Après voir redécouvert sa famille dans « La Ronde des Vies Éternelles », et sauvé son ancien époux dans « Les Larmes du Démon », Cythèle Everoni poursuit son exploration du Multivers, à la recherche de ses enfants. Accompagné d’un mage, d’une Nerhalfen et d’un guerrier-tigre, à bord d’une ancienne cité volante, elle part pour un monde asgardien où elle pressent que l’âme de son fils d’une vie antérieure est retenue captive.
Les quatre compagnons vont néanmoins rapidement réaliser que de tristes sires les précèdent : une elfe noire, ennemie mortelle de celle qui marche aux côtés de Cythèle, et un mage d’un ordre ancien, disparu, qui tentent de réveiller un ancien pouvoir, le Réseau d’Azur, et ses citadelles volantes disséminées dans le Multivers. Accompagnés d’un dragon, ils ont déjà tué une des trois filles du Géant de l’Hiver pour se frayer un passage jusqu’à Asgard, là où se trouve la citadelle principale, à même de réactiver toutes les autres et de restaurer le pouvoir des mages dans les différents mondes.
En plus de la quête de son fils, c’est donc une course contre la montre qui rythme ce troisième tome du Dit de Cythèle. Dans un pays en guerre, car les bâtards de Thor et Loki semblent enfin décidés à clore leurs vieilles querelles dans une bataille homérique au pied de la citadelle...
C’est donc sur fond de conflit latent que débute ce troisième tome. Si vous avez sauté, comme moi, la lecture du second, de subtils indices dans les premiers chapitres vous donneront une poignée d’informations cruciales : Cythèle a récupéré l’âme de son mari d’une vie antérieure (voir « La Ronde des Vies Éternelles »), et la porte dans une gemme incrustée dans sa poitrine. Avec ses compagnons, dont Nicolas Cluzeau nous esquisse les grands traits avant leur départ pour Asgard, elle poursuit sa quête des âmes des défunts.
On peut donc lire ce troisième volume indépendamment des autres, bien que je vous encourage fortement à lire la saga dans l’ordre et en totalité, surtout puisque Black Book nous offre une très belle réédition de ce cycle à peu de frais : moins de 10 euros les presque 800 pages, sous de magnifiques couvertures signées Sylvain Sarrailh.
Nicolas Cluzeau alterne davantage les points de vue narratifs dans ce volume. Le groupe de Cythèle, les « méchants », les demi-dieux asgardiens, enfin les deux enfants de Cythèle dans un flash-back à Corollis. En plus de nous donner une vision assez claire de l’avancement de chacun dans leurs différentes quêtes (qui, vous le devinez, se recoupent ou se chevauchent). L’auteur réussit même à nous faire douter des étiquettes attribuées à chacun : par les trois différentes visions données des Sorciers d’Argile, on hésite quant au rôle à leur donner, entre initiateurs d’une nouvelle démocratie et dictateurs masqués en puissance. Ainsi qu’on le (re)découvre avec Nicolas Cluzeau, ce sont les vainqueurs qui écrivent l’Histoire, y compris celle des vaincus.
De même, et comme vu dans les tomes précédents, Cythèle, par sa ténacité à retrouver sa famille à tout prix, frôle plus que régulièrement le fanatisme, et elle rappelle ponctuellement à ses compagnons que sa quête risque de leur être fatale, mais que leur mort n’ébranlerait pas le moins du monde sa détermination. On verra heureusement que la glace fondra quelque peu, et que la prêtresse de la Mort finira par s’attacher, un peu, à ses alliés, et à se soucier, un tout petit peu, de leurs sentiments. Mais qu’on se rassure, elle passera la plus grande partie de son temps à soupirer devant les évidences qui ne sautent que tardivement aux yeux des principaux intéressés. Même si, finalement, elle devra admettre qu’elle aussi est parfois aveugle.
Au-delà d’une bataille de titans, c’est une aventure complexe que Nicolas Cluzeau a élaborée, avec des implications débordant sur le Multivers. Sans jamais céder aux facilités de l’action pour l’action, il nous offre plus que notre dose de fantasy, parvient à rendre attachants ses héros comme ses « méchants », et donne même une épaisseur bienvenue aux seconds rôles, comme c’est trop rarement le cas dans les univers proches du jeu de rôle. Les portes ouvertes dans les 200 dernières pages laissent présager un 4e et dernier volume qu’on aura hâte de dévorer.
Titre : La Citadelle du Titan
Série : Le Dit de Cythèle, tome 3/4
Auteur : Nicolas Cluzeau
Couverture : Sylvain Sarrailh
Éditeur : Black Book (édition originale : Nestiveqnen, 2003)
Collection : à découvert
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 773
Format (en cm) : 10,8 x 17 x 4,3
Dépôt légal : mars 2011
ISBN : 978-2-363280886
Prix : 9,90 €
À lire également sur la Yozone :
Le premier tome du Dit de Cythèle : La Ronde des Vies Éternelles
L’interview de l’auteur, les chroniques de Rouges ténèbres, Les Cavaliers du Taurus, Harmelinde et Deirdre, Chasses Olympiques
L’interview de Coralie David, directrice de la collection “à découvert”
Liens externes :
L’interview de Nicolas Cluzeau sur le site de Black Book, à propos de cette réédition
