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Charlie Adlard : L’interview « Un monde parfait »
L’interview exclusive du dessinateur des Walking Dead
15 novembre 2010

Il y a des jours où l’on se dit qu’on a vraiment de la chance et ce 15 novembre 2010 fait partie de ces jours-là. Après avoir eu le plaisir de rencontrer Ben Templesmith, nous avions rendez-vous avec Charlie Adlard, le dessinateur de la série zombiesque à succès du moment, « Walking Dead ». A l’occasion de la sortie du tome 12 de l’édition française chez Delcourt et profitant de son court passage en France, voici donc pour vous, et en exclusivité pour la Yozone, la vidéo de cette rencontre.



L’entretien ayant été réalisé en anglais, une retranscription est disponible juste après l’encart vidéo.



Et pour nos lecteurs malentendants ou non adeptes de la langue de Shakespeare, voici la traduction made in Yozone de cette interview.

Vous avez commencé à dessiner sur la série “Judge Dredd”, comment êtes-vous passé de “Judge Dredd” à “Walking Dead” ?

15 ans de dur, dur labeur. Vous ne savez jamais où votre carrière va vous mener. Je me sens vraiment chanceux, très exhalté et très privilégié d’avoir pu travailler sur “Judge Dredd”, mettant vraiment à part tout ce que j’ai fait d’autre. Pendant tout ce temps, vous rencontrez plein de dessinateurs, de scénaristes, j’ai rencontré ainsi Robert Kirkman sur mon chemin. C’est le parfait exemple de quelqu’un que tu rencontres il y a très longtemps et plus de nouvelles jusqu’au jour où il t’appelle ou t’envoie un e-mail et te propose un projet et c’était le “Walking Dead”.

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Le premier volume de l’édition française reprend les 6 premiers comics, vous avez travaillé avec Tony Moore ?

Non, je n’ai rien fait sur ce premier tome. Tony travaillait avec Robert et quand ils ont commencé sur la série, il devait tout faire ensemble. Il faudrait interroger directement Robert ou Tony pour savoir pourquoi ils n’ont pas pu travaillé ensemble plus longtemps. Je sais que Tony se battait pour avoir une BD mensuelle. Et Robert avait donc besoin de quelqu’un d’autre. Je ne lui ai jamais vraiment demandé pourquoi il m’avait choisi plutôt qu’un autre. Mais je suis heureux qu’il l’ait fait. En fait, il m’a envoyé un e-mail me demandant si cela m’intéressait de travailler sur ce bouquin de zombies dont je n’avais pas entendu parlé à l’époque et qui n’avait pas encore sa popularité actuelle. Il avait pas mal de tomes prévus et me les a envoyé et j’ai aimé, j’ai vu le potentiel de la série, sans compter les petits à côté qu’il me proposait.

Comment vous êtes-vous intégré à cette aventure et comment était le travail avec Robert Kirkman au départ ?

Au début, c’était plus dur que cela ne l’est maintenant, parce que je reprenais en fait le livre d’un autre. Il a fallu que je traduise les personnages de Tony avec mon style de dessin. Je ne voulais pas de compromis sur mon style. Normalement, on s’adresse à moi pour mon style de dessin par pour dessiner autrement. Ce qui était certainement un risque avec les fans, parce que mon style et celui de Tony sont très différents : mon style est très réaliste avec beaucoup d’utilisation du noir et très expressif, Tony est plus cartoon, il se concentre sur les lignes et les textures. Donc il y a eu beaucoup de discussions quand je suis arrivé pour accepter ce changement de direction.

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Est-ce que vous vous impliquez dans le scénario, donnez-vous des idées à Kirkman ?

Non, on se laisse chacun sa spécialité. Robert s’est impliqué sur ce à quoi devait ressembler le livre. Il est spécialisé dans l’écriture du livre et je ne veux pas interférer dans l’élaboration du scénario. On parle souvent de ce que Robert prépare, mais je préfère lire le script comme un fan et parler avant. Je préfère ne pas savoir ce qu’il va arriver et être aussi surpris que le lecteur.

Avez-vous le souhait de passer à l’écriture ?

Non, je n’ai pas envie d’avoir ma propre série. Je suis très heureux en n’étant qu’un dessinateur. Je n’ai jamais eu ce désir, je comprends que certains veulent maîtriser l’écriture et le dessin, mais personnellement, j’aime collaborer avec d’autres sur les comics. Je regarde souvent ce que je pourrais faire d’autres que “Walking Dead”, avec d’autres personnes. Mais j’ai tendance à vouloir garder tout pour moi et je n’ai plus envie de louer mes services.

Dans le monde du comics, il y a un timing très serré pour rendre les dessins, êtes-vous libre de travailler comme vous voulez ou on vous dresse des limites comme ne pas être trop gore ?

Non, je déteste cette formule mais on est maintenant des vieux professionnels dans le monde du comics, on peut donc faire tout ce qu’on veut tant qu’on le justifie. Non, la liberté que l’on avec avec ce genre de livre est incroyable. C’est pour cela que l’on travaille pour les éditions Image. Ils vous donnent vraiment beaucoup de libertés, contrairement à Marvel ou DC.

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Etes-vous influencé par les films d’horreur sur les zombies comme ceux de Romero ?

