague contestataire et pénètre les profondeurs de la Ville Tombe, cité refuge des infidèles. Il y fera une rencontre qu’il n’espérait plus.

Orée alimente toujours ses fantasmes les plus fous, et cette obsession l’empêche de progresser dans l’apprentissage des techniques d’hyperception. Elle compromet également le rôle auquel son tuteur le destine.
Le Grand Présideur, dans l’ombre, s’amuse du destin de chacun et continue d’organiser les événements dans un but que lui seul semble connaître.

En surface, les groupes armés des insurgés s’engagent sur la voie de la rébellion. La colère gronde...
(La Cité de l’Arche (T2) Ville Tombe - 56 pages couleurs - 13,90 € - Drugstore - 6 avril 2011)

L’aventure a été au cœur de cette sélection, elle prend des accents fantastiques lorsque l’on aborde le retour de « Courtney Crumrin ».

*** « Courtney Crumrin (Hors série, T2) La Ligue des Gentlemen Ordinaires » de Ted Naifeh

Oui, la revoilà enfin, elle qu’on attend depuis cinq longues années !
Hourrah Hep !
Et bien... non. C’est tonton Aloysius qu’on retrouve.
Mais on ne se plaindra pas une seconde, retrouver l’univers imaginé par Ted Naifeh est toujours un plaisir intense.

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C’est donc un hors-série qui fait suite à « Portrait du sorcier en jeune homme » qu’Akileos publie. Il s’inscrit dans la mythologie des personnages créés par Ted Naifeh autour de la cultissime Courtney.
On entre à nouveau dans le passé de tonton Aloysius Crumrin pour une histoire d’ambition et de confiance trahie qui fait la lumière sur un épisode douloureux de sa vie.

Résumé du côté de Hillsborough :
Le jeune Aloysius poursuit ses activités au sein de la Société de Lutte contre la sorcellerie, dirigée par William Crisp, le père d’Alice Crisp. Celle-ci est tiraillée par son attirance pour Aloysius et sa défiance envers sa
pratique de la magie, qu’ils sont censés combattre.
Le récit et ses péripéties conduiront le couple à Hillsborough, ville d’origine de la famille d’Aloysius, ainsi que de tous les sorciers rencontrés par la Société. Alice y fera un choix lourd de conséquences, avant de s’apercevoir que le mal résidait au sein même de la Société, en la personne de l’ambitieux Donald Grosvenor, un associé de son père.
Seul Aloysius serait en mesure de l’aider, mais le pourra-t-il encore ?

(Courtney Crumrin (Hors série, T2) La Ligue des Gentlemen Ordinaires - 56 pages N&B - 8,50 € - Akileos - 7 avril 2011)

Au passage, je vous signale que ce même éditeur a sorti le 7 avril une adaptation en BD du « Secret Show » de Clive Barker, réalisée par Chris Ryall et Gabriel Rodriguez (oui, oui, l’excellent dessinateur de « Locke & Key »). Le titre américain est « The Great and Secret Show », une aventure commencée en comic books en 2006.
Et pour les fans du Sherlock Holmes de Conan Doyle, une quatrième aventure par Ian Edginton et I.N.J. Culbard ou « La Vallée de la peur ». Après avoir lu l’adaptation plutôt réussie de la seconde nouvelle que Conan Doyle consacra à son héros, « Le Signe des Quatre », sorti en janvier 2011, je vais jeter un oeil plus que curieux sur cette nouveauté ainsi que sur les précédents titres parus.

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Étaient déjà sortis chez le même éditeur « Le chien des Baskerville » et « Une étude en rouge » ainsi qu’une intéressante adaptation des « Montagnes Hallucinées » de Lovecraft, travail cette fois réalisé en solo par I.N.J. Culbard.

Nous sortions la semaine dernière du Yo-Hebdo BD avec « Titeuf », nous restons chez le même éditeur, Glénat, pour un clin d’œil à un personnage qui a procuré de multiples lectures amusées, Donald Duck.

