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Monsters : l’interview exclusive de Gareth Edwards
L’interview exclusive de l’auteur réalisateur anglais
16 novembre 2010

Gareth Edwards était à Paris, le 16 novembre dernier, pour une session d’interviews relative à la sortie prochaine sur les grands écrans de son premier long-métrage. En dépit de son titre, « Monsters » n’est ni un film d’horreur ni tout à fait un film de science fiction, même s’il y a des aliens dedans. Mais une histoire d’amour en forme de parcours initiatique en territoire hostile.
Mais le plus simple est de laisser la parole à son créateur, un garçon tout à fait charmant et particulièrement loquace.





LA RETRANSCRIPTION EN FRANCAIS

Bonjour Gareth Edwards

Bonjour.

« Monsters » étant votre premier long métrage de cinéma, pouvez-vous vous présentez et nous faire un bref résumé de votre parcours ?

Je m’appelle Gareth Edwards, je suis le réalisateur de « Monsters » qui est mon premier long-métrage pour le cinéma. Mon historique c’est l’infographie, où j’ai œuvré pendant longtemps. En fait, j’avais choisis l’infographie car j’ai toujours voulu réaliser des films. Comme je savais que personne ne débarquerait un beau jour chez moi pour m’apporter quelques millions de livres sterling pour réaliser un grand film hollywoodien, je me disais que les ordinateurs pouvaient être la solution. Quand on apprend à utiliser les softwares, on peut faire un film qui ressemble à du cinéma hollywoodien dans sa chambre à coucher, en quelque sorte.
Je me suis donc engagé sur cette voix, et j’ai travaillé sur de nombreuses émissions et séries télévisées, des documentaires, sur lesquels je m’occupais des simulations spatiales, des reconstituions de civilisations anciennes, ce genre de choses. Et j’ai utilisé ses effets visuels pour convaincre les producteurs de me laisser réaliser des séries télévisées, en prétextant que les effets spéciaux couteraient moins cher si je réalisais moi-même.
Et j’ai effectivement réaliser une ou deux petites choses, mais j’ai automatiquement j’ai trouvé cela frustrant. Parce qu’avec un budget pour la télévision, on n’a finalement ni les avantages d’une petite production, ni ceux d’une grosse production, on est entre les deux. J’étais très frustré et j’ai donc décidé d’essayer de tourner un court métrage (dans le cadre du concours « En 48 heures de la chaine Sci Fi), juste une caméra, un acteur et moi, pour voir si la solution ne se trouvait pas dans ce genre de production. Et on s’est tellement amusé à faire ça, je suis tellement fier de la petite chose que nous avions faite (et qui remporté le concours) que je l‘ai montré au dirigeants d‘une compagnie de production pour leur parler de mon projet de film de monstres.
Ils m’ont répondu : « Attends, tu as fait ça pour rien en 2 jours et tu veux faire ça, qui est une idée commerciale, selon le même genre de principe. Ecoute, on ne va pas raté ça. C’est trop réaliste, on ne peut pas ne pas prendre le risque.

Et Comment vous est venue l’idée de « Monsters » ?

