Loris Murrail a longtemps été un romancier et nouvelliste de science-fiction, avant d’opter à fond la caisse pour les récits jeunesse à vrai dire souvent saupoudrés d’anticipation et de fantastique. Laurel est, nous dit-on, une jeune dessinatrice qui a fait un passage à l’actuel « Spirou », ce qui se reconnaît à son graphisme rondouillard et à une manière d’appréhender le réel qu’on pourrait qualifier de persiflage graphique...
A eux deux, ils viennent de donner naissance à une jeune aventurière de l’imaginaire en la personne de Mina, qui a le culot de se travestir en Madame Divina pour, webcam aidant, jouer les rebouteuses du supranormal via le net. Une jeune fille hypermoderne, donc, d’autant qu’en fait de science infuse, elle sollicite son logiciel « Grimoire », lequel a préalablement opéré la synthèse des traités ésotériques que notre Mina lui a mis en mémoire.
Louvoyant entre saynètes cocasses (lesquelles permettent au moins d’apprendre que la paraskevidékatriaphobie est l’appellation technique de la peur du vendredi 13) et un fil narratif un rien plus solide - l’intriguante tentative de suicide amoureux d’une assistante de la bibliothèque municipale -, ce premier épisode est tout sauf angélique, tenons-le nous pour dit. Car c’est du côté de l’enfer de la bibliothèque - dans ce local où dorment les livres à ne pas mettre entre toutes les mains - que réside le secret d’une énigme qui ne résistera pas longtemps à la perspicacité de Divina et de son Grimoire.
Au passage, on relève le joyeux brassage qu’opère le scénariste entre des référents multiples, des allusions à « E.T. », à « Jaws » et au « Nosferatu » de Murnau vous sautant au visage sans prévenir, juste pour le fun, tandis que Grimoire, encore lui, a comme qui dirait un air de famille avec ce vieux Bob l’Eponge. Et puis, le plus intéressant de cette bande dessinée est sans doute le parfait naturel avec lequel Mina l’impubère côtoie un monde d’adolescents en quête de drague perpétuelle, qui se parfument au Sedcktor afin de se mettre en condition et pour mieux s’éclater sur la piste de danse du Papagayo.
Un album qui ratisse plutôt large, donc. Ce qui n’a rien de péjoratif, mais amène à se poser la question de savoir quel public il va trouver. Plaira-t-il aux grands ados autant qu’à la tranche des 8-12 ans ? Réussira-t-il même à séduire des parents ? A défaut d’avoir la véritable Madame Divina en ligne, force est d’admettre que le mystère reste provisoirement entier.
(T1) Descente aux Enfers !
Série : Les enquêtes surnaturelles de Mina
Scénario : Lorris Murail
Dessin : Laurel
Couleurs : Laurel
Editeur : Vents d’Ouest
Parution : 19 janvier 2011
Pagination : 48 planches couleurs
Format : 24 x 32 cm
Numéro ISBN : 978-2-7493-0572-1
Prix public : 9,95 €
