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Jirel de Joiry
Catherine Lucille Moore
Gallimard, Folio SF, nouvelles, traduites de l’anglais (USA), SF - Fantasy - Fantastique, 351 pages, octobre 2010, 7,30€

Jirel de Joiry est fière, belle, courageuse, indépendante et châtelaine de son propre domaine.
Sans peur et sans reproche, elle est aussi d’une certaine arrogance, voire hautaine et n’a de respect que pour ceux qui peuvent se montrer ses égaux... Mais ils sont rares et peu nombreux.
Combattants sorciers et démons, elle finira même par rencontrer Northwest Smith dans sa dernière aventure.

Le second personnage charismatique créé par Catherine Lucille Moore était donc une femme qui combinait habilement un héroïsme très masculin ainsi que tous les attraits de la beauté féminine.

Novateur et plein de charme.



Après avoir mis sur les rails de la gloire le personnage de Northwest Smith, Catherine Lucille Moore créa donc la belle et fière Jirel de Joiry.
De celle qui traitait ces hommes d’armes de « Bande de femmelettes ! Que dis-je, femmelettes ? Vous ne méritez même pas cette comparaison flatteuse ! » (in « La quête de la pierre-étoile » écrite avec son mari Henry Kuttner en 1937), on retiendra d’abord qu’il s’agit d’une des toutes premières héroïnes de la fantasy, sinon la première à avoir traversé le temps.

Six nouvelles publiées entre 1934 et 1939 dans la revue Weird Tales témoignent toujours aujourd’hui de cette ambition fièrement affirmée.
Si Northwest Smith est un aventurier par défaut, Jirel de Joiry est l’archétype du personnage qui ne recule devant rien et est toujours prête à affronter un danger.
Plus proches dans leur conception du genre sword and sorcery sous influence de Robert E. Howard, les aventures de Jirel l’amène à côtoyer sorciers et démons, à faire preuve de courage et d’initiative et à dégainer son épée avec dextérité.
Jirel a un cerveau et s’en sert, un corps superbe et l’assume, mais elle taille aussi dans le vif, au propre comme au figuré.

Par défaut, on situe les aventures de la belle châtelaine en France car les noms de lieux font référence à notre beau pays, ses plus proches compagnons portant des patronymes d’origines anglaises ou françaises (ce qui n’est pas scandaleux dans le sens où les interactions médiévales entre ces deux nations ne rendaient pas la chose impossible). Mais ce sont des détails sans grande importance, dans le cadre de ces nouvelles, qui ont surtout pour objet de créer un effet de dépaysement à l’attention du lecteur anglo-saxon.

Il est préférable de lire ces récits dans leur ordre de présentation chronologique, une exception confirmant la règle, le tout dernier étant autant une aventure de Jirel de Joiry que de Northwest Smith et comprenant une évolution peu commune de Jirel vers un statut de voleur, d’où son placement en fin de volume -même si elle précède l’édition de la superbe « Hellsgarde » de deux ans.
Deux textes à lire impérativement, « Le baiser du dieu noir » et « L’ombre du dieu noir » qui établirent la réputation de Catherine L. Moore et de son personnage « Jirel de Joiry » à l’égal de « Shambleau » pour Northwest Smith.

On pourrait croire que les récits sur Jirel de Joiry sont plus simples et moins travaillés que ceux consacrés à l’aventurier de l’espace, mais il ne faut pas s’y tromper, on retrouve les grandes qualités stylistiques de l’écrivain dans l’ensemble de ces récits. Au fracas des armes et des combats répondent de superbes descriptions ainsi qu’une profonde sensibilité pour son héroïne.

Si vous souhaitez retrouver le pouvoir de séduction des vrais contes dans des univers imaginaires qui construisirent la fantasy moderne (sans ces aspects répétitifs et bourrins), pas de doute, ce « Jirel de Joiry » est pour vous.

Et toujours un beau travail d’édition à souligner de la part de la collection Folio SF, avec des traductions révisées et complétées ainsi qu’une intéressante préface de Patrick Marcel centrée sur Jirel.

Ah, si toutes les éditions de poche avaient ces qualités, on ne saurait plus où donner de la tête et du porte-monnaie !


Titre : Jirel de Joiry (Jirel de Joiry : Black God’s Kiss, 1934-1937)
Auteur : Catherine Lucille Moore
Traductions de l’anglais (USA) : Georges H. Gallet
Traductions révisées et complétées par : Sophie Collombet
Préface : Patrick Marcel (Cœur de flamme)
Nouvelles : Le baiser du dieu noir, L’ombre du dieu noir, Jirel face à la magie, Le pays ténébreux, Hellsgarde, La quête de la pierre-étoile (en collaboration avec Henry Kuttner, présence de Northwest Smith dans cette nouvelle).
Couverture : Hervé Leblan (illustration)
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio SF
Directeur de collection : Pascal Godbillon
Numéro : 380
Catégorie : F8
Site Internet : fiche recueil (site éditeur)
Pages : 368
Format (en cm) : 10,8 x 1,6 x 17,8 (poche)
Dépôt légal : 2 octobre 2010
ISBN : 978-2-07-039585-9
Prix : 7,30 €



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10 mars 2011


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Couverture de Weird Tales de 1934 et publication de la superbe et première nouvelle de Jirel de Joiry : « Le baiser du dieu noir »



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Folio SF n°379



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