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Cités de Lumière (Les), tome 2 : La Saison des Traîtres
Daniel Abraham
Fleuve Noir, SF/Fantasy, Rendez-Vous Ailleurs, roman, traduit de l’anglais (États-Unis), fantasy, 355 pages, juin 2010, 22€

Machi est une cité au nord du Khaiem. Son gouverneur, le Khai, n’en a plus pour longtemps à vivre et, comme le veut la tradition, son successeur sera le plus puissant de ses fils, c’est-à-dire celui qui assassinera les autres avant de l’être !
Jusqu’à présent, les fils du Khai Machi n’ont guère montré de velléités combattives. Pourtant, Biitrah et ses gardes sont empoisonnés, alors que ses deux frères jurent ne pas avoir participé aux meurtres.
Maati est envoyé sur place par le Dai-kvo pour mener discrètement l’enquête. Il y rencontre le poète Cehmai et son andat Pierre-Rendue-Tendre.
Si Maati a été choisi pour cette mission, c’est parce qu’il connait Otah Machi, le fils disparu du Khai, apparaissant comme le coupable idéal dans cette sombre affaire.



Avec « La Saison des Traîtres », Daniel Abraham poursuit son cycle Les Cités de Lumière, débuté avec « La saison de l’Ombre », un volume encensé par une partie de la critique, mais pas par moi.
Qu’en est-il de ce second tome ? D’autant que l’on retrouve Otah Machi et Maati Vaupathai, dix ans après les évènements de Saraykeht.

À nouveau, il ne faut pas chercher de l’action, elle est quasi absente, Daniel Abraham œuvre dans une fantasy plus psychologique où les intrigues et les relations humaines priment sur les autres artifices permettant souvent de cacher l’absence d’idées.

Dans « La Saison de l’Ombre », il était difficile d’accepter les faits prêtés à quelques personnages. Là, l’auteur évite cet écueil, il a ficelés de très belle manière la lutte pour le trône de Machi. Après le prologue décrivant le meurtre d’un prétendant, il dévoile assez vite le mystère dessus, mais sans que l’intérêt ne diminue.
L’ennemi qui tire les ficelles dans l’ombre est toujours le même, le quatrième de couverture cite même le Pays de Galt, qui aimerait s’approprier les richesses du Khaiem, mais qui en est empêché par le pouvoir des andats.

Celui de Machi, Pierre-Rendue-Tendre, est asservi par le poète Cehmai et peut raser les montagnes, faire ébouler une maison sur ses occupants… Un jeu le garde sous la coupe du poète, qui ne peut donc se permettre de perdre la moindre partie, sous peine de voir l’andat reprendre son statut d’idée désincarnée.
D’ailleurs, un des moments forts de ce roman met justement en scène un tel duel. Cehmai va devoir y résoudre un choix cornélien.

Le récit se tient parfaitement et le manque d’action ne l’empêche pas d’être passionnant, car on s’interroge sur la façon dont les évènements vont s’emboîter, surtout qu’ils sont souvent connus à l’avance.
Daniel Abraham sait distiller ses effets, dévoiler par moments pour mieux surprendre par après. Les enjeux de cette lutte de pouvoir sont multiples et peuvent avoir un effet dévastateur.

Comme cela ne bouge pas beaucoup, on peine un peu au début à s’immerger dans l’histoire. C’est le seul petit reproche que l’on pourrait adresser à « La Saison des Traîtres ». Toutefois, au fur et à mesure de la mise en place des différents pions sur l’échiquier de Machi, le lecteur est emporté par une suite de faits qui gagnera l’adhésion.

« La Saison des Traîtres » me réconcilie avec Daniel Abraham qui nous livre une fantasy différente. Elle est plus exigeante, plus psychologique, mais non moins distrayante. Il nous prouve d’éclatante manière qu’il est encore possible de trouver une autre voie dans un genre à la production pléthorique, à la qualité très inégale et à la pénultième resucée du « Seigneur des Anneaux ».

Voilà qui ne me fait pas regretter d’avoir lu « La Saison de l’Ombre », même si beaucoup de choses m’ont agacé lors de sa découverte. Pour apprécier pleinement le présent volume, il est d’ailleurs conseillé de commencer par le passé de Saraykeht.

Espérons que Daniel Abraham continuera sur sa lancée avec « La Saison de la Guerre », sorti en mars.


Titre : La Saison des Traîtres (A Betrayal in Winter, 2007)
Série : Les Cités de Lumière (Book Two of The Long Price Quartet)
Auteur : Daniel Abraham
Traduction de l’anglais (États-Unis) : Alexandra Maillard
Couverture : Larry Rostant
Éditeur : Fleuve Noir
Collection : SF/Fantasy Rendez-Vous Ailleurs
Directrice de collection : Bénédicte Lombardo
Site Internet : Roman (site éditeur) ; blog de la collection
Pages : 355
Format (en cm) : 24 x 15,5
Dépôt légal : juin 2010
ISBN : 978-2-265-08441-4
Prix : 22 €



François Schnebelen
18 avril 2011


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