Certains d’entre vous pourraient se leurrer et attendre d’ « Evil Genius » une relation quelconque avec le jeu vidéo. Même s’il s’agit d’un « méchant » dans les deux cas, l’homologie s’arrête là. Catherine Jinks est une auteure reconnue : littérature adulte, adolescente et enfantine, elle a touché un peu à tout et a écrit un certain nombre de cycles.
Dans ma bibliothèque, « Evil Genius » fait suite à « High School Criminal ». De là à dire que le anti-héros sera la prochaine vague sur laquelle surfera la littérature jeunesse il n’y a qu’un pas que je ne franchirais pas. C’est un art compliqué à gérer, surtout pour de la jeunesse où l’on considère que la moralité doit être un point important. Cela mène généralement à une dualité dans le livre où le héros ne peut pas être vraiment méchant et se retrouve finalement victime, par exemple piégé par sa famille. On n’échappe pas au schéma avec « Evil Genius ».

Le premier tome de cette trilogie raconte l’enfance de Cadel Piggott. L’histoire débute quand Cadel a 7 ans. Enfant surdoué avec un talent incomparable pour la gestion et le détournement des réseaux, notre jeune anti-héros est confié à un psychologue réputé, Thaddeus Roth, suite à son irruption dans un réseau électrique et dans un système de facturation. Mais Thaddeus, loin de lui apprendre les notions de bien et de mal, va lui faire rencontrer son vrai père et lui enseigner des règles du style « toujours nier » ou bien « ne pas se faire repérer ». Arrivé à l’adolescence, Cadel s’ennuie de plus en plus à l’école. Grâce à ses rendez-vous réguliers avec le psychologue, il a déjà réussi à créer des pannes et des retards considérables sur les réseaux ferroviaires, routiers ou des transports publics. Il s’est également attelé à la compréhension des réseaux humains et sème la pagaille dans son ancienne école.
Fortement influencés par Thaddeus, les parents adoptifs de Cadel acceptent son placement dans un institut pour surdoués dirigé par le cher psychologue. Cet institut s’avèrera finalement être une belle prison dorée pour Cadel qui n’aura plus qu’une idée en tête : s’en échapper et faire payer le prix fort à son père biologique qui lui a menti toute sa vie.
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La disparition successive de nombreux professeurs, la surenchère sur l’intelligence de Cadel... C’est trop, pour tout et partout : son père, qui en fait n’est pas son père, ses camarades de classes dotés pour certains de pouvoirs plus ou moins impressionnants, sa meilleure amie clouée sur un fauteuil roulant... En fait la totalité du livre est dans la surenchère alors que finalement il n’y a pas grand-chose : pas d’ambiance, un méchant qui ne l’est pas vraiment, au point que l’on a beaucoup de mal à comprendre ce qu’il fait dans cet institut. Si ce n’est, bien sûr, l’influence de son père. Énorme pour un homme emprisonné en haute sécurité par ailleurs, avec des moyens de communication à la pointe de la technologie qui mènent à des situations comiques.
Au final le livre laisse une impression de platitude. Même les jeunes lecteurs risquent d’avoir du mal à rentrer dans le récit, et encore plus à s’identifier à ce pauvre anti-héros.

Au passage, il faudra aussi apprendre au traducteur (ou au correcteur automatique ;-)NDLR ) que « l’un d’eux » ne s’écrit pas « l’un deux », coquille récurrente dans le texte.

Titre : Evil Genius (Evil Genius, 2005)
Série : Les Aventures de Cadel Piggott, tome 1 (Evil Genius, 3 tomes)
Auteur : Catherine Jinks
Traduction de l’anglais (Australie) : Karine Suhard-Guié
Couverture : Onemader & C. Rondinaud
Éditeur : Le Masque
Site Internet : page roman (site éditeur)
Pages : 501
Format (en cm) : 15 x 21,5
Dépôt légal : février 2010
ISBN : 9782702434222
Prix : 16 €