De plusieurs choses. C’est venu graduellement, au fil d’une assez longue période de temps. J’avais juste le sentiment que pour traiter un sujet, plutôt Hollywoodien, comme le film de monstres, effectivement monopolisé par Hollywood en raison des budgets mirobolants de ce genre de production, tenter de copier les américains étaient voué à l’échec. Que cela ne donnerait qu’une version au rabais d’une superproduction. Nous ne voulions donc surtout pas copier Hollywood, mais sortir de ce cadre là. Faire ce qu‘Hollywood ne veut ou ne peut pas faire. Et comme souvent, en sortant de la salle après avoir vu un film de monstres, on se dit « ouah, c’était super. Les créatures et les effets spéciaux étaient super réaliste » et on se moque finalement que les personnages soient creux et l’intrigue totalement bidon. J‘ai donc commencé à me dire que si un jour j‘avais la chance de réaliser un film de monstres je ferais l‘inverse. Que je me focaliserai sur mes personnages, pour qu’ils suscitent intérêt, et sur la cohérence et le réalisme de mon histoire, et qu’à partir de là, avec mon savoir faire en infographie, je devrais être capable de m’en tirer.
Ma première idée était de filmer en vidéo et rajouter des éléments en arrière plan. Puis « Cloverfield » est sorti et m’a coupé l’herbe sous le pied. Comme ce film c’est un peu le 11 septembre et qu’ensuite le conflit c’est déplacé en Afghanistan, je me suis dit pourquoi ne pas prendre comme cadre une guerre contre des monstres qui se déroulerait ailleurs et qui, pour les gens qui vivent sur place, ferait partie de leurs vies de tous les jours, de leurs quotidiens et que les populations de nos sociétés occidentales pourraient suivre à la télévision, dans les journaux télévisées sans être directement concernés. En évoluant cette idée est devenue un road-movie à travers ce territoire.
Et comme les producteurs tenaient à ce que les protagonistes soient un homme et une femme, c’est devenu une étrange histoire d’amour en territoire hostile infestée par des monstres. A vrai dire, comme vous avez pu vous en rendre compte, c’est un film un peu compliqué à expliqué car par ce biais il montre et aborde plein de choses différentes.

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Effectivement, en dépit de son titre, « Monsters » n’est pas un banal film de monstres, mais la rencontre, et l’histoire d’amour naissante de deux gens qui traversent un pays étranger infesté de monstres.

Oui, je pense que le ressenti du film à plus à voir, toutes proportions gardées, le mien n’est pas au même niveau, avec des œuvres comme « African Queen », « Lost in Translation » ou « Motorcycle Diary », qui m‘ont effectivement influencé. Un film qui raconte le rapprochement de deux personnes parties en voyage en terre étrangère. Mais, il était aussi important pour moi c’est que cette histoire d’amour ne soit pas juste jeté au milieu d’un film de monstres, il fallait que les 2 soient connectés. Cela m’a pris pas mal de temps à trouver le lien. En fait, dans le film, chaque année les créatures migrent. On ne sait jamais dans quel coin ils vont débarquer et à chaque fois des personnes meurt en raison des destructions qu’ils provoquent. Ils sont un peu comme des ouragans. Ils migrent, comme les saumons qui remontent la rivière, à la recherche d’un partenaire pour se reproduire. C’est un peu ce que font aussi les 2 personnages du film. Ils partent à l’aventure et ils se sentent automatiquement attirés par la personne du sexe opposé, car quelque part ils sont aussi en quête d‘un partenaire pour les accompagner dans l‘existence. Donc, quelque part, leur voyage est un peu similaire à celui des créatures. Tout cela est bien entendu entremêlé, mais il était important pour moi que ce rapport existe.

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Et qu’en est-il de cette histoire de pêcheur mexicain qui vous aurait également inspiré ?

Un pêcheur effectivement, mais Il n’était pas mexicain. J’avais jamais mis les pieds au Mexique avant le film. Remarquez, il était peut-être quand même mexicain (rires). Il était en train de remonter un filet dans son bateau et moi je le regardais depuis la plage. Et je me suis dit : imaginons qu’il remonte une créature de la mer couverte de varech. Bon, c’est différent puisqu’il ne l’a pas vu. Mais le temps d’un clignement d’œil j’avais une image très intéressante. Une prise très étrange mais qui n’a rien d’extraordinaire pour les personnes sur le bateau qui sont confrontés à ce genre de chose très régulièrement. A partir de cette observation je me suis dit que je pouvais filmer dans de réels endroits avec de vrais gens. Le fait qu’ils ignorent ce qu’il se passe rend les choses beaucoup plus réalistes. J’étais en tout cas très excité à l’idée que ça fonctionne pour ce premier film, par ce je pouvais le tourner avec très peu d’argent et m’occuper des effets visuels. J’ai donc proposé ce concept aux gens de Vertigo Films UK qui m‘ont répondus ce que je vous disait tout à l’heure : Faisons-le.

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En terme de tournage, « Monsters » est une aventure. Deux uniques acteurs, une équipe de tournage réduite à son minimum et j‘imagine beaucoup de crapahutage pour rallier les sites de tournage ?

