Il y a dans « Le Déchronologue » de Stéphane Beauverger tout ce que l’on est en droit d’attendre d’un excellent roman de SF écrit au XXIe siècle.
De l’aventure en veux-tu en voilà, des références culturelles sérieusement étayées mais jamais lassantes, une construction littéraire très élaborée ainsi qu’un style de très haut niveau, une intrigue purement SF absolument crédible, de la joie, de l’humour, des pleurs ainsi qu’une ode à la liberté et à l’humanisme jamais embourbée dans une artificialité moralement correcte ou ostentatoire.
Voici donc un récit de flibustiers dans la grande tradition du genre avec volées de boulets de canons, batailles épiques et intenses séances de discussions soutenues par de grandes quantités d’alcool -à en faire pâlir les hollywooderies bon chic bon genre d’autres « Pirates des Caraïbes ».
Évidemment, tout cela est livré avec une fougue et une énergie communicative qui s’appuie sur une belle connaissance du sujet (en tout cas pour nous lecteurs non érudits) et de nombreux clins d’œil temporels (comme celui où l’on fredonne du Tom Waits en 1655) !
Qui plus est, Stéphane Beauverger a choisi de vivifier sa narration en passant d’une époque à une autre, sans aucune logique temporelle, enchaînant des chapitres sans liens apparents de prime abord, pour que tout soit compris à la fin de l’ouvrage. Il est d’ailleurs assez marrant de lire ce roman dans son ordre chronologique pour se rendre compte qu’il fonctionne également, mais avec un petit quelque chose en moins. Le pari de l’écrivain est donc une bonne idée parfaitement gérée.
Et comment ne point parler de la langue utilisée. Riche, changeante, fleurie, belle et vive, supportant de longs dialogues sans jamais user du papier pour rien, c’est stylistiquement quasi irréprochable et d’une utilisation toujours adaptée aux situations décrites.
Tout cela ne serait rien sans une véritable intrigue. Et intrigue SF il y a. Entre la bataille temporelle qui fait rage et la présentation d’un XVIIe siècle perturbé par ces bouleversements, le capitaine Henri Villon fait figure de témoin tout autant que d’acteur des événements. Il est donc tout à la fois le narrateur, le personnage central et le point d’ancrage de nombreuses collisions temporelles auxquelles il opposera la puissance de ses canons.
Et, me direz-vous, tout cela pour quoi, pour quels enjeux ? Aux bénéfices d’une nation, d’une race, d’un empire ? Que nenni, trop évident, trop facile ! Tout simplement pour la liberté des hommes, leur accès au libre-arbitre, cette volonté éternelle d’être seul responsable de ses actes et de ce qu’ils entraînent.
Depuis la Trilogie du Chromozone (La Volte & réédition poche Folio SF), il y a dans les écrits de Stéphane Beauverger un sens profond du respect que l’on doit à tout être humain doublé d’une envie permanente de proposer un imaginaire original et personnel. En offrant cette aventure avec grand talent, il prouve une bonne fois pour toute qu’il est devenu un écrivain majuscule de la SF en langue française.
Si vous n’avez pas lu ce roman lors de sa première publication en moyen format chez La Volte, sachez que vous pouvez (et devez) vous rattraper aujourd’hui avec cette édition de poche Folio SF.
Un univers excitant et enivrant vous attend de pied ferme du côté de la Mer des Caraïbes.
Faites le voyage, embarquement immédiat !
Titre : Le Déchronologue
Auteur : Stéphane Beauverger
Couverture : Corinne Billon (illustration)
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Numéro : 390
Première édition (France) : La Volte, 2009, moyen format
Site Internet : fiche auteur (site La Volte), fiche roman (site La Volte), fiche roman (Folio SF)
Pages : 450
Format (en cm) : 10,8 x 2,4 x 17,8 (poche)
Dépôt légal : 3 mars 2011
ISBN : 978-2-07043707-8
Prix : 8,40 €
Stéphane Beauverger sur la Yozone
Critiques
Alors là pardon, moi j’dis chapeau ! Ça c’est champion ! (La Volte - Délices et Daubes n°151 (Henri Bademoude)
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Infos
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Le Déchronologue de Stéphane Beauverger
