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Loyd Singer (T1) Poupées russes
Luc Brunschwig & Olivier Neuray
Bamboo Grand Angle

Après une vie chaotique au sein de la collection Repérages (Dupuis), la série « Makabi » rejoint la collection Grand Angle des Éditions Bamboo. Un nouveau départ pour un trhiller psychologique atypique et en tout point remarquable.
Il se nomme maintenant « Lloyd Singer », du nom de son héros principal, un comptable du FBI qui va glisser vers la mission de terrain, sans se douter une seconde des terrifiants dangers qui l’attendent.



Mais qui est

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Après tout, ce sont bien Luc Brunschwig, puis Olivier Neuray qui en parlent le mieux :
« Lloyd a un physique plutôt banal. Assez proche de Woody Allen. Ce n’est pas un anti-héros au sens où on l’entend habituellement. Ce n’est pas non plus un loser, ni quelqu’un que la vie a brisé, encore qu’elle ne l’a guère épargné. C’est au contraire un homme normal, qui sait cependant être remarquable à coup de petites attentions et d’écoute de l’autre. C’est surtout un homme qui sait se dépasser dans des circonstances inhabituelles. C’est l’un des types les plus héroïques que j’ai eu à mettre en scène.. »

« Il est comptable au FBI. Il a instauré avec les femmes un rapport basé sur la confiance et l’amitié, excluant tout rapport machiste ou de séduction. Les instances du FBI décident de lui confier une mission et, du jour au lendemain, il va découvrir le travail de terrain, sans se douter des dangers qui l’attendent. »

Voilà, le portrait est brossé. Lloyd s’engage dans une aventure extrêmement dangereuse. Le FBI va le manipuler, mais ne connaît pas les ressources cachées de l’homme. Car Makabi est un secret qui remonte à l’enfance du personnage, alors qu’il habitait Little Jerusalem, un quartier juif où il a grandi.
Cette série va nous faire découvrir une intrigue très dure, un personnage vraiment atypique et toute une communauté où l’esprit de survie, d’entre-aide et de relations familiales complexes et fortes vont avoir beaucoup d’importance. C’est là tout le sel de cet excellent scénario de Luc Brunschwig.

L’enfer de la prostitution et de la pornographie

Avec « Poupées russes », le premier album, on rencontre Zéra et sa fille métisse Dolly. Zénaïde Aboukine vit en Russie et a cru, au travers d’une rencontre provoquée par son « charmant » voisin sur le Net, toucher du doigt le rêve américain. Pour elle et ses parents, une vie meilleure grâce aux cadeaux envoyés par un étudiant noir américain. Le rêve absolu ensuite avec un voyage pour les États-Unis, puis un mariage avec le beau séducteur. Mais c’est l’enfer de la prostitution et de la pornographie qui l’attend derrière le masque de son futur tourmenteur. Les passes, les films porno se succèdent, Zéra sombre, jusqu’à ce cadeau empoisonné qui lui tombe dessus : elle est enceinte de son épouvantable « mari ». Dolly, la petite métisse, grandit alors dans cette prison du sexe. L’électrochoc viendra pour Zéra le jour où un client demande qu’on associe la petite à ses jeux pervers. Plus que se sauver elle-même, elle pense alors à extraire sa fille de cette horrible vie. Un coup de chance, et c’est la fuite ; le FBI la récupère un peu par hasard et veut l’utiliser pour démanteler ce réseau.
Comme souvent dans ses bandes dessinées, Luc Brunsccwig dénonce des dérives de notre société. Ici, les dangers potentiels des rencontres sur le Net, la prostitution, système banalisé dans cette série, puisqu’un homme réussit à monter un réseau qui enferme des femmes dans un sous-sol situé au-dessus d’un Club étudiant, le Rhô Upsilon Sigma, où de jeunes étudiants américains profitent de ces corps, sans aucune réserve morale quant à leur provenance et au traitement qui leur est réservé. Du sexe, à n’importe quel prix, dans une société qui consomme tout, y compris la détresse des plus faibles.

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La mission de Lloyd Singer

C’est là qu’intervient « Lloyd Singer ». Un collègue du FBI le sollicite pour faciliter les relations avec Zéra. Il parle, en effet, le russe et a ces qualités qui instaurent la confiance près des femmes. Bien sûr, il accepte, ne sachant pas alors qu’il va plonger bille en tête dans une histoire extrêmement dangereuse.
En fait, le FBI le piège, simulant une rencontre qui tourne à l’exécution de tous les agents chargés de la protection de Zéra et qui doit entraîner la fuite du trio. Une fuite que Lloyd organise vers un chalet isolé de tout, mais qui tourne alors au vrai massacre. La petite Dolly est effrayée par ces hommes en noir dont elle n’a pas confiance, et est encore plus terrifiée par ces tueurs qui ont fait le quotidien de sa jeune vie. Pour la rassurer et la sauver, Lloyd fait alors resurgir un de ses « anciens amis » intimes, Makabi, le défenseur des enfants opprimés. Chaque fois qu’elle se sent en danger, Dolly doit appeler très fort Makabi. S’il ne vient pas, c’est qu’il n’y a pas vraiment de danger. S’il survient, là, cela devient un cauchemar pour les « hommes méchants ».