*** « La Dynastie Donald Duck (T2) Retour en Californie et autres histoires » de Carl Barks

Et qui dit Donald Duck dit Carl Backs. Celui que ses fans ont surnommé « l’Homme des Canards » est l’auteur le plus réputé et le plus talentueux des aventures de Donald, créateur de nombreux personnages dont l’incomparable Picsou.
Glénat a entamé la publication de l’intégralité de l’œuvre de Carl Barks (une première en France). 24 volumes sont prévus pour redécouvrir ces aventures pleines de magie. Une saga familiale à lire en famille, et surtout à faire découvrir aux plus jeunes (6 - 10 ans).
En introduction, chaque volume propose un appareil critique de l’œuvre de l’auteur, et chaque histoire est précédée d’une courte fiche d’identité bibliographique permettant de la replacer dans le contexte de sa première publication. La mise en couleur de l’ensemble des bandes dessinées a été refaite à l’occasion de ces intégrales qui visent le public d’ admirateurs de Carl Barks et les collectionneurs bibliophiles !

Les inconditionnels de Picsou Magazine vont sans doute casser leurs tirelires. J’espère qu’elles sont de taille ou nombreuses car chaque ouvrage vaut un petit paquet de n’ieuros !
(La Dynastie Donald Duck (T2) Retour en Californie et autres histoires" - 384 pages couleurs - 29 € - Glénat - 6 avril 2011)

On se quitte en saluant tous ces personnages épatants : Gontran Bonheur, Géo Trouvetou, Miss Tick, les Rapetou, les Castors Juniors...
Que du bonheur !

Moi, je reprends la mer pour, déjà, penser à nos prochaines aventures en BD.


Des blogs, des sites

- Epais & Tordu, blog de Manu Larcenet
- Le Triangle secret
- Vincent Bailly
- Cyril Bonin
- La Cité de l’Arche, site d’Olivier Boiscommun
- Nicolas Delestret
- Gabriel Rodriguez

Les clics utiles

Chaque semaine, retrouvez nos sélections de bandes dessinées :

- Yo-Hebdo BD 8 - Semaine 13 (du 28 mars au 3 avril 2011)
- Yo-Hebdo BD 7 - Semaine 12 (du 21 au 27 mars 2011)
- Yo-Hebdo BD 6 - Semaine 11 (du 14 au 20 mars 2011)
- Yo-Hebdo BD 5 - Semaines 9 & 10 (du 3 au 13 mars 2011)
- Yo-Hebdo BD 4 - Semaine 8 (du 22 février au 2 mars 2011)
- Yo-Hebdo BD 3 - Semaine 7 (du 15 au 21 février 2011)
- Yo-Hebdo BD 2 - Semaine 6 (du 8 au 14 février 2011)
- Yo-Hebdo BD 1 - Semaine 5 (du 1er au 7 février 2011)

Des liens Yozone pour en découvrir plus sur les séries et les auteurs cités dans ce Yo-Hebdo BD 8

- Blast (T1) Grasse Carcasse, la bande annonce
- Larcenet : Crevaisons
- Entre-Mondes (Les) (T2) Les Eaux lourdes
- Crevaisons (T5)
- Le Combat ordinaire
- Le Pape terrible (T1) Della Rovere
- Les Gardiens du sang
- Les Gardiens du sang (T2) Deir El Medineh
- Hauteville House (T5) USS Kearsarge
- Les Enfants du Capitaine Grant (T1)
- La Guerre des magiciens : Berlin
- Trillo-Risso : Point de Rupture
- Point de Rupture (T2)
- Point de Rupture (T3)
- Bang Bang (T4) Prison de femmes
- Bang Bang (T5) Une étudiante à New-York
- Le Complexe du chimpanzé (T1) Paradoxe


Illustrations © Auteurs, Éditeurs et ayants droits



Fabrice Leduc
13 avril 2011




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Blast (T2) Apocalypse selon Saint-Jacky



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Planche 01



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Planche 02



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Planche 03



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Planche 04



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Le Pape terrible (T2) Jules II



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Les Gardiens du Sang (T3) Le Carnet de Cagliostro



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Un dos de couverture qui présente le sulfureux Cagliostro.



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Les Enfants du capitaine Grant (T2)



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Hauteville House (T7) Expédition Vanikoro



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Chroniques Outremers (T1) Méditerranéenne



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La Guerre des magiciens (T1) Berlin



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Un sac de billes



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Chambre obscure (T2)



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S.A.M. (T1) Après l’homme...



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La Cité de l’Arche (T2) Ville Tombe



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Secret Show



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La Vallée de la peur, un classique de Sherlock Holmes en BD.



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La Dynastie Donald Duck (T2) Retour en Californie et autres histoires



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Un canard nommé Donald Duck...



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Blast (T1) Grasse Carcasse chez Dargaud



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Le Pape terrible (T1) Della Rovere chez Delcourt



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