Oui, c’était effectivement un tournage guérilla. L’équipe était constitué de 4 5 personnes, moi inclus, et de nos 2 acteurs. Quoi que certains jours il y avait plus de monde. Mais la plupart du temps, nous étions une juste une poignée à l’arrière d’un van, à explorer la région en quête de locations remarquables ou surprenantes. Nous avions bien établis un plan de route, mais le plus souvent nous tombions en chemin sur un endroit encore plus intéressant.
Je me rappelle, un jour, quelque chose brulait. Une gigantesque masse de fumée, comme un gigantesque incendie de forêt. On a essayé d’en trouver la source, mais n’y sommes jamais parvenus. Il y avait pourtant plein de fumée dans l’air. On a tourné plus d’une heure alentours, mais on a jamais compris d’où pouvait venir cette fumée. On a fini par abandonner. Mais si on l’avait trouvé, je l’aurais filmé et après on aurait inventer une séquence impliquant un crash ou un incendie qu‘on aurait ajouter au film. Les gens aurait dit « quelle chance que vous soyez tombé sur ce feu…. ». Mais on l’a pas trouvé et ce n’est pas dans le film, parce qu’on pas eu de chance ce coup là.
Mais il y a tellement d’autres moments où on a eu de la chance. Un autre jour, par exemple, on est tombé sur cette rivière qui avait soulever une autoroute et l’avait déposée quelques centaines de mètres plus loin dans la vallée. Une route pour nulle part. Elle se terminait sur rien. Ce n’était pas prévu, mais c’était tellement incroyable qu’on s’est arrêté et qu’on a commencé à inventer une scène. Et de retour en Angleterre on s’est dit « Oh my God » comment intégrer cette séquence dans le film. On l’a plusieurs fois changé de place et finalement on a réinventé les dialogues entre les 2 personnages. Bien évidemment, ça se voit pas quand on le regarde. Je n’ai pas tenu les comptes, mais je dirais que 50% du film a été tournée à des endroits qui n’étaient pas prévus. On passaient par là, on voyaient, on sautaient de voitures. Un voyage également très stressant. Car il y avait parfois beaucoup de pression pour tourner les plans tels que nous les avions imaginé. Tout le monde portait une arme quand nous tournions et, nous avions même des policiers en journée. Nous avions également une garde rapprochée offerte par le gouvernement afin d’éviter que quelqu’un soit blessé ou kidnappé. Il y avait la menace constante d’un possible danger. Un jour un type s’est retrouvé avec un flingue sur la tempe car il avait volé de la nourriture sur marché où nous tournions. On a arrêté de filmer, la foule est arrivée, et on a du partir. On a eu droit à une fusillade à l’extérieur de l’hôtel, il y a eu une émeute dans une prison où ils ont décapité des détenus, un massacre à la mitrailleuse dans un café. La semaine avant que nous arrivions, il y avait des cercueils dans les rues en signe de protestation. Au coin de la rue, devant nous ou derrière nous, la mort était partout. Un peu comme dans le film.
En revanche les paysages étaient très beaux et les gens particulièrement accueillants et heureux. J’aime ce paradoxe de la vie. C’est une chose que j’ai remarqué au cours de mes voyages, mais plus un pays est pauvre plus ses habitants semblent heureux, je sais que c’est terrible à dire et plus complexe que ça, mais plus on peut y voir des sourires, parce qu’ils n’ont rien d’autres à offrir. Ca m’avait frappé quand j’étais en vacances au Cambodge. Je n’ai jamais vu population plus souriante, plus accueillante. Les gens ne possèdent rien mais vous offre à manger. Et c’est très intéressant quand on est un riche occidental d’aller là-bas et s’apercevoir que ces gens qui n’ont rien semblent plus heureux et plus accueillants qu’un habitant de Londres.

Remerciements à Gareth Edwards, à toute l’équipe de Guérrar and co, à SND Films, ainsi qu’au personnel de l’hôtel renaissance Paris


LIEN(S) YOZONE

- La critique
- La bande annonce (vost)
- Une nouvelle bande annonce (vost)

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Le site du distributeur : http://www.snd.films.com


Images © SND Films



Bruno Paul
1er décembre 2010



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