Makabi, « le marteau qui frappe fort »

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Il est né dans les rues de Little Jerusalem, dans « Apple Street », là où a vécu toute la famille Singer. Orphelin très tôt, le petit garçon malingre qui reçoit constamment les coups des petits durs du quartier, se doit de réagir. Il est l’homme de la famille et doit devenir le protecteur de sa grand-mère, de ses deux soeurs et de son jeune frère. C’est le Rabbi Yeouda qui sera la clé de son évolution. L’homme a bourlingué dans le monde, a appris les techniques de combat auprès du rabbin Shi Ten, de la vallée de Kaifeng, en Chine. Là-bas, une communauté de 300 juifs essaie de survivre avec ses traditions parmi un milliard d’hommes et de femmes. Il va enseigner au gamin l’art de se battre, un pouvoir qui va lui permettre de se défendre, mais aussi profondément le transformer.
C’est une des très bonnes idées de Brunschwig, qui révèle la difficulté pour l’homme d’utiliser avec conscience et intelligence un pouvoir destructeur qui peut aussi devenir un cauchemar personnel. Mais ça, c’est distillé au fil des flash-back, avec un vrai sens psychologique dans l’approche.

Rencontre avec la famille Singer

L’intelligence, « Lloyd Singer » n’en manque pas. Quand il prend conscience des dangers mortels que sa protection des deux filles engendre, il ne choisira pas la fuite éperdue dans les vastes territoires d’Amérique. Non, il va se réfugier dans son quartier d’enfance, près de sa famille, de ses amis. Il n’imagine peut-être pas complètement les risques qu’il va faire courir aux siens. On touche alors à cette personnalité complexe, habile stratège qui entraîne ses ennemis sur son territoire, jouera de l’humiliation (scène très amusante) d’un petit caïd stupide et va commencer à tisser la toile dans laquelle il va précipiter ces tueurs sans humanité.
La rencontre de sa famille avec Zéra et Dolly va provoquer beaucoup de questions gênantes, ambiguës. On entre dans la famille Singer, les conflits et les quiproquos seront nombreux, de nouvelles menaces vont aussi surgir et Makabi va se retrouver avec beaucoup plus de personnes à protéger. Brunschwig creuse un peu plus les relations particulières qui découlent de l’arrivée subite d’une superbe blonde au bras d’un frère peu habile dans les rencontres avec le beau sexe, ainsi que d’une petite fille métisse qui a tant de souffrances particulières en mémoire. On se régale, c’est fin, psychologue, toujours juste, adossé à un passé qui s’expose peu à peu. Et une menace qui se rapproche toujours plus...

La mission de Lloyd se développe dans ensuite « Appleton Street », puis « Voir le diable », les second et troisième tomes de ce thriller qui, vous l’avez compris, est aussi une remarquable saga familiale.
Nous découvrirons ces deux albums très vite sur la Yozone.

Une série remarquable, remise en plein jour

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Elle s’intitulait « Makabi » chez Dupuis et, pour divers problèmes liés à l’édition, elle avait manqué son décollage. Elle revit chez Bamboo, dans la collection Grand Angle, grâce à un éditeur passionné par cette histoire. Du coup, elle est réapparue sous ce nouveau titre « Lloyd Singer », dans un format agrandi, une nouvelle maquette et des couvertures inédites tout à fait réussies. Et cette mention au fronton de chaque nouveau titre : Makabi est son double et son secret...

C’est une franche réussite, j’ai déclaré toute ma flamme pour la finesse du scénario de Brunschwig (qui est pour moi un des grands scénaristes BD en nos contrées), je suis aussi sous le charme du dessin d’Olivier Neuray, un trait réaliste qui se fait souple et dynamique dans l’épreuve de l’action, très expressif pour rendre les sentiments d’angoisse, de terreur, de perplexité, d’incompréhension ou même de joie (jolie scène entre une grand-mère et la petite Dolly). Il est totalement au diapason du scénariste pour donner vie à cette histoire forte. Isabelle Cochet intensifie ces belles intentions par une mise en couleur judicieuse et de très belle qualité.

Les décideurs de Grand Angle et de Bamboo éditions ont eu la très bonne idée de redonner vie à « Makabi », de rendre honneur au travail de Brunschwig (qui était très déçu de la mauvaise mise en place de sa série) et de vous donner la possibilité de lire cette très bonne série.

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Je l’avais déjà lue, je l’ai retrouvée avec un oeil neuf et je m’en suis régalé. C’est mon coup de coeur pour ce début d’année et je souhaite que la mue vers les aventures très dures, mais bardées d’une profonde humanité, de « Lloyd Singer » éclate au grand jour, comme une nouvelle sève qui éclabousse le printemps de sa jubilatoire et explosive envie de renouveau.

Vraiment, oui, vraiment, à ne pas louper.


La collection Grand Angle de Bamboo a publié les trois premiers tomes de « Lloyd Singer » en janvier 2011. « Poupées russes », « Appleton Street » et « Voir le diable » forment le cycle de « Zéna ».

Un second cycle, intitulé « La Chanson douce » a débuté. Là aussi, trois tomes sont programmés : « Quantico » et « La Chanson douce » sont sortis en février, des deux mêmes auteurs. “Seuls au monde” est prévu pour juin 2011.
Il sera alors temps d’évoquer le Cycle III, avec un nouveau dessinateur pour l’inaugurer, Olivier Martin. Ce tome 7 est programmé pour fin 2011 ou début 2012.


A lire sur la Yozone :
- Makabi devient Lloyd Singer chez Grand Angle
- Lloyd Singer : le second cycle chez Grand Angle


(T1) Poupées russes
- Série : Lloyd Singer
- Scénariste : Luc Brunschwig
- Dessin : Olivier Neuray
- Couleur : Isabelle Cochet
- Éditeur : Bamboo Grand Angle
- Pagination : 48 pages couleur
- Dépôt légal : 12 janvier 2011
- ISBN : 978-2-8189-0255-4
- Prix public : 13,50 €


Illustrations © Olivier Neuray et Bamboo Grand Angle (2011)



Fabrice Leduc
16 février 2011




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