Génialissime, je ne trouve guère d’autre mot. Il y avait longtemps que je n’avais pas lu de roman policier, et Fletcher mène l’enquête met la barre très haut, balayant les auteurs classiques, d’Agatha Christie (où le coupable est ou le plus évident, ou le plus improbable) aux auteurs contemporains (où la violence et le bizarre prennent souvent le pas sur l’enquête). Là, on est en plein « Faucon Maltais », avec un détective à qui tout le monde vient s’adresser, réclamant une réponse ou un service immédiat. Et notre pauvre Fletcher d’être ballotté, insulté (son surmon est « demi-lune », d’où le titre original), voire passé à tabac.

Oui, c’est une surprise qui intervient vers la 100e page : après une introduction presque « gentillette » où les premières investigations et son nouveau boulot n’ont cela de pas banal que de se passer entre des enfants de 10-12 ans qui parlent en singeant les adultes (merci « Les experts » passés en boucle à la télé), Fletcher, en enquêtant sur le terrain, finit à l’hôpital, roué de coups par un mystérieux agresseur. L’affaire prend donc un autre tour, et « les grands » (parents et policiers) viennent se mêler de cette affaire déjà pas mal compliquée. Cela ne va demander que plus d’efforts et de génie à Fletcher pour trouver un sens à tout cela, et découvrir le vrai coupable.

Malfrats en culottes courtes, pin-up et femmes fatales en rose bonbon apportent une fraîcheur et une ambiance décalée à un policier à l’intrigue machiavélique mais finalement, et c’est une bonne surprise, plutôt classique, au point qu’on se demande comment on n’y a pas pensé avant (surtout en tant qu’adulte). Dans une petite ville à la « Desperate Housewives », qui sait cacher ses côtés sombres, Fletcher va faire la lumière sur un complot féministe, rencontrer les pires malfrats locaux, et même être contraint de travailler avec eux !

La plume d’Eoin Colfer, magnifiquement retranscrite dans notre français par Yves Sarda, nous a livré une nouvelle fois près de 350 pages de pure bonheur, à dévorer, où le sérieux de l’enquête le dispute à l’humour, à la fois enfantin et noir (oui, les enfants sont cruels entre eux), des dialogues comme des situations.

Très agréable à lire, surprenant et en même temps d’une classique évidence, décalé à nous coller un sourire aux lèvres durant quelques heures, ce « Fletcher mène l’enquête » remporte tous mes suffrages. Et surpasse, finalement, ce que j’ai pu lire jusqu’ici de l’auteur, que ce soit « Airman » ou « Artemis Fowl ».

Eoin Colfer s’est vu confier l’insigne honneur d’écrire le sixième tome du « Guide du Voyageur Galactique », reprenant le flambeau du défunt Douglas Adams. Je pense que son « Encore une chose... » sera à même de concurrencer Fletcher question humour. Bientôt sur la Yozone !

Rien de bien grave question relecture.

Fletcher mène l’enquête - corrections

Titre : Fletcher mène l’enquête (Half Moon Investigations, 2006)
Auteur : Eoin Colfer
Traduction de l’anglais (Irlande) : Yves Sarda
Couverture : Erwann Surcouf
Éditeur : Gallimard Jeunesse
Collection : Folio Junior
Site Internet : page roman (site éditeur)
Numéro : 1532
Pages : 340
Format (en cm) : 12,3 x 17,8 x 1,6
Dépôt légal : mars 2010
ISBN : 978-2070577170
Prix : 6,60 €