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Sheol
Dogado
Delcourt - Mirages

La maison abandonnée a la réputation d’être hantée. Cela ressemble un peu à ces histoires que les enfants racontent pour se faire peur, pour jouer à la dégonfle. Pourtant, l’homme à l’entrée de la demeure n’est pas là pour jouer les touristes.
Elle est amnésique, mais elle est convaincue que les brides de souvenirs qui lui reviennent en mémoire sont bien réelles. Elle se revoit avec l’homme qu’elle aime, attendant leur enfant. Mais ce psychiatre, pourquoi la torture-t-il ? Pourquoi ne veut-il pas la croire quand elle lui dit qu’elle vomit du sang ? Elle doit prendre son traitement, mais est-ce vraiment pour son bien ?



Le Sheol est un terme hébraïque désignant « le séjour des morts », un endroit sans confort où tous les morts se retrouvent pour devenir poussière. Et c’est dans ce Sheol que l’on va découvrir cette jeune femme, cherchant à reconstituer sa mémoire, sa vie. Mais ne va-t-elle pas découvrir un côté obscur qu’elle aurait bien aimé ne pas avoir à affronter ? Une part d’elle-même qui la terrifie et explique pourquoi elle se retrouve là, devant un psy qui ne pense qu’à l’agresser, la rabaisser.

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Difficile de résumer Sheol sans gâcher le mystère de cette BD. Un peu comme les films du style « Sixième sens », à trop en dire, on détruit le travail du scénariste à nous tromper, à jouer avec les apparences pour mieux nous prouver qu’en fait, la réponse était devant nos yeux. Dogado a élaboré un scénario très fin, plein de pièges et d’indices, cherchant à nous leurrer pour nous porter avec plaisir l’estocade finale, qui lève le voile sur l’identité et le passé de la jeune femme. Et surtout : ne lisez pas la quatrième de couverture ! Il est rare que je peste sur celle-ci mais cette fois, elle en dit trop, comme ces bandes annonces où tout le film se retrouve, même la scène finale. Non, pour savourer cette excellente BD et se laisser surprendre, il faut y entrer vierge de toute influence.

Surtout que le dessin de Dogado ajoute à ce malaise. La couverture, par contre, est symbolique de l’atmosphère de cette BD, une apparence de calme et de séreinité, mais en réalité, en regardant de plus prêt, tout est réellement glauque. Les teintes blafardes, comme sous un voile de sang, nous laissent une impression constante de gène, de malaise et quand tout devient clair, l’importance de ce graphique et des couleurs devient une évidence. Avec ce semi réaliste déstabilsant, Dogado s’avère être un de ces incroyables génies venus d’Asie.

Sheol” est un ovni, une BD d’une rare intensité, d’une rare beauté, d’une rare force, mais à ne pas mettre entre toutes les mains car aussi d’une rare violence, seulement par touches mais d’une effrayante efficacité.


Shéol
- Scénario : Dogado
- Dessin et couleurs : Dogado
- Couleur : Hédon
- Traduction : Myung-Eun Lee
- Éditeur : Delcourt
- Collection : Mirages
- Dépôt légal : 19 mai 2010
- Format : 198x263 mm
- Pagination : 112 pages couleurs
- Prix public : 14,95 €
- Numéro ISBN : 2-7560-2058-7


© Editions Delcourt - Tous droits réservés



Frédéric Leray
6 septembre 2010




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