Le truc marrant, c’est que je ne suis pas vraiment un fan des zombies, je ne suis pas un fan exclusif du tout. J’aime beaucoup les films d’horreurs, et en autres les films de zombies. J’ai vu “La Nuit des Morts-Vivants”, “Le Jour des Morts-Vivants”, Dawn of the Dead” (“Zombie”) et aussi “Bienvenue à Zombieland” que j’ai bien aimé. Mais je ne peux pas me classer comme un grand expert en zombie. En terme d’influence, je n’ai pas vraiment été influencé par Romero. Par contre, Robert m’a dit avoir été très influencé par “La Nuit des Morts-Vivants” et que c’est pour cette raison que le comics est en noir et blanc. Pour ma part, je suis influencé par beaucoup de choses à commencer par la vraie vie.

Walking Dead est une série de personnages dans un monde de zombies,...

Oui, l’élément principal du livre, ce sont les personnages, pas les zombies. Les zombies sont le plus gros Mac Guffin dans toute la série. Les zombies sont juste là pour emmener les personnages d’une situation à une autre. Ce qui est intéressant, ce sont ces personnages qui se détestent, mais qui doivent coopérer dans ces situations, ce sont juste des figurants, c’est un catalyseur pour les personnages.

Avez-vous été influencé par un artiste dans votre style de dessin ?

Beaucoup d’influences ! Mais il n’y a pas de dessinateurs qui m’a particulièrement influencer pour le graphisme de “Walking Dead”. Celui qui en premier m’a réellement influencé à mes débuts, c’est Michael Golden, même si je ne sais pas trop pourquoi. Quand j’étais jeune, il y avait ces comics de Marvel que les éditions anglaises rééditaient en noir et blanc. Je ne sais pas si c’est cela qui m’a donné l’amour du noir et blanc car je lisais énormément de comics en noir et blanc. Mais Golden était le premier que je savais avoir utilisé cette méthode du noir et blanc, chez Marvel dans les années 70. Je voulais faire quelque chose qui ressemblait à ce que faisait ce genre d’artistes. Mais j’ai rencontré tellement de dessinateurs fantastiques, trop long à tous citer ici, d’Alex Toth à des dessinateurs plus contemporains qui sont devenus des amis comme Sean Philips ou Tom Nguyen. C’est un style de dessins plus tourné vers l’illustration, je suis très fan de ce genre de comics des années 50-60, de ces magazines ou des dessins de publicités. J’aime les affiches de films de cette époque et du design des comics. Et j’aime beaucoup votre style, les bandes dessinées (en français dans le texte). J’ai fait un album il y a quelques années pour les éditions Soleil, “Le Soufle du Wendigo”, et j’espère pouvoir encore travailler pour des comics français.

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Avec la sortie du 12e tome de “Walking Dead” en France, il y a aussi le grand buzz sur la série télé, aviez-vous imaginé ce qu’allait devenir le comics et la folie sur la série télé ?

C’est vrai que l’audimat est très important et dans le monde du comics, nous avons aussi bonne presse. Même chez les médias non spécialisés, le retour est positif, quelque part je suis en train de m’y préparer. Mais le truc marrant, je travaille dans une petite ville d’Angleterre, Shrewsbury, qui est à environ 45 mn - une heure de Birmingham. C’est vraiment étrange pour moi car là-bas, tout est si tranquille, tout cela ne se passe pas autour de moi, ça se déroule à plus d’un milliers de miles, de l’autre côté de l’océan Atlantique. Ça m’a quand même rendu fier pour être honnête qu’un studio ait transposé le comics. Mais pour moi, le comics est l’essentiel. Le reste est génial mais ce n’est pas vraiment une partie de mon travail. Le comics est tout ce que je veux faire, raconter une bonne histoire et garder son intéret.

Avez-vous été contacté par l’équipe de la série télé et discuté sur ce qu’ils allaient faire du comics ?

J’ai eu des contacts avec eux, ils ne m’ont pas vraiment posé des questions. Honnêtement, plus ils auront du succès, plus notre implication sera en diminution, parce qu’ils partent sur d’autres pistes. Ils vont continuer à suivre le comics mais ils vont aller sur d’autres chemins tangents, des trucs comme ça. Mais je pense qu’à terme, cela deviendra une entité à part entière. Je ne veux donc pas anticiper si je serai plus ou moins impliqué.

Je ne sais pas à quel numéro en est la publication américaine (78 en fait) et vous avez toujours ce même désir de continuer la série ?

Je suis toujours aussi enthousiaste, prêt à battre un record, je ne sais pas quel est celui du nombre de tome par un même artiste, mais je me sens capable d’en faire au moins 100. Je suis pret à continuer sur le livre tant que cela marche. J’ai de la chance car je suis assez rapide pour le faire et m’occuper d’autres projets. Si je ne faisais que cela, je crois que je deviendrais doucement singlé, mais faire une pause de temps en temps me permet de continuer.

Merci M. Adlard pour nous avoir accordé cette interview et pour votre performance d’acteur sur le Yo-Welcome


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- Walking Dead, Art Book
- Walking Dead : Le guide de A à Z
- Charlie Adlard – Art Book

- La fin des « Walking Dead »


A voir sur la Yozone :
- Le Yo-Welcome de Charlie Adlard
- Interview Charlie Adllard « Point de non retour » 16 mars 2011


Lien(s) utiles(s)
- Walking Dead chez Delcourt
- Walking dead sur Facebook


Remerciements aux éditions Delcourt (en particulier Emmanuelle Klein et Yuki Martin) pour avoir organisé cette interview.



Bruno Paul
Frédéric Leray
22 décembre 2010




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