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Îles Mécaniques
Daniel Walther
Melis, SF, roman (France), science-fiction, 218 pages, quatrième trimestre 2007, 16€

Sur Islandia Nova, une île artificielle, fruit de la collaboration entre les Aliens et les hommes, plus de 150.000 humains sont obligés de cohabiter. Le Doge règne par la terreur, la milice veille à éviter les déviances et les exécutions sont courantes.
Aslan est guetteur, il surveille les parages dans lesquels vogue l’île de métal. Même s’il vit une liaison parfaitement satisfaisante avec sa compagne Slonka, il rêve de liberté et aimerait quitter cette prison sur mer.



Tout d’abord, un mot sur l’édition. En effet, quelques détails s’avèrent plutôt étonnants. Sur la quatrième de couverture, le bref résumé du livre est signé par le directeur de la collection, Luciano Melis.
L’exemplaire d’occasion d’« Îles Mécaniques » que j’ai réussi à dénicher est dédicacé par le même Luciano Melis à un quidam lambda.
Voilà une personne qui tire bien la couverture à lui, alors qu’elle est loin d’avoir fait son métier.
D’une part, de nombreuses fautes ou coquilles parsèment les pages, qu’une simple relecture de l’éditeur avant impression aurait permis de corriger, d’autre part, dans la bibliographie de l’auteur, les derniers titres sont mis en double.
De plus, Gilles Francescano s’avère bien peu inspiré pour la couverture. Dommage !

Oui, dommage, car Daniel Walther nous livre une histoire de science-fiction noire plutôt inspirée et bien à sa manière.
Aslan est un homme pétri de doutes, seule sa relation avec Slonka le satisfait et encore, il n’en éprouve pas moins d’autres fantasmes. Pourtant sa position sociale ne le place pas au bas de l’échelle, mais cette dictature l’étouffe. Ce milieu clos ne lui offre pas la liberté qu’il souhaite.
Ses actes de rébellion ne lui procureront que des ennuis et c’est Slonka, du moins son corps, qui lui permettra de sauver la face.

L’écrivain s’avère bien mystérieux sur le pourquoi de toutes les péripéties du couple qui, durant un temps, quitte l’île pour aller sur une station orbitale alien. Il suggère bien un arrangement entre le Doge et les Aliens, mais sans s’en expliquer, laissant planer le doute.
D’ailleurs, les Aliens sont très proches des humains et profitent allègrement de leur situation de dominance pour abuser des femmes selon leurs désirs.

L’imprévisibilité des Aliens représente un bon moteur de l’intrigue. Leurs actes influent sur la vie d’Aslan, jouet de forces qu’il ne maîtrise pas. Il subit, voyant sa relation avec Slonka, femme-objet pour lui, se dégrader, alors que des sentiments s’éveillent enfin.
La fin du roman est très bien tournée, car Aslan croit enfin détenir les clés de son destin, mais…

Avec Daniel Walther, l’homme est toujours dépendant de la femme. Même dans une telle société policée, où Aslan sait pouvoir répudier Slonka quand il le voudra, l’envoyant alors tapiner, il lui est redevable de son accession.
La femme l’obsède, il le sait, mais l’accepte, car sans ce substitut, l’existence n’aurait plus grand sens pour lui.

Thème éternel que le romancier apprivoise à sa façon, sans détourner le regard. Dans cette dystopie, on est toujours observé, jugé, parfois de façon expéditive. De même, Islandia Nova est sous la coupe des Aliens qui peuvent en faire ce dont ils veulent. Une épée de Damoclès repose sur chaque tête, aussi puissante soit-elle. Heureusement qu’il reste toujours une femme à qui se raccrocher pour ne pas perdre ses repères…

« Îles Mécaniques » possède tout le charme des œuvres waltheriennes : une histoire intrigante, des situations chaudes aux propos souvent crus, une écriture entraînante, captivante, au service de personnages si humains.

Malgré les absences de l’éditeur, Daniel Walther répond présent.
À découvrir !


Titre : Îles Mécaniques
Auteur : Daniel Walther
Couverture : Gilles Francescano
Éditeur : Melis
Collection : SF
Directeur de collection : Luciano Melis
Pages : 218
Format (en cm) : 22,5 x 14,4
Dépôt légal : quatrième trimestre 2007
ISBN : 978-2-35210-022-5
Prix : 16 €



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François Schnebelen
5 décembre 2010


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Illustration de Gilles Francescano



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